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Chartreuse

L'AAC mise sur l'installation pour booster l'agriculture de Chartreuse

Lors de son assemblée générale, le 4 octobre, l'Association des agriculteurs de Chartreuse a fait de l'installation l'axe prioritaire de son action.
L'AAC mise sur l'installation pour booster l'agriculture de Chartreuse

« L'AAC se cherche. Certains se demandent à quoi elle sert. » Président de l'Association des agriculteurs de Chartreuse (AAC) depuis un an, Sylvain Francillon ne se berce pas de mots. Il sait qu'il n'est pas facile de faire vivre une structure collective, surtout dans le contexte agricole actuel. Mais le jeune éleveur est convaincu que l'action commune et l'agriculture de groupe sont les clés d'un territoire de moyenne montagne comme la Chartreuse. Encore faut-il se renouveler en permanence pour éviter que la dynamique ne s'essouffle. Le président du parc naturel régional l'a assuré de son soutien plein et entier lors de l'assemblée générale de l'AAC, le 4 octobre dernier. « La Chartreuse dépend de vous, car tout son écosystème est lié à l'activité agricole », a rappelé Dominique Escaron, embrayant sur l'impérieuse nécessité de « s'attaquer aux vraies questions, comme la reconquête des surfaces au profit de l'agriculture ».

C'est ce à quoi s'attache l'AAC depuis 25 ans. Là comme sur d'autres dossiers, le bilan de son action est loin d'être négligeable. Des « Plateaux des fermes de Chartreuse », qui affichent un chiffre d'affaires de 25 000 euros cette année, au tout récent projet de cantine autogérée engagé à Saint-Pierre d'Entremont, en passant par la Journée de l'herbe d'avril 2015 ou la prochaine ouverture d'un magasin de producteurs à Coublevie, la Chartreuse fourmille d'initiatives collectives, soutenues par l'AAC. Toutes traduisent le dynamisme des agriculteurs du territoire, quelles que soient leur filière ou leur production.

Demande locale

Cet allant, cette « niaque » diront certains, se retrouve au niveau de l'installation, considérée comme « axe prioritaire » par l'association. « L'avenir et la vitalité de l'agriculture en dépend », souligne Sylvain Francillon. Les chiffres parlent d'eux-mêmes : une quinzaine de porteurs de projet ont récemment frappé à la porte du parc, dont une dizaine a déjà bénéficié d'un accompagnement individuel. « Renouveler les exploitations, en installer de nouvelles, c'est contribuer au dynamisme de l'économie locale, insiste Brigitte Bienassis, maire de Saint-Pierre-d'Entremont et vice-présidente du parc en charge de l'agriculture et de la forêt. Ce qui est intéressant, c'est la diversité des projets qui nous sont soumis. On a vu s'installer un producteur d'escargot, des maraîchers : cela correspond à une vraie demande de la population locale. »

Les jeunes installés qui ont accepté de témoigner devant les membres de l'AAC le 4 octobre confirment le propos. Certes, leur parcours n'a pas toujours été simple : casse-tête foncier pour l'une, problèmes techniques pour l'autre, conflit avec ses voisins pour le  troisième, difficulté à trouver des emplacements pour le dernier. Mais tous - deux maraîchères, un éleveur caprin et un apiculteur - sont fiers d'avoir pu faire aboutir leur projet, même s'ils relèvent certaines pistes d'amélioration, notamment en termes de gestion du temps de travail.

Stéfany Rey, maraîchère au Sappey, a par exemple fait le choix de la double activité : « L'hiver, il n'y aura pas de légumes : je travaille en station. La production redémarre au printemps, avec 250 m2 de serres, et s'arrête en novembre. » Au grand dam de la clientèle... Car, pour ce qui est de la commercialisation, les quatre jeunes installés ont été surpris de constater qu'ils pouvaient écouler toute leur production localement. Ce qui n'empêche pas les mauvais coucheurs. « J'ai été très bien accueilli par la commune qui voulait installer un agriculteur sur son territoire. Le problème est venu de mes voisins qui ont attaqué le projet, raconte Yvan Pariès, éleveur et producteur de fromage de chèvre à Saint-Bernard-du-Touvet. Ça a duré deux ans. Tout y est passé : la question des distances, la pollution des cours d'eau, les nuisances sonores... J'ai persévéré parce que je suis une tête de mule. Aujourd'hui, je suis content d'avoir serré les dents, parce que ça me plaît et que ça marche. » En retour du soutien actif des autres habitants et de la commune, le jeune éleveur a décidé de s'investir dans la vie du village. En charge du dossier Agriculture, le jeune élu « envisage l'installation de quelqu'un en brebis lait dans la commune : il y a de la place et de la demande ! »

Marianne Boilève