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AMIANTE

Les bâtiments agricoles ont encore beaucoup d'amiante à retirer

La réglementation concernant la mise en ?uvre des chantiers où l?amiante est présente évolue. Les bâtiments agricoles sont largement concernés par les mesures de protection.
Les bâtiments agricoles ont encore beaucoup d'amiante à retirer

L'amiante est partout : dans les toitures, dans les parois des bâtiments, dans les isolations, les conduits, les canalisations, les joints ou les freins de véhicules. Les professions agricoles ne sont pas plus à l'abri que les autres des risques d'exposition à l?amiante. Et quand il s'agit d?ôter une toiture pour installer des panneaux solaires, le danger redouble en raison du risque de chute. L?inspection du travail agricole est donc largement intervenue, en plein boum des installations photovoltaïques sur les bâtiments agricoles, pour mener des actions de prévention en raison des risques liés à la libération de fibres des panneaux de fibrociments déposés, et surveiller les chantiers trop dangereux.

Depuis juin 2011, la recherche d?amiante dans les bâtiments, dont les bâtiments agricoles, est obligatoire. Cependant, ces opérations sont censées avoir été réalisées avant 1999, sachant que l?usage de l'amiante est interdit en France depuis 1997. Le dossier technique amiante (DTA) de repérage concerne surtout les flocages, calorifugeage, faux plafonds ainsi qu?une liste de matériaux accessibles. En cas de constat de fortes dégradations, des travaux de confinement ou de retrait par une entreprise certifiée devront être effectués. Jusqu'en 2013, les agriculteurs qui le désiraient pouvaient eux-mêmes déposer une toiture en amiante-ciment, du moment qu'elle n'était pas endommagée et que les travaux portaient sur l?enveloppe extérieure du bâtiment.

Ni don, ni enfouissement

Une nouvelle réglementation devait entrer en vigueur à partir du 1er juillet 2013, mais son application est d?ores et déjà retardée. Elle concerne l'obligation de passer par une entreprise ayant fait l?objet d?une nouvelle certification dite « traitement amiante » pour les travaux de retrait et d'encapsulage, y compris pour les travaux en extérieur. Au printemps dernier, des arrêtés ont aussi fixé les nouvelles modalités pour la formation des salariés exposés, l?instauration d'une nouvelle valeur limite d?exposition professionnelle (VLEP) et établi un nouveau classement du niveau d'empoussièrement. « L'amiante est un matériau dangereux, invisible, inodore, qui résiste à tout, au feu, à l'eau, aux moisissures, à l'acide. Il y a encore un déni du risque, observe Cécile Verset de la Direction régionale des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l'emploi Rhône-Alpes (Direccte). Certaines entreprises du second oeuvre ou agricoles effectuent elles-mêmes les travaux de désamiantage, sans protection. » Tant que la réglementation n'est pas passée, l?opérateur, qui pour des raisons de coût veut mener son chantier lui-même, doit s?accompagner de certaines précautions : aspiration des poussières à la source, arrosage pour limiter les projections, utilisation d'outils à vitesse lente, protection de l'environnement, port d'équipement de protection individuels (EPI) et évacuation obligatoire des déchets par une filière dédiée, avec un bordereau de traçabilité. Pas de revente, ni de don, ni d?enfouissement.
En revanche, il est toujours possible de vendre un bâtiment agricole comportant des matériaux amiantés ; l'interdiction de vente ne porte que sur les éléments désolidarisés d?un bâtiment. Mais, la cession d'un bâtiment sous forme d'éléments de construction comprenant des matériaux en amiante-ciment, avec des opérations de démontage-montage, n'est pas envisageable. Attention aussi aux serres agricoles, qui sont concernées par l?obligation de repérage. Il faut dire que les joints et mastics de vitrier sont souvent porteurs d'amiante. Le cas des bâtiments d?élevage en amiante ciment incendiés est à considérer de façon particulière. En effet, si des cadavres d'animaux se mélangent aux décombres, leur enlèvement devra être précédé de travaux de retrait de l'amiante. En raison de la particularité d'une telle opération, le délai légal de l'évacuation des cadavres peut dépasser deux jours. La réparation des matériels agricoles et forestiers doit également s'accompagner de mesures particulières de prévention pour l'intervention sur des pièces amiantées (freins et embrayages à sec, freinage de l?arbre de transmission du pont avant, alternateurs ou démarreurs, certains joints et enduits bitumeux...) Cela passe par une formation et un information des salariés, le port des EPI et la mise en oeuvre de moyens pour éviter la dispersion des poussières. « Il y en a encore pour une centaine d'années à retirer toute l'amiante qui a été déposée », estime la responsable de la Direccte qui insiste sur le repérage avant travaux de maintenance, réhabilitation ou démolition et l?information apportée aux maîtres d'ouvrages.

Isabelle Doucet

Amiante : quels risques ?
La respiration des fibres d?amiante peut être la cause de maladie graves et particulièrement de l?appareil respiratoire : l?abestose ou atteinte fibreuse du poumon, des plaques pleurales, un mésothéliome (cancer de l?enveloppe des poumons), cancer du poumon, mais aussi du larynx, des ovaires?

Pour en savoir plus
Les sites sur l'amiante sont très nombreux :
- Une émission TV spéciale amiante : pour tout savoir sur les risques santé, les techniques d'intervention et les exigences réglementaires, en 40 minutes.
- Des textes réglementaires relatifs à l'amiante
- Les diagnostics obligatoires avant la vente d'un bâtiment agricole