Les agriculteurs prêts à s'investir dans le numérique
La chambre régionale d'agriculture, avec le soutien de la Région, a commandé une enquête sur les usages du numérique par les agriculteurs d’Auvergne-Rhône-Alpes. Présentation des résultats.
La transition numérique est en marche, elle concerne l'ensemble de notre société y compris le domaine de l'agriculture. Depuis quelques années, le recours aux outils numériques se généralise dans les exploitations agricoles et de nouveaux outils émergent régulièrement, transformant ainsi les pratiques et les modes de productions. « Le numérique est un outil indéniable pour nos exploitations et il sera de plus en plus présent à l'avenir », a indiqué Aurélien Ratton, agriculteur dans le Rhône et membre de l'ENE (Experts du numérique en entreprises). Toutefois, les pratiques numériques des agriculteurs et éleveurs d'Auvergne-Rhône-Alpes sont loin d'être uniformes. Afin d'appréhender leur degré d'usage du numérique et de cibler leurs besoins, la chambre d'agriculture Auvergne Rhône-Alpes a commandé une enquête* réalisée avec le soutien de la Région.
Le numérique pour piloter sa production
83 % des exploitants interrogés disposent d'un outil numérique pour la gestion financière ou la comptabilité, 33 % y ont recours pour la vente de leurs produits, tels sont les grands chiffres qui se dégagent de l'enquête présentée par Lionel Poinsot, directeur de l'ENE. Quant aux profils des mieux équipés, il s'agit plutôt des viticulteurs et des producteurs de fruits. Pour communiquer auprès de leurs clients, les agriculteurs privilégient les publications sur les réseaux sociaux, l'envoi de courriels et de newsletters ainsi que les sites web. 54 % d'entre eux perçoivent le numérique comme un moyen d'échanges avec leurs pairs, pour s'informer ou disposer de conseil. 53 % des enquêtés ont recours au numérique pour piloter ou réaliser leur production, en particulier en filière bovins lait et en cultures fruitières. Les technologies les plus couramment utilisées sont les objets connectés (47 %), les GPS et les systèmes de guidage (40 %), les outils de traçabilité (38 %), les capteurs de données (27 %) et, dans une moindre mesure, les robots (14 %) et les drones (4 %). Notons que la qualité de l'accès à internet reste encore un problème pour 33 % des exploitants questionnés. Conscients des nombreux bénéfices apportés par l'utilisation du numérique (économie de charges, anticiper les risques, réduire la pénibilité physique du travail, améliorer le rendement, réduire le temps de production...), les agriculteurs avouent avoir d'importants besoins en la matière sur la sécurisation des données (47 %), les démarches administratives en ligne (32 %), la prise en main d'un équipement informatique (31 %), la gestion des données - stocker, ranger, partager (30 %), améliorer la connexion internet (28 %), communiquer en ligne (22 %), vendre en ligne (15 %), bureautique (14 %) et naviguer sur internet (5 %).
Prêts à se faire accompagner
Ils se montrent, par ailleurs, favorables à un accompagnement. 67 % d'entre eux se disent prêts à investir dans des outils numériques et une large majorité participerait à une formation collective sur le numérique ou ferait appel à un conseiller numérique d'une chambre d'agriculture si ce service était proposé. Et pour finir, 38 % sont prêts à payer un accompagnement dans le numérique. Finalement, cette enquête identifie trois profils d'agriculteurs face au numérique : les connectés (à l'aise avec le numérique et en recherche de solutions innovantes pour optimiser leur exploitation), les pragmatiques (recours au numérique par obligation ou pour des raisons pratiques) et les réticents (crainte à l'égard du numérique et problème d'adaptation au changement).Si plusieurs chambres d'agriculture proposent déjà un accompagnement numérique en France, dans notre région seule la Haute-Loire a tenté l'expérience en se dotant d'une conseillère numérique début 2022. Une autre étude centrée sur l'accompagnement des acteurs du monde agricole à l'adoption des outils numériques est en cours. Elle est pilotée par le pôle de compétitivité Végépolys Valley et de nombreux partenaires, elle se nomme NumAgri et viendra compléter les enseignements de l'enquête portée par la chambre régionale d'agriculture.