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Recrutement

« Nous avons la chance de pouvoir fidéliser nos salariés saisonniers »

Chaque année, le recrutement saisonnier est un nouveau défi à relever. S’il reste globalement toujours compliqué en France, certains agriculteurs parviennent à fidéliser des équipes précieuses pour la pérennité des exploitations.

« Nous avons la chance de pouvoir fidéliser nos salariés saisonniers »
Marc Fauriel, arboriculteur diversifié en agriculture biologique à Loriol (Drôme).

Organisation rigoureuse, diversification des cultures, bien-être des salariés, les agriculteurs actionnent volontiers des leviers pour voir leurs saisonniers revenir chaque année. C’est le cas de Marc Fauriel, arboriculteur à Loriol (Drôme), qui mise sur des contrats clairs, une production diversifiée et un accompagnement de confiance. Face aux tensions croissantes dans le secteur du recrutement agricole, notamment saisonnier, l’exploitant a désormais une équipe stable dont il est reconnaissant pour son engagement de longue durée sur l’exploitation.

Fidéliser pour mieux former

« Nous sommes un Gaec à quatre associés. Nous produisons pommes, poires, cerises, abricots et pêches, tout en bio, c’est une diversité qui permet d’étaler les travaux tout au long de l’année, c’est aussi cela qui nous a permis de fidéliser une certaine main-d’œuvre, par rapport à des exploitations monoproduits qui ont une période bien définie de travaux dans l’année », explique Marc Fauriel. L’exploitation emploie huit personnes en contrat à durée indéterminée sur l’exploitation, auxquels s’ajoutent deux salariés permanents sur la SAS attenante, destinée au conditionnement et à la commercialisation des produits. « Entretien des vergers, traitements phytosanitaires, encadrement d’équipe, gestion des filets… Nous pouvons former ces personnes et les verrons revenir chaque année. » Un confort rendu également possible grâce à l’annualisation du temps de travail, qui permet une meilleure adaptation entre temps de travail et vie personnelle des salariés. « Cela rend les choses plus flexibles, par exemple pour des personnes ayant des enfants ou une activité personnelle, comme un chasseur qui veut chasser le jeudi, et qui est d’accord pour ajouter des heures de travail en été, par exemple. » Mais en ce qui concerne les travaux extérieurs, la quarantaine de saisonniers annuelle n’est pas toujours facile à recruter. D’autant plus que le vivier étudiant s’est tari : « Aujourd'hui, le rythme des vacances scolaires ne correspond plus trop au temps des travaux dans les champs. Les jeunes sont disponibles plus tard dans la saison, dans l'été, et partent plus tôt. Mais pour des exploitations multiproduits comme la nôtre, le gros de l’activité commence début juin pour se finir fin octobre. Aujourd'hui, à partir du 15 août, il n'y a plus personne. C'est une ressource que l’on n’a plus », explique-t-il.

Les travailleurs étrangers, « indispensables »

Chaque année, Marc Fauriel recrute quinze travailleurs étrangers, qui viennent renforcer les équipes via le dispositif de l’Office français de l’immigration et de l’intégration (OFII). « Les personnes en contrat OFII viennent environ six mois sur l’exploitation. Ils viennent de Tunisie et du Maroc. Pour la plupart, cela fait 20 ans qu'ils viennent sur l'exploitation chaque année, ce qui nous invite à investir dans la formation. Ils connaissent parfaitement l’exploitation et ses spécificités, ils nous sont indispensables », assure l’arboriculteur. « Ils sont encadrés par les chefs d’équipe, nos huit collaborateurs présents à l’année sur l’exploitation. Ainsi, ils complètent notre noyau dur : nos salariés, nos collaborateurs à l'année et ces contrats OFII. Nous avons de la chance de tous les avoir. Nous recrutons des profils manuels, pour travailler aux champs, pour l'éclaircissage, la cueillette, la taille, taille en vert et taille d'hiver ».

Dans la Drôme, Marc Fauriel est aussi référent professionnel pour l’introduction de cette main-d’œuvre étrangère. « En Drôme, nous avons proposé à notre préfecture que la FDSEA soit tiers de confiance pour les services de l’État. Nous garantissons donc l’acheminement et la véracité des contrats, pour la sécurité des salariés, éviter tout problème et fidéliser au maximum cette précieuse main-d’œuvre ». Ainsi, pour Marc Fauriel, la durabilité de ce système de recrutement repose aussi sur un cadre administratif clair. « Cela permet aux salariés de se projeter, même pour les contrats les plus courts. Ils savent à quoi s’en tenir, au niveau du salaire et des horaires. Il n’y a pas de surprise, pas de problème, ils savent que le travail est régulier avec une durée qui est respectée. » Un système rassurant, qui participe une fois de plus au bien-être des travailleurs saisonniers.

Charlotte Bayon