Interbev veut un plan de relance de l’élevage bovin
Face à une décapitalisation persistante, Interbev, l’interprofession bétail et viandes va lancer la réflexion sur un plan de relance de l’élevage bovin français. De leur côté, les abatteurs de Culture Viande alertent sur leurs difficultés économiques, causées par la pénurie d’animaux.
Dans un contexte de recul du cheptel bovin, l’interprofession bétail et viandes « va mettre en place un groupe de travail pour un plan de relance de l’élevage », a indiqué Emmanuel Bernard, président de la section bovine d’Interbev, le 7 octobre. L’éleveur nivernais remarque que le rythme de la décapitalisation est inférieur aux prévisions basées sur la démographie des éleveurs. « Si on fait abstraction de la situation sanitaire, les éleveurs ont plutôt tendance à garder leurs vaches. Ce qui montre leur confiance dans l’avenir », en conclut-il. Autres signes positifs à ses yeux : le renforcement de l’engraissement en France, le niveau élevé des prix à la production et la stabilité de la contractualisation. « Si la filière donne les bons signaux, les éleveurs sont capables de produire un peu plus », estime le responsable d’Interbev, qui appelle à « faire naître des veaux ». Placés en position de force par la pénurie d’animaux, « les éleveurs attendent qu’on leur en donne plus », ce qui pourrait passer par exemple par une contractualisation pluriannuelle. S’adressant aux pouvoirs publics, Emmanuel Bernard demande aussi « un soutien politique » au futur plan de relance.
Développer l’engraissement
Le sujet de la décapitalisation bovine a été aussi au cœur des discussions au congrès de Culture Viande (abattage-découpe), le 14 octobre à Paris. « On n’a pas besoin d’aides, on a besoin de vaches ! » a lancé son président Yves Fantou. « Partout des initiatives naissent, des démarches de coopération avec les éleveurs sous différentes formes », a-t-il relevé, en référence notamment au développement de l’engraissement des jeunes bovins en France. Pour l’industriel breton, le mot d’ordre des abatteurs doit être de « sécuriser la production et préserver les savoir-faire pour garantir la souveraineté ». « L’export d’animaux vivants représente un gros tiers de la production française, on a encore des leviers pour flécher des bovins vers la consommation hexagonale, a estimé de son côté Emmanuel Bernard. « Chaque année, entre 150 000 et 200 000 femelles allaitantes sont exportées pour être engraissées en Italie », a-t-il illustré, remarquant que la conformation de ces animaux pourrait correspondre aux besoins de la restauration – notamment chaînée –, segment en croissance et demandeur de petites carcasses.
« Le maillage territorial n’est plus la priorité »
Culture viande a alerté sur la « stabilité économique des outils », qui ferment au rythme d’une usine par mois depuis début 2024. Plus largement, « depuis octobre 2024, 132 entreprises d’abattage, de découpe et de transformation ont fermé leurs portes », selon le syndicat, citant la Banque de France. Aux prises avec la décapitalisation persistante, la filière bovine se trouve « en situation de survie », a déclaré le président Yves Fantou. « Sans volume, sans trésorerie, l’équilibre ne tient plus », a-t-il résumé, estimant que le « maillage territorial en abattoirs n’était plus la priorité aujourd’hui ». Dans un contexte de pénurie d’animaux, les prix des bovins battent des records. « Même s’ils sont contractualisés, les animaux sont payés au prix du marché », a affirmé Yves Fantou. De l’autre côté de la chaîne, les industriels se disent « incapables de répercuter l’intégralité des hausses » à la grande distribution. Une difficulté qui porte notamment sur les MDD, qui représentent plus de la moitié des produits élaborés, mais ne sont pas soumis au cadre des lois Égalim. De son côté, la filière porcine est « complètement déstabilisée par les droits provisoires antidumping chinois ». Enfin, concernant la viande ovine, « la consommation d’agneau a chuté de 14 % et les abattages de 10 % depuis le début de l’année », s’est-il inquiété
Y.G