Les sous-préfets au contact des éleveurs aux prises avec le loup

La menace de prédation que le loup fait peser sur les troupeaux ovins drômois devenant insupportable, le sous-préfet de Die, Clara Thomas, accompagnée de son homologue de Nyons, Bernard Roudil, ont rencontré, le 20 mai à Vinsobres, une vingtaine d'éleveurs des Baronnies. Une première réunion, une semaine plus tôt dans le Diois, s'est déroulée à l'initiative de la DDT (direction départementale des territoires) autour du thème de la politique d'aide aux éleveurs et de la protection des troupeaux d'ovins.
Des résultats remarqués
Chargée de mission « loup » pour la Drôme, Clara Thomas a présenté l'arsenal des mesures de protection disponibles avant d'aborder la question des tirs de défense et de prélèvement. Elle a insisté particulièrement sur la nécessité pour les éleveurs des zones concernées d'obtenir auprès de la DDT une autorisation de tir de défense avant même une quelconque attaque. « Une demande peu contraignante. Une autorisation facile à obtenir et qui s'avère très efficace car le tir de défense est possible dès lors qu'un loup s'approche du troupeau », a-t-elle expliqué. En ce qui concerne les tirs de prélèvement, les nouvelles directives prises par le préfet de région correspondent à des avancées majeures de la réglementation. « La Drôme, a-t-elle ajouté, est, en la matière, un département particulièrement innovant, obtenant des résultats remarqués et la mise en place d'actions concertées entre l'Etat et les éleveurs pour la protection, la défense et la régulation du loup dans les zones les plus impactées. »
Après quelques échanges avec les éleveurs, la réunion s'est poursuivie avec Serge Fils-Aimé et Marie-Pierre Pinchinot, du pôle développement rural à la DDT. Ils ont détaillé les dispositifs d'aide aux éleveurs et leur accompagnement dans l'évolution des systèmes d'élevage en limitant les surcoûts liés à la protection des troupeaux.
Un nouveau dispositif 2015-2020
Le nouveau dispositif, rendu nécessaire par la mise en place de la nouvelle Pac, donne une plus grande liberté aux conseils régionaux dans son application selon les territoires. Il vise à assurer le maintien de l'activité pastorale malgré la contrainte croissante de la prédation par le loup. Les changements par rapport à la précédente programmation ont été détaillés par Marie-Pierre Pinchinot. Les modalités d'attribution de l'aide prennent en compte la diversité des systèmes d'élevage touchés par la prédation. Le dispositif se décline en fonction du mode de conduite prépondérant du troupeau, de sa taille et de la durée de pacage en zone de prédation. La superficie des surfaces exploitées par les troupeaux n'intervient pas dans le calcul de l'aide. Il appartient au demandeur d'effectuer le choix et la combinaison d'options les plus appropriés en fonction des caractéristiques du mode de conduite de son troupeau.
Pour être éligible à l'aide, il faut détenir au moins 25 animaux reproducteurs en propriété ou au moins 50 animaux en pension. Et le troupeau doit séjourner au moins 30 jours en zone de premier cercle (prédation constatée une ou plusieurs fois au cours des deux dernières années) ou du deuxième cercle (actions de prévention nécessaires du fait de la survenue possible de la prédation par le loup pendant l'année en cours). La taille du troupeau est déterminée sur la base de l'effectif maximal d'animaux (ovins ou caprins) détenu par l'éleveur pendant une période minimale de 45 jours consécutifs. Les dépenses éligibles sont les suivantes : gardiennage et surveillance renforcés, chiens de protection, investissements matériels (parcs électrifiés) et analyse de vulnérabilité.
Les principales améliorations apportées sont la simplification du dispositif (entrée par troupeau et non par mode de conduite), le financement d'un accompagnement technique, l'adaptation du dispositif aux différents modes de conduite et une meilleure prise en charge du gardiennage, notamment dans les zones où il n'est pas possible de mettre en place le protocole d'intervention.
L'inquiétude demeure
Des aides et une simplification des procédures qui ont été sans doute bien accueillies par les éleveurs présents même si, dans les Baronnies comme ailleurs, on vit de plus en plus mal la progression de la présence du loup. Interrogé sur cette question, Mickael Conil, jeune éleveur de Plaisians (cercle 2), à la tête d'un troupeau de 350 brebis toute l'année dehors en pâturage dans les environs, a déclaré être aujourd'hui plus qu'inquiet sur l'avenir de la profession. « Les attaques du loup augmentent chaque année. Dans les environs, elles se sont multipliées à La Roche, Montbrun, Bédoin, dans le Ventoux... Nous n'en pouvons plus, a-t-il confié. Les dispositifs de protection, c'est bien beau, évidemment c'est utile et les aides qui vont avec aussi. Mais ça ne suffira jamais. La seule solution, c'est l'éradication du loup ! »
Alain Bosmans