Les distributeurs de machines agricoles sur le qui-vive
Le Syndicat national des entreprises de distribution du machinisme agricole (Sedima) a présenté, début juillet, ses chiffres pour le premier semestre 2025. Les prises de commande ne sont pas au rendez-vous et l’avenir s’annonce encore incertain.

Stéphane Leblond, qui a pris la présidence du Sedima en avril dernier, arrive dans un marché quelque peu chahuté. En effet, dans le secteur du matériel agricole, les prises de commande, en neuf comme en occasion, reculent de 7 à 9 % par rapport au premier semestre 2024. Ces chiffres viennent confirmer une tendance déjà détectée à la fin de l’année dernière, après les récoltes céréalières catastrophiques et la mise en place d’un plan d’arrachage des vignes. Selon une enquête menée par le syndicat auprès de ses adhérents, un quart des concessionnaires juge que cette baisse des commandes est supérieure à 15 %. Ils sont autant (26 %) à constater un recul des bons de commande compris entre 3 et 15 %. Parmi les premières victimes : les tracteurs, les automoteurs et les matériels d’accompagnement. Par secteur d’activité, ce sont, sans aucune surprise, les grandes cultures qui voient les prises de commande se contracter auprès de « 78 % des concessionnaires pour le matériel neuf et 70 % pour le matériel d’occasion », a précisé Sylvie Domenech, secrétaire générale adjointe du Sedima. La tendance est également très négative pour la viticulture avec une baisse déclarée par 81 % des répondants pour le neuf et 77 % pour l’occasion. Même si elle ne compense qu’une partie du recul des commandes, l’activité des pièces détachées et service après-vente (réparations) redonne un peu de couleur au secteur, avec une évolution du chiffre d’affaires de 3 % en moyenne : entre 1 et 3 % pour les pièces magasin et de 3 à 5 % pour l’atelier/SAV.
Moral en berne
Le Sedima ne table pas sur une reprise des commandes au second semestre 2025. « Les premiers échos des moissons sont encourageants, mais les prix ne sont pas extraordinaires », a affirmé Stéphane Leblond. Ils sont d’ailleurs 43 % des distributeurs à prédire que l’activité baissera au cours des six prochains mois, quand 16 % estiment, au contraire, qu’elle augmentera. Première conséquence de cette situation, les stocks en matériel neuf reviennent à « un niveau supportable », a indiqué Étienne Webre, délégué général du Sedima. Trop élevés l’an dernier à la même époque pour 74 % des concessionnaires interrogés, ils ne sont plus que 34 % aujourd’hui à considérer que leurs stocks de matériel neuf sont supérieurs à la normale. En revanche, les stocks d’occasion semblent avoir augmenté pour 57 % des sondés (53 % en 2024). Tout aussi important est le ressenti des concessionnaires sur l’évolution de leur activité. L’évolution du marché client (20 %) et son corollaire, la prise de commande (18 %), restent des préoccupations majeures, à égalité avec la gestion des stocks (18 %). Il n’en reste pas moins que la trésorerie reste un point de vigilance pour 53 % des concessionnaires. À l’aune de leur activité, ces derniers craignent pour l’avenir de leurs clients, notamment en viticulture : 83 % des distributeurs interrogés estiment que le moral des producteurs en vitiviniculture est dégradé (44 % très mauvais et 39 % mauvais). Dans une moindre proportion, ils trouvent que les exploitants en grandes cultures n’ont pas le moral non plus : 5 % très mauvais et 40 % mauvais. C’est sans doute ce qui explique aussi que les relations soient parfois tendues et houleuses entre les distributeurs et les clients agriculteurs. « Notre volonté, c’est de construire avec eux un partenariat comme avec les constructeurs. Il y a un profond travail à mener à ce sujet », a déclaré Stéphane Leblond, qui souhaite faire de cette relation client l’axe majeur de sa présidence pour les quatre prochaines années.
Christophe Soulard