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Horticulture

La carte des plantes complémentaires

La traditionnelle journée de l'association Bièvre végétal s'est déroulée le 25 septembre dernier à Penol. Soudés, les horticulteurs et pépiniéristes n'en ressentent pas moins la crise.
 La carte des plantes complémentaires

Il y a bien longtemps que les horticulteurs de la Bièvre ont compris l'intérêt de travailler en complémentarité pour valoriser leurs productions. L'association des producteurs de l'horticulture et des pépinières de la Bièvre, ou Bièvre végétal, est née de cette entente. Elle regroupe aujourd'hui huit entreprises qui représentent 150 hectares de pépinières. Après 16 ans de coopération, le président de l'association, Dominique Bonnardon, met en avant des relations professionnelles et humaines, mais aussi le « rapprochement concrétisé par des échanges commerciaux et une diversification concertée de nos productions ». Pour preuve, le nouvel adhérent est producteur de branches de saules.

Dominique Bonnardon, président de l'association  d'horticulteurs et pépiniéristes Bièvre végétal.
Dans ce bassin de Bièvre Valloire où la terre est généreuse et l'activité horticole ancestrale, les exploitants organisent tous les deux ans des journées de démonstration où ils convient élus, responsables des services espaces verts des collectivités, cadres et dirigeants d'entreprises de paysage de la région. Participent également des partenaires fournisseurs de matériels pour les espaces verts ou de produits dédiés (terreau, paillage, entretien). « Un technicien du Pôle d'expérimentation et de progrès de Rhône-Alpes, situé à Brindas dans le Rhône, est également présent », précise Dominique Bonnardon. La journée se veut effectivement technique, avec l'intervention d'Olivier Gros, conseiller attaché à la station Rhône-Alpes technique horticole (Ratho*) venu présenter « les choix et différentes utilisations des paillages végétaux ».

Baisse du chiffre d'affaires

Au-delà de la promotion de leurs savoir-faire, les horticulteurs sont soucieux de faire partager leurs projets et leurs interrogations. Certains points avancent, comme la charte régionale pour la promotion des produits horticoles de Rhône-Alpes à destination des collectivités locales. Elle a été initiée en Isère et prend désormais une dimension nationale. Mais les horticulteurs et pépiniéristes souffrent d'une conjoncture peu favorable « comme tous les professionnels qui font appel à de la main-d'œuvre », reconnaît Dominique Bonnardon. « Le chiffre d'affaires des entreprises chute de 10% chaque année. On observe une baisse de la distribution en jardinerie, et si l'activité de vente aux collectivités et aux entreprises de paysage se maintient, en revanche, les budgets son tendus. Les communes ont moins de projet. La partie espaces verts arrive en dernier sur les chantiers, alors les quantités baissent et on plante moins d'arbres ». Même constat chez les particuliers : les plantes ne sont pas des produits de première nécessité et le panier moyen en plante fleurie a baissé de 20% par point de vente, bien que la fréquentation se soit maintenue. Le consommateur y regarde à deux fois.

Un échantillon des roseraies Félix.

« Partir de la plante »

Pour le président de Bièvre végétal, la région Rhône-Alpes reste pourtant privilégiée pour l'activité horticole, mais subit les assauts de la concurrence étrangère, d'autant que l'embargo russe a généré, notamment de la part de l'Allemagne, un phénomène de redéploiement sur les pays européens et plus particulièrement dans l'Hexagone. Dominique Bonnardon s'étonne aussi que la France soit le seul pays de l'Union européenne à imposer une fiscalité sur les stocks ; une aberration lorsqu'on sait que 20% des plants sont détruits car impropres à leur mise sur le marché. Les horticulteurs réclament surtout les mêmes règles pour tous : désherbage mécanique dans toute l'Europe ! Idem pour la main-d'œuvre qui entre pour 70% dans le coût de la plante. Alors pour rester concurrentiels, les horticulteurs et pépiniéristes se sont rapprochés de l'Union des entreprises du paysage (Unep), « pour élaborer des projets à partir de la plante, à partir de ce dont disposent les pépinières ». Les professionnels comptent aussi sur le plan d'aide aux filières régionales pour dégager une enveloppe pour la profession horticole, en vue de se moderniser. « Nous avons besoin de matériel de désherbage et de binage de façon à alléger la pénibilité du travail. C'est un métier manuel et nous avons aussi des difficultés pour trouver et garder le personnel. »« L'horticulture en Isère représente 7% du chiffre d'affaires horticole », insiste Dominique Bonnardon. « 13% des salariés agricoles travaillent dans l'horticulture ». Ces entreprises alimentent donc des emplois ruraux mais accueillent également nombre de stagiaires en relation avec les centres de formation, au premier rang desquels les lycées horticoles de Saint-Ismier et de la Tour-du-Pin.

Isabelle Doucet

*En 2010, l'association Ratho comptait 818 adhérents souscripteurs soit 352 horticulteurs, 193 paysagistes, 85 pépiniéristes, 108 collectivités, 37 établissements d'enseignement horticole et 43 autres (jardineries, firmes...)

 

Citrouille à la façon Damien Vivier Pépinières.


Bièvre-Végétal
- Patrice Baule (La Côte-Saint-André) : sapins de Noël.
- Pépinières du Chuzeau (La Côte-Saint-André) : arbres d'ornement et d'alignement, arbustes.
- Eco-saule'ution (Revel-Tourdan) : branches et boutures vivantes de saules.
- Pépinières Fabre (La Côte-Saint-André) : haies, arbustes, arbres, fruitiers.
- Pépinières Normand (La Côte-Saint-André) : arbres et arbustes d'ornement, fruitiers, peupliers, rosiers.
- Roseraie Félix (Le Grand-Lemps) : rosiers.
- Emmanuel Valentin (La Côte-Saint-André) : plantes à massifs, plantes fleuries, vivaces, aromatiques.
- Damien Vivier (Penol) : jeunes plants d'arbustes, couvre-sol, haies.

 

Sébastien Charmetant, dirigeant d'Eco-saule'ution.

 

Innovation

Eco-Saule'ution : la branche fait sa niche

Palissades vivantes ou génie végétal, Eco-saule'ution a développé son activité autour de la fourniture de branches et de boutures de saules. Installé en 2009 à Revel-Tourdan avec son père, Sébastien Charmetant a voulu diversifier l'exploitation maraîchère familiale. Technicien de rivière de formation, l'horticulteur, qui vient de rejoindre l'association Bièvre végétal, voulait rester dans le milieu. Les saulaies, d'une superficie totale de 5 ha, sont composées d'espèces de souche sauvage plantées en 2006. Ces producteurs de branches de saules et de boutures interviennent pour des travaux d'aménagement et d'entretien des rivières, notamment pour lutter contre l'érosion des berges. Les boutures sont simplement plantées dans le sol où elles développent rapidement un système racinaire, tandis qu'en surface, « elles donnent des rameaux souples qui se redressent après le passage de l'eau, constituent un habitat pour la faune et sont des pompes à nitrate, phosphate et azote », explique l'horticulteur. Quant aux branches, palissées et installées dans le sol, elles verdissent dès la saison suivante, pour constituer un brise-vue végétal. Le principe rencontre un réel succès et les branches de saules se vendent dans tout le quart sud-est de la France. Parce qu'ils travaillent avec des essences endogènes, les horticulteurs préfèrent réserver leurs prestations au même bassin versant. La récolte et les chantiers s'effectuent d'octobre à avril, Eco-saule'ution produisant environ 100 000 unités (boutures, branches, ramilles et pieux) par an. De sorte que l'entreprise mène une deuxième acitvité, de mai à septembre, pendant le repos de sève. «Nous sommes installateurs de système d'assainissement des eaux usées de maisons individuelles par phyto-épuration. Nous appartenons au réseau agréé Aquatiris », poursuit l'entrepreneur qui réalise une dizaine de chantiers par saison. Cette année l'entreprise a réalisé un chiffre d'affaires de 150 000 euros et atteindra 180 000 euros sur le prochain exercice. Elle connaît une croissance à deux chiffres depuis sa création, avec une montée en puissance de l'assainissement. Sébastien Charmetant n'a pas envie de s'arrêter là. Après avoir recruté deux salariés et un apprenti, il désire ajouter une activité de guide de pêche à son entreprise. Il prépare actuellement son diplôme de moniteur de pêche à la mouche pour reprendre, à partir de 2016, l'activité développée par Patrick Chabert, à Thodure. 
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