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AGRICULTURE BIO

Large redistribution des reliquats des aides bio

La ministre de l’Agriculture a choisi de redistribuer largement les reliquats d’aides à l’agriculture biologique, qui irrigueront aussi bien les aides aux agriculteurs bio qu’à celles aux jeunes agriculteurs, aux producteurs de blé dur, d’ovins et de houblon

Large redistribution des reliquats des aides bio
Les reliquats redistribués s'élèvent à 257 millions d’euros d’aides à la conversion en bio consommées en 2023 et 2024 et à 25 M€ de programmes opérationnels.

À l’occasion d’un Conseil supérieur d’orientation (CSO) qui s’est tenu le 1er juillet, Annie Genevard, ministre de l’Agriculture, a présenté la redistribution des 257 millions d’euros (M€) d’aides à la conversion en bio non consommées en 2023 et 2024, et de 25 M€ de reliquats de programmes opérationnels (PO). Ce sont 108 M€ qui reviennent à la bio, dont 96,3 M€ abonderont les éco-régimes bio (qui atteindront 110 €/ha), et 12 M€ qui sont alloués à un programme opérationnel sur le lait bio. Le montant a été jugé insuffisant par la Fédération nationale des agriculteurs bio (Fnab), qui a quitté la réunion avant qu’elle ne s’achève. Le syndicat dénonce un « hold-up », lui qui demandait que l’intégralité du reliquat revienne aux agriculteurs bio. « C’est une occasion manquée pour soutenir la bio en crise, car cette mesure ne coûtait d’argent à personne », regrette le président de la Fnab, Loïc Madeline. Pour rappel, l’éco-régime bio est actuellement d’environ 90 €/ha, alors qu’un montant de 110 €/ha avait été annoncé par l’ex-ministre de l’Agriculture, Marc Fesneau, lors de la présentation du plan stratégique national (PSN), la déclinaison nationale de la Pac, en 2022. La Fnab demandait à l’époque 140 €/ha. La redistribution opérée par Annie Genevard balaye large, avec plus de la moitié de l’enveloppe redistribuée en dehors de la bio, ce qui lui a valu le satisfecit du courant majoritaire. Dominique Chargé, président de La Coopération agricole, a salué ces choix car, selon lui, « la situation nécessite effectivement d’accompagner les agriculteurs en agriculture biologique, mais […] au rythme où le marché progresse ». De même, pour Chambres d’agriculture France, cela « permet de conforter les producteurs. Pour autant, la relance durable de l’agriculture biologique dépendra aussi de la capacité de l’ensemble des acteurs de la chaîne, y compris la grande distribution, à faire remonter les prix vers les producteurs ». Jeunes agriculteurs (JA) a même salué comme une « victoire » ces arbitrages - notamment la revalorisation de l’aide complémentaire aux jeunes agriculteurs - qui « vont dans le sens de nos revendications de donner les moyens à la jeunesse agricole de s’installer, de produire et de résister aux crises ». En effet, comme annoncé quelques semaines plus tôt par la ministre, 55 M€ sont dédiés à l’aide complémentaire pour les jeunes agriculteurs, assortis réglementairement d’une rallonge de 20 M€ à l’aide redistributive.

Rendez-vous à l’automne

Par ailleurs, ce sont finalement 34 M€ qui sont fléchés vers l’aide à l’investissement, alors que 50 M€ avaient été promis au printemps aux Régions, qui en ont la gestion. L’association Régions de France se dit déçue de l’arbitrage, mettant en avant un besoin de 470 M€ remonté par les conseils régionaux d’ici la fin de la programmation. Mais cette enveloppe était probablement la plus contestée, notamment par la Fnab. Les autres mesures sont plus consensuelles : 33 M€ iront à des MAEC herbagères (systèmes) et zones intermédiaires (grandes cultures), et 30 M€ pour abonder les aides couplées ovines (15 M€), blé dur (15 M€) et houblon. La ministre a donné rendez-vous à l’automne pour examiner les reliquats des aides bio de 2025, ce qui exclut qu’ils soient redistribués vers le premier pilier, notamment les éco-régimes, puisque les transferts entre piliers ne sont plus permis jusqu’à la fin de la programmation Pac, après le 31 août. Un casse-tête pour la Fnab qui doit plancher sur ses propositions.       

M.R.