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Anciens exploitants

Les retraités agricoles inquiets pour leur pouvoir d’achat et leur santé

Le séminaire de la section régionale des anciens exploitants (SRAE) s'est déroulé du 14 au 16 octobre à Chamaloc (Drôme), à la Maison du Rocher. L’occasion pour les retraités agricoles de visiter de nombreux sites drômois et d'échanger sur l'actualité.

Les retraités agricoles inquiets pour leur pouvoir d’achat et leur santé
Hubert Charvat, président de la section des anciens exploitants de la Drôme (à gauche), et Jean-Claude Chalencon, président de la SRAE Auvergne-Rhône-Alpes.

Du 14 au 16 octobre à Chamaloc, le gîte La Maison du Rocher a accueilli le séminaire annuel de la section régionale des anciens exploitants (SRAE) de la région Auvergne-Rhône-Alpes (Aura). Trois jours placés sous le signe de la convivialité, de la découverte et du partage pour les trente-cinq participants. La première journée s’est ouverte par les mots de bienvenue de Jean-Claude Chalencon, président de la SRAE Aura, Sandrine Roussin, présidente de la FDSEA de la Drôme, et Hubert Charvat, président de la section drômoise des anciens exploitants (SDAE), ainsi que Jonathan Rossinotti, responsable du gîte. L'après-midi, les participants ont visité la Distillerie des 4 vallées, guidés par André Aubanel, avant de conclure la soirée autour d’un dîner et d’un court-métrage consacré à l’agriculture drômoise. Le lendemain, la matinée a débuté par un tour des départements suivi d’une visite du Mémorial de la Résistance à Vassieux-en Vercors. Après le déjeuner, Jean-Pierre Royannez, président de la chambre d’agriculture de la Drôme, a présenté les actions de la structure. La journée s’est poursuivie par la découverte du Muséobulles à la Cave Jaillance, avec dégustation, avant une soirée humoristique animée par Cédric Lumbrozo. Enfin, jeudi matin, la clôture du tour des départements a précédé une intervention de Mutualia, venue présenter ses offres de service. 

« Supprimer tous les écrêtements » 

« Le séminaire s'est très bien passé, sur un site exceptionnel et avec le soleil, se réjouit Jean-Claude Chalencon. Hormis l'Allier, tous les autres départements avaient deux ou trois représentants. Les visites étaient très intéressantes et nous avons découvert des productions drômoises comme la lavande et la clairette de Die. » Entre deux visites, les membres de la SRAE ont travaillé sur quelques sujets d'actualité, en particulier les retraites. Après les lois Chassaigne 1* (retraite des chefs d’exploitation ayant une carrière complète portée à 85 % du Smic) et Chassaigne 2** (revalorisation de la retraite de base des conjoints collaborateurs et aides familiaux), c'est maintenant l'acte 3 qui est attendu. « Ce texte s'inscrit dans le prolongement des lois Chassaigne 1 et 2, car plusieurs dispositions d’origine gouvernementale en ont minoré les effets, explique Jean-Claude Chalencon. Pour les conjoints d'exploitation, qui ont des retraites de misère, nous demandons, comme pour les chefs d'exploitation, 85 % du Smic. » La proposition de loi déposée au printemps (Chassaigne 3) vise une nouvelle fois à revaloriser les petites retraites agricoles en réduisant des « injustices, comme l'écrêtement sur la majoration pour enfants, désormais inclus dans le calcul des 85 % du Smic », explique le président de la SRAE. Cela touche les pensions de réversion mais aussi les pensions de maire désormais intégrées dans le calcul des 85 % du Smic. « Nous demandons la suppression de tous les écrêtements », insiste Jean-Claude Chalencon. 

« On va perdre pas loin de 600 € de pouvoir d'achat » 

Autre sujet, la mesure des vingt-cinq meilleures années pour le calcul des pensions, qui devait entrer en application au 1er janvier 2026. « Aujourd'hui, aucun décret n'est sorti, se désole Jean-Claude Chalencon. Nous n'avons aucune visibilité sur le démarrage et de grosses incertitudes sur son application. » 

D'autres préoccupations ont été évoquées. « Ce qui va nous faire mal, ce sont les franchises médicales et les participations forfaitaires qui sont annoncées par le gouvernement », s'inquiète Jean-Claude Chalencon. Les plus âgés seront les plus impactés car ils consomment plus de médicaments et d'actes de santé. « On était à deux fois cinquante euros par personne et par an et on va passer à deux fois cent euros ! Cela va donc représenter une dépense supplémentaire de cent euros par personne et par an. Et pour un couple, 200 euros par an !calcule Jean-Claude Chalencon. Et si nos retraites sont bloquées comme cela est annoncé, on va encore perdre 300 à 400 euros. Pour finir, la baisse de pouvoir d'achat va représenter pas loin de 600 euros par couple. C'est énorme. » Lors du tour des départements, les participants au séminaire de la SRAE se sont inquiétés des déserts médicaux en zone rurale, ainsi que des départs et démissions (turn over) des salariés dans les Ehpad. Ils ont également constaté une moindre participation aux voyages proposés par les SDAE. Une conséquence directe de la baisse du pouvoir d'achat des retraités et de la hausse des tarifs des voyages. Par ailleurs, des opérations de glanage solidaire réalisées (dans le Rhône) et à venir (dans la Drôme) ont été évoquées, ainsi que les conséquences de la dermatose nodulaire contagieuse, entre autres. « Je termine mon mandat à la fin de l'année, annonce Jean-Claude Chalencon. Pour me remplacer, nous recherchons un jeune… retraité. » 

Christophe Ledoux 

* adoptée en juillet 2020, décret de juin 2021 avec application au 1er novembre 2021 et paiement en décembre 2021. 
** loi du 17 décembre 2021 avec application en janvier 2022 et paiement le mois suivant.