Le gouvernement maintient le cap sur la DNC
La ministre de l’Agriculture, Annie Genevard, a réuni le 28 août le Comité national d’orientation de la politique sanitaire animale et végétale (CNOPSAV), aussi appelé le « Parlement du sanitaire », pour faire le point sur la dermatose nodulaire contagieuse (DNC). La vaccination est étendue à la Corse.

« Tout est sous contrôle. » Telle pourrait être résumée la position officielle du gouvernement et notamment du ministère de l’Agriculture sur le dossier de la dermatose nodulaire contagieuse (DNC). Apparue en France le 29 juin dernier, elle a contaminé, le 28 août, 77 foyers : 32 foyers sur deux communes en Savoie, 44 foyers sur dix communes en Haute-Savoie et un dans l’Ain à Culoz « à dix kilomètres d’une zone infectée en Savoie », précise-t-on dans l’entourage d’Annie Genevard. Depuis le 22 août, aucun autre cas ne s’est déclarée. Au ministère, on se félicite de la stratégie mise en place : il s’agit tout d’abord de mettre en place de mesures de biosécurité avec des restrictions de mouvements d’animaux pour ne pas diffuser la maladie qui se propage avec des insectes piqueurs. Il s’agit ensuite de « dépeupler » la totalité des foyers « pour tarir la source du virus ». Les éleveurs, mais aussi les vétérinaires, sont accompagnés par les cellules psychologiques mises en place par les chambres d’agriculture et la Mutualité sociale agricole (MSA). Au total, ce sont 1 718 bovins qui ont été abattus dans 45 élevages. L’État prend à sa charge le financement de ces dépeuplements. « Au 28 août, ce sont 42 propriétaires qui ont été indemnisés pour une somme globale de 2,4 millions d’euros », indique-t-on au ministère. Enfin, troisième et dernière mesure : vacciner. Depuis sa mise en place obligatoire le 18 juillet, « nous avoisinons 90 % des bovins vaccinés dans la zone réglementée », indique une source proche d’Annie Genevard qui pointe « l’excellente réactivité des services vétérinaires et des exploitants ». Cependant, les effets de cette vaccination ne se révèlent utiles qu’au bout de vingt-et-un jours. Autrement dit, le vaccin est plus efficace si un animal est sain. S’il est contaminé (sans qu’on puisse détecter la maladie) puis vacciné, il peut générer un foyer. Ce qui semble être arrivé dans l’Ain. Quant à l’effectif ciblé de la vaccination, il a été revu à la baisse passant de 310 000 à 263 000.
Même souche virale
Quoi qu’il en soit, ces mesures ont permis de contenir la maladie et l’État reste très vigilant sur l’évolution de cette épizootie. C’est pourquoi le CNOPSAV a décidé de vacciner le cheptel corse. En effet, c’est sur l’île voisine de la Sardaigne qu’est apparu le 21 juin dernier le premier foyer de DNC au sein d'un élevage de 131 bovins. À ce jour, ce sont 53 foyers qui ont été recensés sur l’île sarde. Or les liaisons maritimes sont régulières entre les deux îles, ce qui peut favoriser le transport des insectes piqueurs transmetteurs de la DNC. « La Corse détient des races locales avec un patrimoine génétique à préserver », explique un proche d’Annie Genevard. D’ailleurs, les enquêtes épidémiologiques ont constaté que la souche virale de la DNC française était à plus de 99 % semblable à celle de la Sardaigne. Mais les scientifiques cherchent encore à déterminer la concomitance entre les deux. En tout état de cause, la vaccination sera possible dès le 1er septembre en Corse.
Les autorités sanitaires françaises surveillent aussi de très près les frontières suisses et italiennes. Un cas s’est récemment déclaré en Lombardie* et même si la Suisse n’a recensé aucun cas, elle a renforcé sa stratégie vaccinale. Ces mêmes autorités réfléchissent en outre à la manière dont ils vont pouvoir autoriser les troupeaux à redescendre des alpages. Car ce mouvement d’animaux semble peu compatible avec les règles en vigueur dans les zones réglementées. Il leur reste aussi à régler le devenir des veaux promis à l’engraissement (dans d’autres ateliers) et eux aussi contraints par les restrictions de mouvement… « Les réponses viendront dans les prochains jours », souligne-t-on au ministère.
Christophe Soulard
*Un cas qui s’additionne aux 53 de la Sardaigne.