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Start-up

Ils ne boivent pas que de l'eau

Trois jeunes tout juste sortis de Grenoble Ecole de Management développent le concept d'une boisson à base d'algues.
Ils ne boivent pas que de l'eau

Ce n'était qu'un exercice de marketing, et c'est devenu leur réalité : Kévin Buisson, 24 ans, Jérémy Rodrigues, 22 ans, et Benoît Harnois, 23 ans, se sont rencontrés sur les bancs de l'école, et ont fondé leur entreprise en juin dernier. Loin du phénomène d'« uberisation », ces jeunes entrepreneurs ont choisi de s'aventurer dans la production. « Beaucoup de start-up préfèrent développer leur activité dans les services, en misant sur le participatif, comme Uber, Blablacar... Et pour cela de bonnes connaissances en informatique et une connexion internet suffisent. La production, c'est plus compliqué, on prend plus de risques. Mais on a le plaisir de tenir entre ses mains le fruit de son propre travail », estime Kevin Buisson, chargé de la communication.

Miser sur la qualité

Avec des consommateurs de plus en plus exigeants, et grâce à la connaissance de certains bienfaits des algues, le concept d'Algo est né : une gamme de trois boissons à base d'algues, certifiée agriculture biologique. « A la base, on voulait faire une boisson destinée aux étudiants, mais comme on mise sur la qualité, et que la qualité a un coût, on a décidé de changer de marché, et de se concentrer sur les adeptes du bio et du vegan. On essaie aussi d'avoir une démarche éco-responsable », déclare Kevin Buisson : emballages 100% biodégradables et boisson 100% naturelle. Pas d'arômes artificiels, pas de conservateur artificiel et une priorité aux produits d'origine française.

Communication

Site internet, mais aussi page Facebook, Twitter, Instagram... La start-up est très présente sur la toile. Les fondateurs d'Algo jouent la carte de la proximité avec le consommateur : présentation des personnes impliquées et du concept à travers des vidéos, votes des internautes pour le choix du logo... « Le marketing, c'est donner une belle image du produit. Beaucoup sont critiques à l'égard des méthodes marketing. Moi, ça ne me dérange pas tant que nous essayons de rentrer dans une démarche responsable, éthique », affirme Kevin Buisson.

Des efforts sont faits notamment au niveau de la communication, vis-à-vis des qualités nutritionnelles des algues, mais attention, tout n'est pas permis. « Il faut connaître les allégations nutritionnelles européennes pour pouvoir en faire la communication. Tout dépend de la quantité des éléments nutritifs présente dans le produit, affirme Hélène Marfaing, ingénieur agroalimentaire au centre d'étude et de valorisation des algues (Ceva) (1). Par exemple, un lien entre la spiruline et l'effet minceur ne fait pas partie des allégations européennes. Il faut être vigilant sur les termes employés », conseille-t-elle.

Elle précise toutefois que « cinq grammes de spiruline dans une boisson de 50 cl – quantité présente dans la boisson Algo Life - semblent assez intéressants » : la spiruline, microalgue, est riche en fer, en protéines et en antioxydants. Les algues wakamé et nori sont quant à elles très riches en minéraux : contrairement aux microalgues davantages cultivées en bassin, ces macroalgues proviennent de la mer, où tous les minéraux sont présents. Les macroalgues sont aussi une source de fibres (2). « En France, on ne mange pas assez de fibres, ce qui explique les campagnes telles que « Mangez cinq fruits et légumes par jour ». Les algues représentent une nouvelle source de fibres. Il faudrait dire, mangez au moins cinq fruits et légumes par jour, et une algue », plaisante-elle.

Financement participatif 

« Les banques ouvrent le parapluie quand il fait beau, et le ferment quand il pleut. C'est difficile de trouver des banques qui acceptent de prêter à des jeunes », s'indigne le jeune Kévin Buisson. Ils ont donc lancé une campagne de financement participatif (3) sur Internet, via le site kisskissbankbank.com, une plateforme qui permet aux internautes de soutenir financièrement les projets qui leur tiennent à cœur. Près de 8 800 euros ont pu être récoltés, 800 euros de plus que l'objectif annoncé, notamment grâce à leur communication sur les réseaux sociaux. « La communication sur Internet devient indispensable pour les entreprises, et multiplie les possibilités », souligne Kevin Buisson.

 

Magali Seyvet

(1) Organisme de recherche privé et institut technique agro-industriel, situé dans les Côtes d'Armor.

(2) D'après les propos d'Hélène Marfaing, ingénieur agroalimentaire au centre d'étude et de valorisation des algues (Ceva).

(3) Aussi connu sous le terme anglophone « crowdfunding ».