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Services publics

Les habitants des Adrets se mobilisent pour garder leur halte-garderie

Le Pays du Grésivaudan vient d'acter le regroupement de la halte-garderie des Adrets avec celle de Champ-près-Froges. Une décision dictée par des impératifs budgétaires, qui pose la question du maintien des services publics dans les petites communes de montagne.
Les habitants des Adrets se mobilisent pour garder leur halte-garderie

Le « dossier Frimousses » est un cas d’école. Il est aussi révélateur du « stress territorial » provoqué par la restructuration des services publics en zone rurale. C’est l’histoire d’un équipement nécessaire devenu luxe en période de « restrictions budgétaires ». En 2002, pour répondre aux demandes de ses administrés, la commune des Adrets crée une halte-garderie d’une dizaine de places. Ouverte deux jours par semaine, la structure s’installe dans la salle polyvalente. Dix ans plus tard, l’équipement étant déficitaire, la municipalité propose à la communauté de communes de prendre le relais en gestion intercommunale. Le Pays du Grésivaudan accepte et déplace la halte-garderie dans des préfabriqués modulaires situés en face de l’école des Adrets. Elle élargit également l’amplitude horaire de l’accueil sur la base de cinq jours par semaine de 8h à 18h. Pour les familles, la vie est belle.

Choix de vie

Elle le sera moins dans quelques mois. La communauté de communes vient en effet de décider, pour des raisons techniques et budgétaires, de regrouper le multi-accueil des Adrets avec celui du Champ-près-Froges. Un coup rude pour les habitants des Adrets, Theys, Laval et Goncelin qui utilisent la structure. « Vivre dans un village de montagne est un choix de vie, mais ce n’est pas toujours facile, car on ne trouve pas forcément les mêmes services qu’ailleurs, notamment en matière d’accueil des tout-petits », témoigne Gaylord Berrodier, qui confie régulièrement sa petite fille de deux ans aux Frimousses.

C’est d’ailleurs la présence de la halte-garderie qui a conduit plusieurs jeunes couples à s’installer dans le village ces dernières années, assure la municipalité : « Dans les quatre ans à venir, nous avons 35 demandes pour 10 places », indique le maire, Gérard Jourdan, qui se retrouve entre deux feux. D’un côté, en tant qu’élu communautaire, il comprend bien qu’il faut « trouver la solution économique la meilleure » ; de l’autre, il soutient les parents de sa commune (et des villages alentour) qui ont besoin d’une solution de proximité.

Désertification des villages

La situation est d’autant plus délicate qu’un bon nombre d’usagers de la halte-garderie travaillent en Belledonne et ne descendent pas forcément dans la vallée du Grésivaudan tous les jours. Pour eux, déposer les enfants au multi-accueil de Champ-près-Froges implique un détour et une perte de temps quotidienne parfois conséquente. « La communauté de communes ne tient pas compte des horaires ni du lieu de travail des parents », se désole Gaylord Berrodier qui ajoute : « Il faut savoir ce qu’on veut : soit on vote la loi Montagne et on lutte vraiment contre la désertification des villages, soit on assume la baisse de qualité des services publics ! »

Extension du multi-accueil

Françoise Midali, maire de Goncelin et vice-présidente du Pays du Grésivaudan en charge de la petite enfance, a une toute autre lecture du dossier. Certes, dans un premier temps, il avait été question que d’installer le multi-accueil dans un bâtiment pérenne, la « maison Brun », acquise à cette fin par la municipalité des Adrets. Des travaux d’adaptation et de mise aux normes étaient nécessaires, mais dans l’ensemble, le projet apparaissait pertinent. Après étude technique du dossier, les choses se sont révélées moins simples. Certes, les Adrets ont présenté un rendu architectural et un dossier financier en bonne et due forme aux élus communautaires, mais la communauté de communes a jugé, au vu de sa propre estimation, que « le coût de réhabilitation [était] excessif ». Une extension du multi-accueil de Champ-près-Froges semblait plus raisonnable (205 000 euros contre plus 600 000 pour les Adrets). Et madame Midali de préciser : « La mutualisation des deux équipements permettra d’économiser 50 000 euros par an et d’offrir 25 places, contre 10 aux Adrets et 12 à Champs aujourd’hui. » Deux arguments qui ont pesé lourdement dans la balance budgétaire. Courant août, l’extension du multi-accueil de Champs-près-Froges a donc été actée par le bureau exécutif du Grésivaudan. Les Frimousses sont en sursis jusqu’à la rentrée 2018.

Marianne Boilève