Mercosur et DNC : l’été de tous les dangers
Mercosur, apparition de la dermatose nodulaire contagieuse en France… L’été s’annonce compliqué pour la filière bovine. Le point avec Christian Bajard, président du Berceau des races à viande du Grand Massif central.

En juin dernier, alors que le président brésilien, Inácio Lula da Silva, était en visite officielle en France, l’annonce d’Emmanuel Macron a fait l’effet d’une bombe dans le monde agricole et la filière bovine. Alors que, depuis des mois, la profession agricole est vent debout contre les accords commerciaux avec le Mercosur, le président de la République française assurait, en effet, être prêt à signer un accord d’ici fin 2025 sous condition de la mise en place des clauses miroirs. « Le président de la République avait toujours affirmé qu’il ne signerait pas l’accord en l’état. Or, avec cette annonce, c’est tout l’inverse qui se profile. Aujourd’hui, nous sommes méfiants et inquiets, souligne Christian Bajard, président du Berceau des races à viande du Grand Massif central. Nos territoires ruraux et les agriculteurs ne peuvent pas être les variables d’ajustement de tractations parallèles. L’ouverture de nos portes françaises et européennes à ces pays qui sont de grands exportateurs déséquilibrera forcément le marché, notamment de la viande bovine. »
Mobilisation syndicale
L’accord entre l’Union européenne et les pays du Mercosur prévoit l’entrée massive sur le marché européen de viandes sud-américaines produites dans des conditions jugées « inacceptables en Europe : hormones de croissance, antibiotiques activateurs de croissance, traçabilité inexistante, déforestation. […] Un non-sens économique, sanitaire et environnemental », souligne le syndicalisme majoritaire. Au-delà du marché, le président de la FDSEA 71 sait que cet accord serait un mauvais signal envoyé aux jeunes et futurs éleveurs qui souhaitent embrasser cette profession. Alors Christian Bajard, comme l’ensemble de la profession, n’en démord pas : « Emmanuel Macron doit réaffirmer son opposition à cet accord. Il ne faut pas ouvrir la voie à une ratification déguisée en autorisant la Commission européenne à scinder l’accord. La question de la minorité de blocage n’a pas à être posée si, en premier lieu, la France, ne donne pas son mandat de négociation à la Commission européenne ! Un message que les agriculteurs ont porté aux portes de l’ambassade du Brésil mercredi à l’appel du réseau syndical.
DNC : rester fermes sur les prix
Autre coup dur porté à la filière bovine française : l’arrivée de la dermatose nodulaire contagieuse (DNC). « Cette maladie a des conséquences dramatiques pour les élevages avec l’abattage systématique de l’ensemble du troupeau. Nous ne connaissons pas, par ailleurs, toutes les conséquences sanitaires exactes de cette maladie. Notre seule certitude aujourd’hui est qu’elle ne touche que les bovins et qu’elle n’est pas transmissible à l’homme. Sur le plan économique, le commerce est d’ores et déjà perturbé. Au niveau de la profession, nous devons rester fermes concernant le prix de nos animaux », commente Christian Bajard. Première victoire pour les éleveurs : les mouvements de lait cru ont été réautorisés en Savoie. Par ailleurs, l’Union européenne dispose d’une banque vaccinale, que la France a décidé de solliciter pour réserver des doses. Le 7 juillet, quatre foyers étaient confirmés en Savoie. Un nouvel épisode sanitaire qui va tenir en haleine toute la filière élevage au cours des prochaines semaines.