Négociations commerciales toujours tendues
À dix jours du coup de sifflet final, les négociations commerciales sont à nouveau tendues cette année, davantage encore que l’an passé, selon l’industrie et le gouvernement. La ministre de l’Agriculture a indiqué qu’elle souhaitait travailler sur la sanctuarisation des matières industrielles (énergie, emballages…).

« Retard inhabituel », « niveau de tension extrême », « moral au plus bas » : le comité de suivi des négociations commerciales qui s’est tenu le 18 février sous l’égide des ministres de l’Agriculture et du Commerce a été « aussi tendu que le sont les négociations », affirme Dominique Chargé, président de La Coopération agricole. L’Ania (agroalimentaire) a fait part d’un retard inhabituel dans la signature d’accords commerciaux et s’est félicité que la ministre de l’Agriculture, Annie Genevard, ait « tapé du poing sur la table » face à une grande distribution qui demande des baisses de prix « insoutenables » aux fabricants agroalimentaires. Layla Rahhou, déléguée générale de la FCD (distributeurs), pointe, elle, « la responsabilité de l’État dans la dégradation des relations pendant les négociations commerciales ». « Les négociations cette année semblent plus tendues », a reconnu le ministère du Commerce à l’issue du comité. Selon l’administration, 80 % des contrats de PME seraient signés à date, contre moins de 50 % pour les contrats de grandes entreprises. Selon un sondage de Pact’alim (industriels) communiqué la veille de la réunion, 70 % des entreprises considèrent que les négociations « sont très dégradées par rapport à l’an dernier, soit une augmentation de 14 points en seulement 15 jours ». De même, la Fédération des entreprises et entrepreneurs de France (Feef) rapporte que 62 % estiment « que l’année 2025 sera pire que l’année 2024 pour leur activité ». En moyenne, ses adhérents ont proposé des demandes de tarifs en hausse de 3 % à la grande distribution. L’an passé, les négociations commerciales s’étaient soldées par un tarif en moyenne stable.
Matières industrielles dans le viseur
Sans surprise, Pactalim estime que « les enseignes refusent de respecter la marche en avant de la négociation et la sanctuarisation du coût de la matière première agricole ». Selon leur sondage, « 80 % des entreprises constatent une dégradation de la prise en compte des coûts des matières premières agricoles et industrielles par les distributeurs ». La tenue des négociations « inspirera les contours du projet de loi, qui pourrait être présenté d’ici l’été », a rappelé Annie Genevard dans un entretien à La Tribune Dimanche la même semaine, évoquant quelques pistes de travail : « Certains exercent une pression déraisonnable sur les prix et, par les centrales d’achat européennes, cherchent à échapper aux lois Egalim », dit-elle dans cette interview. La ministre souhaite aussi « protéger en partie aussi la matière première industrielle » (énergie, emballages…). Une idée récemment proposée par quatre députés de la commission des affaires économiques. Les négociations commerciales se tiennent actuellement et doivent se conclure d’ici au 1er mars.