L’UE et l’Ukraine trouvent un nouvel accord
L’Union européenne a annoncé le 30 juin avoir conclu un accord de principe avec l’Ukraine sur l’importation de produits agricoles. Le rééquilibrage attendu par les agriculteurs européens depuis trois ans se concrétisera-t-il ? Rien n’est moins sûr.

De l’avis du commissaire européen au Commerce Maros Sefcovic, c’est un accord « équilibré, juste et réaliste » qui a été conclu le 30 juin entre l’Union européenne et l’Ukraine. Pour son homologue à l’Agriculture, cet accord est utile pour « rester aux côtés de l’Ukraine, poursuivre l’alignement de nos normes de production en vue de leur adhésion à l’UE et disposer d’un mécanisme de sauvegarde efficace pour protéger nos secteurs sensibles », a-t-il indiqué par communiqué de presse. Depuis le printemps 2022, afin de soutenir l’effort de guerre ukrainien après l’agression russe, la Commission européenne avait exempté de droits de douane certains produits agricoles ukrainiens. Ces exemptions portaient notamment sur le blé, le maïs, les volailles, les œufs et le sucre. En conséquence, l’Ukraine qui peinait à trouver des débouchés via la mer Noire bloquée par les troupes russes, a massivement exporté ses denrées agricoles au sein de l’Union européenne. Ce qui a provoqué de très graves tensions diplomatiques entre Kiev et Bruxelles en 2024 quand la Pologne a décidé dans un premier temps de contrôler plus strictement les importations ukrainiennes puis de fermer temporairement ses frontières avec l’Ukraine (février 2024). En Europe, les importations de blé ukrainien dans l’Union européenne ont été multipliées par vingt, entre 2021 et 2023, passant de 215 000 tonnes de blé en 2021 à 5 millions de tonnes en 2023.
Davantage d’ouverture
À vrai dire, les contours de l’accord du 30 juin restent encore assez flous et pourraient ne pas rassurer les agriculteurs européens. En effet, « l'Union européenne ouvrira davantage son marché aux produits ukrainiens qu'avant la guerre, tout en tenant compte des sensibilités de certains secteurs agroalimentaires », explique la Commission. Comment traduire cette annonce ? Par le fait que l’Ukraine va exporter moins de denrées agricoles « sensibles » comme le blé, le sucre, le miel, le maïs et les œufs ? Mais va-t-on revenir pour autant aux contingents d’avant février 2022 pour l’orge et le blé notamment, étant entendu que les quotas pour les œufs, le poulet, le miel, l’avoine… ont été définis dans des régulations ultérieures (2023–2024) via des mécanismes automatiques de « frein d’urgence » activés à partir de 2024 ? Dans une déclaration à nos confrères de Reuters, le ministre ukrainien de l’Agriculture, Vitaly Koval, s’est réjoui de cet accord qui devrait permettre à l’Ukraine de voir ses quotas d’exportation d’avant février 2022 augmenter, même si les contingents actuels devraient baisser. Sa crainte reste cependant que la fin des mesures commerciales exceptionnelles pourrait faire perdre 3,3 milliards d’euros de recettes (2,5 % du PIB) à l’Ukraine. Bruxelles et Kiev vont maintenant « s'efforcer d'affiner les éléments techniques de l'accord. Les États membres et le Parlement européen seront informés des détails de l'accord dans les prochains jours », a indiqué la Commission dans un communiqué.
Réaction du Copa-Cogeca
« Nous prenons acte de l’annonce faite aujourd’hui concernant la mise à jour de l’accord commercial entre l’Union européenne et l’Ukraine. Nos secteurs ont besoin de certitude, de prévisibilité et d’un véritable terrain de jeu équitable pour rester viables » ont très diplomatiquement réagi l’organisation des agriculteurs et coopérateurs européens (Copa-Cogeca) et plusieurs organisations spécialisées dans un communiqué. « Nous ne pouvons qu’espérer que le résultat final de l’accord annoncé aujourd’hui prendra pleinement en compte et respectera les sensibilités des agriculteurs et des industriels de l’UE. À cet égard, nous exhortons la Commission européenne à rendre publics tous les détails de cet accord dans les plus brefs délais », a ajouté le Copa-Cogeca.
C.S