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Manifestation

Les bio craignent la fin de la dynamique de conversion

Face au désengagement de l'État et au manque de clarté des Régions sur les aides au maintien, une centaine de producteurs bio ont manifesté le 8 novembre en Bretagne et dans le Grand Est pour avoir davantage de visibilité sur le soutien public dédié à la bio.
Les bio craignent la fin de la dynamique de conversion

Le 8 novembre, des centaines de producteurs bio se sont mobilisés en Bretagne et dans la région Grand Est pour protester contre le désengagement de l'État. En septembre, le ministre de l'Agriculture avait annoncé que l'État ne participera plus au financement de l'aide au maintien. Ainsi, lors de la présentation du PLF 2018, le ministre de l'Agriculture avait affirmé que « les budgets disponibles seront recentrés [...] sur le financement des nouveaux contrats d'aide à la conversion ». Sauf que le 9 novembre, les députés ont prolongé en commission des finances, lors de l'examen des dispositions non rattachées à une mission et contre l'avis du rapporteur général, l'aide au maintien jusqu'en 2019 dans le budget du gouvernement. Pour être adopté, l'amendement doit être revoté en séance. Au-delà, les producteurs rappellent aussi qu'ils sortent « de deux années d'insécurité financière liée aux retards de paiement des aides de la Pac » (lire encadré). Les signaux envoyés par les pouvoirs publics ne les rassurent pas. « Les retards de paiements ont fragilisé les paysans bio et une nouvelle décision tombe en plein milieu de programmation européenne, alors qu'aucun autre dispositif n'a encore été pensé pour prendre le relais, c'est surréaliste ! », résume Stéphanie Pageot, présidente de la Fnab.

 

La fin d'une vague ?

 

L'engouement pour l'agriculture bio pourrait s'essouffler. « En 2017, nous avons eu 600 nouveaux dossiers de conversion en bio, explique Julien Sauvée, vice-président de la Frab Bretagne. Dans le contexte actuel, nous craignons un ralentissement de la dynamique ». Pour dissiper ces craintes, les producteurs demandent « aux grandes régions un engagement sans ambiguïté en faveur du développement de l'agriculture bio ». Pour compenser le désengagement de l'État, les Régions et/ou les agences de l'eau ont la possibilité de participer à la contrepartie nationale du cofinancement avec l'Union européenne de l'aide au maintien.

 

Des soutiens différents

 

Les producteurs bio ne seront pas logés à la même enseigne selon les régions. Dans l'Ouest, la Frab Bretagne n'a pas encore de réponses, mais elle a un rendez-vous avec Olivier Allain, vice-président chargé de l'agriculture à la Région Bretagne. Dans le Grand Est, les producteurs aussi s'étaient mobilisés. « Entre 200 et 250 producteurs », selon la porte-parole de Bio Grand Est, Sylvie Corpart. Les inquiétudes sont partagées avec celles des producteurs bretons. Le 4 octobre, Philippe Mangin, vice-président en charge de l'agriculture pour la Région, expliquait : « En conversion bio, il y a une demande importante. Quant au maintien, il doit être rémunéré par le marché. » Ainsi, sa Région envisage, « comme l'a fait l'État », de se concentrer sur l'aide à la conversion. Il nuance : « Nous allons regarder au cas par cas pour améliorer la structuration de certaines filières. Mais ce ne sera plus de manière systématique. »