Les nouveaux installés à rebours des idées reçues
Deux récentes études remettent en cause l’existence d’une forte dualité entre exploitants issus et non issus du milieu agricole. Tous les nouveaux actifs participent au renouvellement des structures agricoles. Et le temps de travail des Nima ressemble davantage à celui de leurs collègues agriculteurs qu’à celui du reste des Français.

Les installés non issus du milieu agricole (Nima) : des producteurs comme les autres ? Deux études publiées le 10 juin battent en brèche des idées reçues sur ces Nima. L’une d’elles tend à les cantonner à certains types de structures et projets, peu demandeurs en ressources financières et humaines. Faux, selon une étude de l’INP-AgroToulouse qui s’appuie sur les données du recensement agricole 2020 concernant les installés hors cadre familial (pas uniquement les Nima, difficiles à quantifier). Ils s’orientent vers « tous types d’entreprises agricoles », soulignent les auteurs. Trois catégories font néanmoins exception. Les installés hors cadre familial (HCF) sont sous-représentés dans les « très grandes associations d’élevage », de type Gaec. Peu surprenant, vu que ces structures visent notamment à faciliter la transmission familiale. La part importante d’installés HCF dans les entreprises diversifiées et les exploitations « de firme » est plus inattendue, leur coût d’entrée étant élevé. Une hypothèse retenue est qu’il s’agit d’installation en tant qu’associé-dirigeant (salarié ou non), ou en tant qu’investisseur (associé non dirigeant).
Des Nima pas si différents des autres
Des enquêtes dans le Languedoc viennent compléter cette analyse statistique. Les Nima ne s’y révèlent pas tant différents des autres. « Issus ou non du milieu agricole, les nouveaux installés ont fréquemment des trajectoires de reconversion professionnelle et ont connu des périodes de salariat agricole antérieures à l’installation », d’après le rapport. Là encore, des idées reçues volent en éclats. Sept des 37 Nima interrogés ont eu un accès familial à la terre, par un parent propriétaire foncier mais non agriculteur. Un quart des personnes d’ascendance agricole (Ima) n’ont pas eu cette chance. La filiation ne détermine pas non plus le type de projet d’entreprise. « On peut trouver des Nima qui s’installent sur des structures conséquentes avec un projet entrepreneurial peu différent de ceux classiquement portés par les autres. » Huit des 37 enquêtés ont repris ou créé des exploitations complexes relativement grandes. « À l’inverse, on trouve des installés issus du monde agricole qui transforment radicalement l’entreprise familiale (diversification, transformation) ou qui créent des micro-exploitations (viticulture, châtaigneraie). » La seule exception concerne les créations de petites structures en maraîchage diversifié et en plantes à parfum, aromatiques et médicinales, qui semblent relever spécifiquement de Nima n’ayant pas tissé de liens antérieurs avec le monde agricole. Conclusion générale : « La recomposition des modèles productifs repose tout autant sur des chefs d’exploitation issus du milieu agricole que sur ceux qui n’en viennent pas ».
Temps de travail : peu d’écarts
Publiée le même jour, une autre étude, de l’université de Lorraine, bat en brève un autre cliché sur les exploitants non issus du milieu agricole : le rapport au temps de travail. « La forte emprise temporelle du travail concerne les agriculteurs de toutes les origines sociales », concluent les auteurs. Sur ce plan, les Nima ne se distinguent qu’à peine de leurs homologues issus de familles agricoles. Des différences entre Nima et Ima existent à la marge.
J-C.D.