La relève est assurée

Bien sûr, on ne parlait que de ça, ou presque. La crise secoue tous les élevages et Biol en était l'épicentre isérois ce week-end. « C'est bon pour le moral, même si les discours sont toujours les mêmes. Ca fait du bien de voir les copains », reconnaît Stéphane Verdel, éleveur de prim'hosltein à Saint-Didier-de-la-Tour. La ferme Verdel a toujours donné les plus beaux animaux au département, participant même au concours général agricole à Paris au mois de février dernier. Avec Hester, elle remporte le prix de grande championne. Un prix qui a un goût d'amertume. L'exploitation est dans le rouge depuis le début de la crise laitière et la belle bête sera vendue « pour payer les factures ». Une vache comme Hester, c'est « un gros travail de sélection et de la chance, explique l'éleveur. Jusqu'à aujourd'hui, je n'aurais jamais voulu vendre une telle bête. » D'autant que cette vache extrêmement prometteuse concourrait dans la catégorie 1ère lactation. Face à Hester, l'autre grande championne en race montbéliarde est la désormais célèbre Croixrousse, du Gaec du Dauphiné à Janneyrias, qui une fois de plus rafle tout sur son passage. Cette superbe vache de 8 ans affiche une remarquable constance.
Fédérer
Côté limousine, l'élevage de Laurent Michel a fait forte impression, de même que celui de Raphaël Loveno en race charolaise. Le grand prix charolais est désormais dédié à la mémoire de Florian Pommier, ce jeune agriculteur de Miribel-les-Echelles disparu en 2013 à l'âge de 18 ans, peu de temps après le départemental de Saint-Laurent–du-Pont où il avait présenté ses génisses. Se serrer les coudes, faire preuve de solidarité au-delà des moments difficiles, tous les éleveurs présents lors de ce concours départemental en ont ressenti la nécessité. Aussi se sont ils tous retrouvés sur le ring, à l'issue du concours, se donnant bien entendu rendez-vous dans deux ans.
« Malgré le contexte, il y a une bonne ambiance », constatait Jean-Michel Noël-Baron, le président du syndicat d'élevage de l'Isère et organisateur du concours départemental. Au compteur : 280 bovins, 100 ovins, une centaine de volailles, une dizaine de chevaux et environ 80 exploitations participantes. « C'est un concours qui prend bien », poursuit celui qui a organisé trois éditions et a décidé de passer la main sereinement parce que « la relève est là ». Alors, au moment de se dire au revoir, Laurent Michel a ajouté quelques mots à l'adresse de l'équipe partante : « Vous avez le goût du service des autres », a-t-il insisté. Ce sont « des gars capables de fédérer. Ce qui est important dans le monde agricole d'aujourd'hui ». En présence de son conseil d'administration, Jean-Michel Noël-Baron n'avait plus qu'à adouber son successeur en la personne de Laurent Michel.
Isabelle Doucet
Résultats :
Résultats du concours montbéliard
Résultats du concours prim'holstein
Résultats du concours charolais
Résultats du concours limousin
Véronique Laby : ma première fois comme juge
Véronique Laby, la juge du concours limousin se prêtait pour la première fois au délicat exercice du jugement d'animaux. Les professionnels ont apprécié son travail. Eleveuse limousine dans le Rhône en banlieue lyonnaise, l'agricultrice possède un troupeau de 60 mères. Elle commercialise sa production en vente directe et fait aussi de la vente de mâles reproducteurs. « J'ai répondu oui tout en sachant ce que cela représentait puisque je participe moi-même à des concours. Ce n'est pas facile de juger. Cela demande beaucoup de concentration. C'est tellement important pour un éleveur car cela réclame du travail et de l'investissement. Pour le juge, il faut donc que les choses soient faites très correctement. J'ai apprécié à Biol que les présentations entre les charolais et les limousins soient intercalées, ce qui permet au juge de se remobiliser à chaque fois. » Après cette première expérience, l'éleveuse a pris goût au jugement, de sorte qu'elle envisage de se former au herd-book limousin pour obtenir son agrément de juge.ID
Tous les goûts de l'Isère
« Ces producteurs ont d'autant plus de mérite cette année du fait de la problématique agricole », a affirmé Jean-Claude Darlet, le président de la chambre d'agriculture, au moment de remettre les prix aux représentants de l'Isère qui ont participé au concours général agricole, lequel s'est déroulé en février dernier au salon de l'agriculture à Paris. « Si le problème du lait ne trouve pas de solution, demain, il n'y aura plus de concours d'élevage, ni de concours général », a insisté le président dimanche dernier. Pas moins de 13 animaux provenant de 9 élevages étaient montés à Paris et 21 produits de six producteurs étaient présentés. En race abondance, le Gaec des Gentianes s'était particulièrement distingué avec Camélia (1er prix en 4ème lactation) et celui de la Petite forêt, en race tarentaise, avec aussi un 1er prix en 2ème lactation pour Faon. En montbéliard, les Gaec du Marquet, du Crossey et l'EARL du Ternan obtenaient de beaux classements, de même que la ferme Verdel en prim'holstein. Du côté des ovins, rappelons que la ferme Antonine, en moutons charollais s'est distinguée à plusieurs reprises, de même que Lionel Buisson en mouton vendéen, décrochant une première place (viande mâle 19-30 mois). « On dit souvent qu'il n'y a pas de moutons en Isère, mais il y a des éleveurs qui raflent les premières places à Paris », se sont exclamés les récipiendaires.Dans les fromages, l'Etoile du Vercors a accroché une médaille d'or à sa « tentation », le Gaec de Riquetière a vu, une nouvelle fois, son huile de noix se teinter de bronze et d'un prix d'excellence, et les vins de Savoie abymes de Julien René ont décroché l'argent. Surprise, enfin, avec le trophée de l'Abeille d'or pour la prairie fleurie de la ferme du Pas de l'aiguille à Chichilianne.ID