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Commercialisation

Le veau passe en tête

Bovins maigres ou bêtes d'abattage, la coopérative Dauphidrom a observé un retrait des animaux commercialisés. Avec Sicarev, elle mène une réflexion stratégique sur le marché du veau.
Le veau passe en tête

Baisse de la consommation de viande des ménages français et glissement des habitudes vers des viandes à moindre temps de préparation : l'activité de Dauphidrom traduit pleinement la tendance baissière du marché du bovin. Avec 17 235 animaux commercialisés en 2014, la coopérative enregistre un repli d'environ 1100 bêtes. Les animaux maigres marquent le pas : - 24% en 2014, suivis par les animaux gras à – 8,4%. La réforme laitière (+3,10%) et les veaux de huit jours (+5,10) observent en revanche une tendance haussière. « S'adapter est une question de pérennité pour notre coopérative, insiste le président de Dauphidrom, Eric Chavrot, lors de l'assemblée générale qui s'est déroulée mercredi dernier à Viriville. Alors, il faut prospecter, se démarquer, sans oublier de réduire toujours et encore les charges. » Avec le groupe Sicarev, qui réunit cinq groupements de producteurs régionaux dont Dauphidrom, la coopérative observe plusieurs axes de progression. Depuis avril 2014, les services achats, logistique, administratifs et techniques ainsi que le centre d'alotement de Dauphidrom ont été mutualisés avec Sicarev, répondant à un mouvement d'harmonisation commun à tous les groupements pour générer des gains de productivité.

Sécuriser les élevages

L'activité globale de Sicarev s'établit à près de 100 000 gros bovins (+5,73%) et presque autant de veaux (+15,4%) pour ce qui est des secteurs porteurs, tandis que le maigre dépasse à peine 63 000 bovins, en repli de 2,35%. Le groupement est un des leaders français de l'exportation de veaux de huit jours. « Aller vers l'export est un choix du groupe, précise Philippe Dumas, président de Sicarev. Nous allons chercher des marchés : à l'export, en mise en place, de veaux sevrés, rosés, de boucherie. Il y a une carte à jouer avec les veaux laitiers comme le montbéliard qui peuvent être poussés pour l'export sur les pays où il y a de la demande. Nous croyons à l'activité veau, mais les prix ne sont pas satisfaisants. C'est pourquoi nous travaillons sur différents débouchés et le volume permet de bien trier les veaux. » Le groupement entend également « défendre sa place » sur le segment de l'intégration avec sa branche Vitagro. Mais le président encourage les éleveurs à une meilleure attention sur leurs veaux laitiers. Autre point de vigilance, les vieilles vaches nées avant 2002 et encore soumise aux tests USB dont le montant ne cesse d'augmenter. A faire abattre rapidement.

 

Les éleveurs adhérents de Dauphidrom se sont réunis mercredi dernier à Viriville.


La sécurisation des élevages peut aussi passer par la contractualisation, qui a concerné 52 éleveurs en 2014, contre 36 en 2013. Eric Chavrot plaide « pour un véritable partenariat amont/aval », à la faveur de la maîtrise de l'ensemble des outils de la filière. Rappelons que Sicarev pilote les abattoirs de Saint-Etienne et de Roanne, où 10 millions d'euros seront investis pour la modernisation de ce dernier.

Isabelle Doucet

Pour réussir un embarquement

« Lorsque le camion arrive à la ferme, il ne faut pas perdre de temps pour embarquer les animaux. Comment éviter le stress, les accidents, quelles améliorations apporter ? », interroge Eric Chavrot, le président de Dauphidrom. Un groupe de travail sur la prévention des risques et la contention animale a été constitué autour d'Aurélie Fortune, de la MSA, de Jean-Marie Davoine, spécialiste de la contention, et des trois formateurs en contention du département. « La contention ne se résume pas au cornadis, rappelle la responsable MSA. Un tiers des accidents enregistrés, soit 6 000 en France, sont liés à des animaux vivants. » Le moment le plus dangereux est celui où il y a déplacement du troupeau, « qui justifie des investissements sur une exploitation pour travailler de façon sereine », poursuit Aurélie Fortune. Déplacement, soins, travail à plusieurs sont autant de postes à risques. Les conséquences portent au-delà de l'exploitation : un embarquement qui tourne mal, c'est la chaîne logistique qui est perturbée, mais aussi des bêtes qui « tombent fiévreuses », en raison du stress, des coups, de l'attente, du jeûne. Ce phénomène d'acidification des muscles se traduit par un hématome, donne une viande qui ne se conserve pas et qui peut faire l'objet d'une saisie. Bref, autant que la phase délicate de l'embarquement se déroule dans le calme.
Pour vivre longtemps
C'est ce que décrit un film réalisé avec Educagri éditions dans trois exploitations locales présentant des embarquements avec un cercle de contention, à partir de la stabulation et au pré. La nature de l'environnement, l'organisation du travail et le matériel (fixe ou mobile) sont décisifs pour le bon déroulé de l'opération. Le premier conseil de Jean-Marie Davoine est « de ne pas mettre l'animal en condition d'échec ». Et « pour vivre longtemps », il n'est pas possible d'envisager « un atelier d'engraissement sans quai d'embarquement. Cela est d'autant plus vrai pour les jeunes bovins finis ». Ce qu'Aurélie Fortune appelle aussi le travail invisible, c'est ce que les anciens faisaient plus qu'aujourd'hui, c'est-à-dire le contact avec les bêtes, qui les rendent plus dociles. « Mais avec de jeunes mâles suralimentés et plein de testostérone, on ne peut pas faire copain-copain », reconnaît Jean-Marie Davoine. Le comportement de l'éleveur avec sont troupeau est déterminant, tout comme l'est la qualité des installations. « Une bonne contention, une accessibilité du camion, un sol porteur ou un quai de chargement, des passages d'hommes », sont les conseils prodigués par Yannick Croisier, formateur au lycée agricole de La Côte-Saint-André, où un cercle de contention est à découvrir.
ID