Installation : portraits-types des non issus du milieu agricole
Dans une étude récente, quatre trajectoires sont identifiées jusqu’à l’installation des Nima (non issus du milieu agricole) : déclassement, exit professionnel, mobilités sociales, vocations précoces.

Qui sont les Nima ? Une étude d’AgroSup Dijon et de l’Inrae, publiée le 10 juin, identifie les trajectoires de ces exploitants non issus du milieu agricole. A partir d’une enquête menée en Bourgogne-Franche-Comté auprès de 41 personnes, les sociologues en distinguent quatre types : déclassement, exit professionnel, mobilités sociales, vocations précoces. Les Nima avec des trajectoires de déclassement ont vécu une frustration par rapport à leurs aspirations initiales, d’après eux. Accéder au métier d’agriculteur, qu’ils louaient pour sa valeur environnementale ou son utilité sociale, permettait de réduire ce décalage. Ce sont les plus éloignés du secteur par leurs origines sociales. Mais des expériences vécues ont favorisé cette reconversion, notamment le travail comme saisonnier, l’engagement au sein de collectifs militants, d’organisations humanitaires. Les trajectoires d’exit professionnel concernent surtout des personnes issues des classes supérieures qui, après leurs études, ont occupé des emplois d’encadrement, avec des salaires confortables. Pour beaucoup, la reconversion est motivée par un désenchantement et une érosion progressive de leur conviction dans le métier. C’est le cas de ceux ayant de fortes préoccupations environnementales, qui voient dans l’installation agricole l’opportunité d’exercer un métier plus en adéquation.
Une grande diversité de profils
D’autres Nima ont connu des mobilités sociales ascendantes ou horizontales. Ils se distinguent par un fort ancrage local. Leur reconversion est motivée par les contraintes liées aux précédents métiers (pénibilité, hiérarchie, horaires, etc.). Pour eux, l’entrée en agriculture représente une opportunité de gagner en autonomie, tant dans les décisions que l’emploi du temps. Le dernier ensemble regroupe des vocations agricoles précoces. Ces individus sont d’origines sociales et géographiques variées. Diplôme agricole en poche, ils ont d’abord été salariés dans le secteur. Pour eux, l’installation n’est pas une reconversion mais l’aboutissement d’un projet préexistant. Au-delà de cette typologie, l’étude y associe des systèmes de production particuliers. Les individus en exit professionnel se sont principalement dirigés vers le maraîchage, ceux en mobilité ascendante ou horizontale ont plus opté pour l’élevage de volailles. Les Nima précocement socialisées à l’agriculture ont plébiscité l’élevage de ruminants, alors que les profils en déclassement ont privilégié des orientations plus atypiques (plantes à parfums, aromatiques et médicinales, boulangerie, production de laine, petits fruits, pépinière). Ceux ayant eu une trajectoire de déclassement social ou d’exit professionnel se sont principalement tournés vers la bio.