« La filière laitière est à la croisée des chemins »
Le centre régional interprofessionnel de l’économie laitière Alpes Massif central (Criel AMC) a tenu son assemblée générale le 12 juin dans la Loire, revenant sur une année 2024 riche en défis et en engagements pour la filière laitière régionale.

Lors de son assemblée générale, le président du Criel Alpes Massif central (AMC), Florent Kaplon, l’a clamé haut et fort : « La filière laitière est à la croisée des chemins avec, je le crois, une dynamique et une ambiance laitière qui peut revenir. À nous de savoir l’accompagner au mieux autour de projets concrets pour maintenir en Alpes Massif central une terre de lait ! » Et pour relever ce défi majeur, le renouvellement des générations est, pour l’ensemble des acteurs de la filière régionale, le combat à mener. Pour y parvenir, le Criel AMC en a fait, depuis 2021, « la colonne vertébrale » de l’interprofession. L’une des actions phares est la Charte d’avenir, qui offre aux nouveaux installés en élevage bovin lait un chéquier d’actions aidées d’un montant total de 2 500 €. Il permet d’aider les nouveaux éleveurs à prendre des congés, à être accompagnés dans la gestion de leurs ressources humaines ou encore à obtenir des conseils pour la qualité de leur lait. Lancée en 2022, la Charte a, aux dires du président, franchi un nouveau palier en 2024, avec l’inscription de 62 personnes sur environ 200 installations annuelles. Ce dispositif est soutenu par de nombreux partenaires dont la chambre régionale d’agriculture et Jeunes agriculteurs (JA). La Région joue également un rôle clé à travers notamment le plan de filière bovin lait. « Le Criel a la mission d’embarquer tous nos partenaires dans cette volonté de maintenir sur nos territoires une dynamique laitière forte et d’emmener également le plus grand nombre d’éleveurs qui rejoignent notre filière. D’autres Criel prennent exemple sur nous. Ce projet semble avoir du sens au-delà de notre région ! », a confié le président. Un engagement d’autant plus primordial que la filière tout entière fait face, selon Florent Kaplon, à une désaffection préoccupante. « Sur ce sujet de l’attractivité, nous avons eu l’occasion de rencontrer les deux écoles nationales des industries laitières (Enil) de notre territoire et de partager un constat édifiant : les formations dans les métiers de la transformation laitière sont vides d’étudiants. L’occasion de rappeler l’enjeu du renouvellement des générations, bien entendu sur l’amont, mais aussi sur l’aval de notre filière. Je vous annonce d’ores et déjà qu’en 2025 des projets nouveaux seront développés dans ce sens. »
Une filière en mutation
Une volonté nécessaire face à une conjoncture laitière régionale qui reste tendue. En 2024, la collecte laitière a, en effet, reculé de 0,7 % dans la région, a annoncé Florent Kaplon, poursuivant une tendance baissière observée depuis dix ans. Si la hausse des prix du lait, permise par le contexte inflationniste et les outils législatifs comme Égalim, a offert un répit aux producteurs, le président du Criel reconnait que la rentabilité des outils de transformation est aujourd’hui fragilisée par la difficulté à répercuter ces hausses auprès de la distribution. La pérennité de certaines entreprises pourrait en être menacée, même si la diversité de la gamme laitière régionale continue de séduire les consommateurs. Le métier d’éleveur, quant à lui, doit composer avec des aléas climatiques et sanitaires de plus en plus marqués. Malgré tout, le printemps 2025 s’annonce sous de meilleurs auspices, avec une valorisation du lait en hausse et de bonnes conditions pour la pâture et la récolte des fourrages. Face à ces enjeux, le Criel AMC réaffirme sa volonté de fédérer l’ensemble des acteurs autour de projets communs : installation des jeunes, lutte contre la pénurie de main-d’œuvre, valorisation du lait et de la diversité des produits. La filière laitière régionale se trouve à un tournant décisif.