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Syndicalisme

La FNSEA va mobiliser à l’automne

Le président de la FNSEA, Arnaud Rousseau et son secrétaire général, Hervé Lapie, ont tenu le 2 septembre à Paris, leur traditionnelle conférence de presse de rentrée. Ils ont annoncé une mobilisation pendant la morte-saison. Objectif : faire pression sur les institutions françaises pour clarifier et faire avancer des dossiers en attente. 

La FNSEA va mobiliser à l’automne
Lors de la conférence de rentrée, Hervé Lapie, secrétaire général de la FNSEA et Arnaud Rousseau, président de la FNSEA, ont annoncé une mobilisation à l'automne.

Arnaud Rousseau président de la FNSEA, a attaqué la conférence de rentrée du syndicat, qui s’est tenue le 2 septembre, sans détour : « Nous sommes déterminés, mobilisés et combatifs » avant d’annoncer que la FNSEA, sans doute accompagnée de Jeunes agriculteurs, se mobilisera au cours de l’automne pour faire entendre un certain nombre de revendications. En premier lieu, les dirigeants syndicaux entendent qu’on leur donne les moyens (y compris juridiques) de produire. Cela concerne notamment les sujets de l’eau et des produits phytosanitaires. À ce titre, la FNSEA semble satisfaite d’avoir « porté la loi Duplomb/Menonville jusqu’au bout », dont 80 % ont été validés par le Conseil constitutionnel. « Maintenant, il faut que les décrets d’application sortent rapidement, dans l’esprit de la loi », a souligné Arnaud Rousseau. Quelle que soit l’issue du vote du 8 septembre qui pourrait faire chuter le gouvernement de François Bayrou, le syndicat entend bien faire déposer un texte législatif (projet ou proposition de loi) pour permettre la réintroduction de l’acétamipride. « Le Conseil constitutionnel n’a pas censuré la molécule. Il a demandé que son utilisation soit mieux encadrée (…) dans le temps, dans l’espèce et sur certaines cultures. C’est ce que ce texte proposera dans un article unique », a précisé Arnaud Rousseau. Il veut d’ailleurs profiter du débat qui se tiendra obligatoirement à l’Assemblée nationale après la pétition en ligne qui a recueilli deux millions de signatures pendant l’été. « Allons au bout de la logique du débat et votons le texte », a-t-il ajouté expliquant que le sujet de l’acétamipride s’est révélé « symbolique » pour les agriculteurs français : « Ils l’ont ressenti comme une remise en cause de leurs moyens de production », a-t-il dit. En tout cas, le fait que ce produit reste interdit en France quand il est utilisé partout ailleurs en Europe ne passe pas au sein de la FNSEA qui demande de la cohérence dans le discours politique.

Sentiment de trahison

C’est ce sentiment d’incompréhension et d’être « la variable d’ajustement des accords internationaux » qui fera aussi descendre les agriculteurs dans la rue. Deux sujets de préoccupation majeure agitent les esprits agricoles. Tout d’abord le Mercosur dont les contours restent encore flous et qui devraient être détaillés dans les prochains jours par la Commission européenne. La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen avait signé, le 6 décembre 2024, quasiment en catimini, l’accord de libre-échange entre l’Union européenne et les pays du Mercosur*. Le sentiment de trahison reste vif dans les exploitations françaises. La FNSEA compte davantage sur la mobilisation du Parlement européen pour suspendre l’accord que sur une éventuelle minorité de blocage des pays européens et ce malgré les efforts fournis par la ministre de l’Agriculture, Annie Genevard, pour convaincre quelques-uns de ses partenaires. « Nous ne savons pas encore si l’accord de la Commission contient des mesures-miroirs, des clauses-miroirs ou des clauses de sauvegarde (…) Mais a priori, cela reste très en deçà de ce que la France portait en termes d’ambitions », a prévenu Arnaud Rousseau. Dans ce périmètre international, le syndicat agricole souhaiterait aussi que Bruxelles clarifie une fois pour toute sa position vis-à-vis des importations ukrainiennes. Même si celles-ci ont été contingentées en juillet dernier (lire encadré), Arnaud Rousseau souhaite un renforcement des contrôles aux frontières, notamment après l’épisode des œufs ukrainiens importés par des grandes enseignes françaises. Ces œufs ne respectaient pas les normes de production européennes et pouvaient contenir des antibiotiques interdits. « On ne peut pas s’asseoir sur nos standards », a-t-il martelé. 

Donner le cap

À travers la mobilisation de l’automne 2025, la FNSEA entend porter un projet : celui d’une agriculture durable et dynamique qui entreprend, vit sur les territoires et qui produit pour nourrir. « Notre métier est une fierté », a martelé Arnaud Rousseau qui veut « des règles uniques pour un marché unique ». Cette manifestation tombera aussi à l’heure où les discussions sur la prochaine politique agricole commune (Pac) vont s’intensifier. Le 16 juillet, la Commission européenne a présenté ses propositions à travers le cadre financier pluriannuel (CFP). « Ces propositions ne nous conviennent pas car elles remettent en cause l’agriculture en tant que colonne vertébrale de la construction européenne. De plus, le CFP ne garantit pas que nous aurons une Pac à la hauteur des enjeux, organisée en deux piliers », a-t-il indiqué en substance. La FNSEA demande aussi à Emmanuel Macron de préciser ses intentions sur « nos souverainetés », conformément à l’engagement qu’il avait pris lors du dernier salon de l’Agriculture. « Le discours de Rungis de l’automne 2017 date un peu (…) Le chef de l’État doit donner le cap sur ces souverainetés à défendre et à réarmer. Il doit donner s’exprimer sur ce sujet et dire qu’elle place il réserve à l’agriculture et à l’alimentation dans cette perspective », a insisté Arnaud Rousseau. Celui-ci est d’ailleurs inquiet de voir que ni la France ni l’Europe qui disposent, avec le secteur agricole d’une carte maîtresse entre les mains, n’en font usage. La FNSEA n’oublie pas les échéances électorales à venir et veut clairement se positionner en force de proposition. Le prochain congrès qui se tiendra à Caen fin mars sera l’occasion de présenter un rapport d’orientation qui pourrait servir de programme aux futurs candidats à la présidentielle et aux législatives de 2027. 

Christophe Soulard

La FNSEA va porter plainte contre une députée écologiste

Le secrétaire général de la FNSEA, Hervé Lapie, a annoncé lors de la conférence de presse que le syndicat allait porter plainte contre la députée Lisa Belluco (Écologistes, Vienne). Le motif invoqué s’appuie sur  l’article 322-12 du Code pénal : « provocation à commettre des destructions, dégradations et détériorations dangereuses pour les personnes ». Le 29 juin dernier, lors d’une mobilisation contre la loi Duplomb à Poitiers, la parlementaire avait pris la parole à propos du sabotage de plusieurs retenues d’eau en Vienne, Deux-Sèvres et Vendée. Lisa Belluco avait maintenu ses propos face à la caméra de France 3 Nouvelle Aquitaine : « Je ne regrette pas un mot de ce que j'ai dit et je ne regrette pas ce que j'ai fait (…) Je trouve ça dommage car je pense que c'est un débat qui mérite d'avoir lieu, d'exister, sur la question du sabotage ». Le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a également ouvert une information judiciaire contre elle.

Les contingents Ukraine-UE

Un accord de principe a été trouvé le 3 juillet dernier entre l’Union européenne et l’Ukraine sur les quotas d’importation de denrées agricoles et agroalimentaires que Kiev pourra expédier auprès des 27. Ces contingents sont supérieurs à ceux qui avaient cours avant février 2022 quand la Russie a envahi l’Ukraine. Ainsi, le quota annuel d’importation de volailles provenant d’Ukraine a été fixé à 120 000 tonnes (contre 90 000 avant 2022). Pour le sucre, il passe de 20 000 à 100 000 tonnes. Celui du blé augmente de 300 000 tonnes pour atteindre 1,3 million de tonnes (Mt) et celui du maïs gagne 350 000 tonnes pour se chiffrer à 1 Mt. En contrepartie, l’Union européenne a obtenu une hausse de ses quotas d’exportation de porc (+45 000 tonnes), volaille (+120 000 t) et de sucre (+100 000 tonnes).