Les reines de la vie d'Ivan Mathias
Installé à Quincieu depuis 2021, Ivan Mathias exerce une activité insolite d’élevage de reines pour les apiculteurs professionnels et amateurs. Il a reçu le Trophée de la prévention primaire, remis par la MSA Alpes du Nord, dans le cadre du Prix de l’excellence agricole et rurale organisé par Terre Dauphinoise.

En ce début de mois de juillet, l’activité d’Ivan Mathias, apiculteur à Quincieu, dans le Sud-Grésivaudan, bât son plein. Ses journées et ses semaines sont bien remplies, mais il est content : son installation est viable et cette intensité-là, heureusement, ne dure que cinq mois dans l’année. Le reste du temps, son travail d’éleveur de reines pour apiculteurs professionnels et amateurs, est plus facile à gérer.
Composée d’une partie de sélection et d’une autre de multiplication, son activité se révèle complexe. Elle consiste à obtenir, grâce à l’insémination artificielle, les abeilles qui conviennent le mieux aux besoins des apiculteurs, selon différents critères tels que la production, le faible essaimage, la résistance aux maladies, la rusticité, la douceur. Et une fois qu’il a les « bonnes » reines, il les multiplie et les commercialise. « C’est une démarche complète et gratifiante, mais très chronophage », reconnaît l’apiculteur.
Modèle qualitatif
Ivan Mathias partage son temps entre Marseille, la plaine de la Bièvre, les Chambarans et le Sud-Grésivaudan, de façon à profiter de différents climats. Il se rend à Marseille fin décembre, pour que les colonies redémarrent leur développement de manière précoce et soient prêtes début mars. En avril, il va dans la plaine de la Bièvre où il rejoint Marc Subirana, apiculteur spécialisé dans la sélection de reines avec qui il participe au plan de sélection et travaille en étroite collaboration -et même en entraide-, pour mettre en commun leurs souches et produire les reines qui vont émerger dans leur cellule royale. Et en juin, après que toutes les séances d’insémination aient été réalisées, il ramène toutes ses colonies chez lui, à Quincieu (1).
« Une quinzaine de séances d’insémination permettent d’obtenir d’abord 300 reines inséminées, dont 120 sont mises en production de miel la saison suivante par Marc Subirana -ce qui permet de les tester- et au sein desquelles nous faisons émerger les dix meilleures selon nos critères de sélection. Une fois ces dix « souches » déterminées, c'est à ce moment-là que je les récupère du cheptel de Marc. Elles serviront à la multiplication pour la vente de reines et également à produire de nouvelles reines inséminées, bouclant la boucle qui se répète chaque saison », explique Ivan Mathias.
En lien avec la biologie de l’abeille, son activité s’avère donc très minutée. « Tout est planifié, souligne-t-il. C’est à la fois une contrainte et un avantage ». Ayant choisi un modèle plus « qualitatif » que « quantitatif », l’apiculteur élève 1 000 reines chaque année. Ses clients viennent essentiellement d’Auvergne-Rhône-Alpes et de Provence-Alpes-Côte-d’Azur.
Les meilleurs choix
Reconnaissant s’être beaucoup appuyé sur l’expérience et l’exploitation de Marc Subirana, Ivan Mathias s’est installé à son rythme. Il a pu prendre son temps pour construire son projet et faire les meilleurs choix qui soient pour lui.
Il se réjouit d’avoir trouvé à Quincieu cette ancienne ferme de polyculture-élevage correspondant à ses besoins. S’il a terminé la construction et l’aménagement de son rucher couvert et de son laboratoire, il lui reste à terminer la miellerie, le bâtiment où il extrait son miel.
Il se satisfait également d’avoir pu bénéficier d’une aide de la MSA pour ses équipements de manutention. Passionné par l’abeille depuis longtemps, après une première expérience professionnelle réalisée en Australie, il estime aujourd’hui que sa reconversion est réussie. Il lui reste à ajuster sa stratégie d’exploitation par rapport à la charge de travail qu’il est en capacité de fournir.
Son projet et son travail ont été reconnus par la MSA qui lui a décerné le Trophée de la prévention primaire, dans le cadre du Prix de l’excellence agricole et rurale de Terre Dauphinoise, remis lors de la foire d’automne de Beaucroissant.
Isabelle Brenguier
(1) Les reines inséminées, quant à elles appartiennent à Marc Subirana. Il les garde et les teste.