Jeunes agriculteurs : la stratégie de Bruxelles pour l’attractivité
Bruxelles a dévoilé sa stratégie pour améliorer l’attractivité de l’agriculture pour les jeunes. Un plan sans financement supplémentaire, qui mobilise divers outils européens, dont la Pac, et qui compte sur un engagement des États membres.
La Commission européenne a publié, le 21 octobre, sa stratégie sur le renouvellement générationnel en agriculture. Un texte qui se veut être une feuille de route pour les années à venir, avec comme objectif principal de doubler la part des jeunes ou nouveaux agriculteurs d’ici 2040 (de 12 à 24 %), et répondre à la crise démographique dans les zones rurales. « Nous voulons soutenir les jeunes, c’est une priorité politique pour la sécurité alimentaire et le développement rural », a déclaré le commissaire européen à l’agriculture, Christophe Hansen. Pour ce faire, Bruxelles prévoit un ensemble de mesures incitatives et des recommandations à destination des États membres.
La Pac en locomotive
Du côté de la Commission européenne, la Pac post-2027 devrait être le principal levier d’action pour la mise en œuvre de cette stratégie. Parmi les dispositions de la proposition de Bruxelles, l’exécutif européen insiste plus particulièrement sur sa recommandation de doublement de la part des paiements directs dédiés aux jeunes agriculteurs, qui pourrait passer de 3 % dans le mécanisme actuel à 6 %. Le commissaire Hansen a également souligné la mise en place du kit de démarrage dédié à l’installation des jeunes agriculteurs. Celui-ci devrait inclure un soutien à l’installation avec des sommes forfaitaires pouvant atteindre 300 000 € (triplement du montant), une aide à l’investissement (avec un taux de soutien accru jusqu’à 85 %), l’accès aux instruments financiers, l’accès à la formation et au conseil, avec un cofinancement de la Pac. Enfin, chaque État membre devra adopter une stratégie nationale sur le renouvellement générationnel dans laquelle ils fixeront « des objectifs concrets en matière de renouvellement ». Ils devront aussi soumettre des rapports réguliers sur les progrès à la Commission européenne.
Les autres politiques en soutien
Bruxelles mise également sur la collaboration avec la Banque européenne d’investissement pour « explorer les possibilités de systèmes de garantie et de bonifications d’intérêts ». Au niveau de l’accès au foncier, la Commission européenne prévoit la création d’un observatoire européen des sols, qui doit permettre de suivre l’évolution des terres disponibles et prévenir la spéculation foncière. Elle souhaite également une simplification des règles et des soutiens ciblés afin de faciliter la transmission précoce. En matière d’apprentissage, l’exécutif européen prévoit l’accès des agriculteurs au programme Erasmus pour jeunes entrepreneurs, un moyen. La stratégie inclut également des dispositions sur l’amélioration des conditions de vie en zone rurale (financement d’un service de remplacement dans les exploitations). Enfin, concernant la retraite agricole, Bruxelles confirme sa volonté de voir les agriculteurs prenant leur retraite ne plus percevoir de paiements directs d’ici 2032.
La publication de cette stratégie était attendue par le Conseil européen des jeunes agriculteurs (Ceja). Si ce dernier accueille favorablement le signal politique envoyé, il regrette le manque de budget dédié. « Le renouvellement générationnel nécessite des ressources en plus d’un soutien politique fort », affirme Peter Meedendorp, le président du Ceja. Un constat largement partagé par les organisations et coopératives agricoles de l’UE qui estiment « qu’aucun jeune ne choisira ou ne restera dans le secteur agricole s’il ne peut espérer un revenu équitable, comparable à celui d’autres secteurs de l’économie ».