L'Observatoire des prix et des marges annonce un recul généralisé des prix

L'année 2014 a globalement vu l'aval de l'agriculture reconstituer ses marges, estime le président de l’observatoire de la formation des prix et des marges des produits alimentaires. Pour Philippe Chalmin, qui en présentait le rapport 2015 de l'observatoire, trois chiffres résument la situation : l'agriculture a subi globalement un recul de 5% de ses prix par rapport à 2013, l'industrie agroalimentaire a vu les siens reculer de 2% et la grande distribution a subi une baisse de ses prix de vente de seulement 0,7%, « première baisse annuelle observée depuis plusieurs années », annonce le président de l'Observatoire.
Situations variables
Tous les produits sont dans une situation très variable cependant. Le cas exemplaire est celui des produits carnés dont la baisse des prix à la production a été entre 6% et 8% tandis que les prix au détail ont légèrement augmenté (moins de 1%). Les données précises pour la grande distribution ne sont connues que pour 2013 et montrent que les rayons boucherie, boulangerie et marée dégagent des marges nettes négatives. Les rayons charcuterie, volailles, produits laitiers sont au contraire positifs.
Pour les Chambres d'agricultures (APCA), les résultats livrés par la 3ème édition de l'Observatoire des prix et des marges confirment « que les coûts de production des agriculteurs, lorsqu'on y inclut la rémunération de la main d'œuvre familiale, ne sont pas couverts par les prix, ni même par les prix et les aides dans certaines filières », et « que la baisse des prix agricoles n'est pas proportionnellement répercutée dans les prix que payent les consommateurs ».
Les syndicats ont également réagi. La FNSEA estime que ces résultats marquent « une rupture, avec pour la première fois un recul des prix à la production (-5%), à la transformation (-2%) et à la consommation (-0,7% )». Le syndicat majoritaire s'interroge : « Comment investir, innover, embaucher dans ce contexte déflationniste (...) et qu'attend le gouvernement pour sanctionner avec intransigeance toute pratique abusive de la distribution ? » Pour la Coordination rurale, l'analyse de l'Observatoire montre que « des marges existent bel et bien pour que les agriculteurs ne soient plus les parents pauvres de la chaine agro-alimentaire ». Considérant que les produits agricoles ne pèsent que 19% des budgets de l'alimentation, la CR estime qu'il est possible de les augmenter, et que cette hausse « serait quasiment imperceptible pour les consommateurs ».
Marges en baisse pour la distribution
Pour la Fédération du commerce et de la distribution (FCD), le rapport de l'Observatoire des prix et des marges « démontre pour la troisième année consécutive la faiblesse des marges nettes des rayons de la distribution». Les enseignes notent que la moyenne des marges nettes des rayons étudiés est de 1,1%, en baisse continue depuis 3 ans. Cette baisse est, selon elles, due « à l'augmentation des prix des matières premières entre 2011 et 2013 ». Elles constatent néanmoins que cette augmentation « n'a pas été totalement répercutée dans le prix de vente au consommateur », et regrettent que le rapport « n'ait pas pu apporter d'éléments supplémentaires concernant les marges nettes des grandes industries agro-alimentaires ».
Les coopératives confortées dans leur stratégie
Les résultats de l'Observatoire de la formation des prix et des marges confortent les coopératives dans leur stratégie agroalimentaire, estime Coop de France. Des écarts de baisse des prix sont constatés d'un maillon à l'autre, illustrant un « déséquilibre structurel entre les parties prenantes », selon un communiqué diffusé le 21 avril. « Il est temps de sortir de la seule approche par les prix et de proposer une offre alimentaire mieux segmentée et différenciée, réellement créatrice de valeur. Coop de France Agroalimentaire mène une réflexion approfondie avec plusieurs enseignes afin de définir des actions précises visant à renouveler la relation commerciale. »