Le Sillon alpin réunit les avocats montagnards

« C'est une évidence géographique. Les distances ne sont pas les mêmes sur une carte et dans la réalité, comparé à d'autres régions de France », insiste Marc Anselmetti, bâtonnier du barreau de Gap. Mais c'est aussi pour des raisons politiques, économiques, sociales et universitaires que les barreaux du Sillon alpin ont décidé de se constituer en association. Leur objectif est de défendre le maintien du maillage territorial judiciaire et la justice de proximité pour les justiciables, de devenir des partenaires actifs de la formation à travers les deux universités de droits de Grenoble et Chambéry, et enfin, de mettre en œuvre des actions concrètes de formation en direction des avocats du Sillon alpin et de valoriser les compétences des cabinets. Jean-Pierre Calloud, le bâtonnier de Chambéry rappelle que le territoire se distingue par son savoir-faire dans l'appréhension de contentieux propres aux activités touristiques, en lien avec les lacs, les montagnes, les parcs naturels, mais aussi relevant de problématiques transfontalières. Des avocats spécialisés dans le droit de la montagne exercent en effet dans la région, alors pourquoi aller chercher ces ressources ailleurs ? « Souvent, les litiges spécifiques à une particularité régionale sont jugés dans cette même région. Par exemple, un accident de ski est jugé sur le lieu où il s'est produit et cela, même si le prévenu habite loin. Ou encore, le tribunal de Chambéry est connu pour sa jurisprudence dans les affaires de montagne, au même titre que celui de Grenoble », reprend le bâtonnier de Gap. « Des stations importantes relèvent ainsi du tribunal d'Albertville. C'est le tribunal du ski et depuis deux ans, nous effectuons des tournées d'information sur le droit du ski et la formation professionnelle, que nous intitulons "Sécurité au sommet" », renchérit Laure Sauthier, bâtonnière d'Albertville.
Bien entendu, tous ces tribunaux et des deux cours d'appel de Grenoble et Chambéry ont un espace judiciaire à défendre face à l'omnipotence lyonnaise et ses 2 800 avocats, alors que les sept tribunaux cumulés en comptent 1 500. D'autant que les avocats mesurent aujourd'hui les conséquences de la réforme de la carte judiciaire, qui a vu la dilution du volume des contentieux avec la perte de certains tribunaux d'instance. Ils redoutent de nouvelles concentrations au détriment de la proximité et des justiciables.