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BRASSICULTURE

Orge et malt : la qualité maintient la compétitivité française

Les professionnels de la filière brassicole ont récemment réaffirmé leur détermination à maintenir le cap de la qualité française des orges et des malts, reconnue mondialement, pour tenir bon dans la compétition. 

Orge et malt : la qualité maintient la compétitivité française
La France est le deuxième pays exportateur d’orge de brasserie dans le monde et le premier exportateur mondial de mal.

Comment la France peut-elle maintenir sa position de deuxième exportateur d’orge de brasserie dans le monde et de premier exportateur mondial de malt, alors qu’elle a face à elle des concurrents qui bénéficient de superficies incomparablement plus importantes, comme le Canada, l’Australie, l’Argentine, ou de coûts très inférieurs, comme la Chine ? Les bonnes places de la France dans le secteur brassicole mondial reposent d’abord sur une spécificité française : « c’est le seul pays à cultiver de l’orge brassicole d’hiver », a souligné Philippe Dubief, vice-président de l’Association générale des producteurs de blé et autres céréales (AGPB), à l’occasion de la journée « orge-malt-bière », organisée par Intercéréales. 

Un travail rigoureux de qualité

Cette particularité lui donne un avantage de compétitivité parce que les rendements d’orge d’hiver (semée en octobre) sont supérieurs à ceux de l’orge de printemps (semée en février-mars), et que les poids spécifiques sont plus élevés, un avantage apprécié des malteurs. Les principales régions de production d’orges brassicoles (d’hiver comme de printemps) sont la région Grand Est, la Bourgogne-Franche-Comté et le Centre-Val-de-Loire. « La conduite de cette culture nécessite aussi une bonne technicité des producteurs », a souligné Philippe Dubief. En effet, il faut une grande régularité des taux de protéines des orges (entre 9,5 et 11,5 %) et de la qualité des protéines. « Faire deux fois la même bière n’est pas facile », a témoigné Hubert Rabourdin, agriculteur-brasseur en Seine-et-Marne. Il faut en outre de la rigueur logistique : « Un malteur ne mélange jamais les variétés, un agriculteur non plus », a ajouté le vice-président de l’AGPB. Si l’orge d’hiver est un atout, pourquoi d’autres pays ne l’ont-ils pas saisi ? La réponse est que beaucoup d’autres pays céréaliers comme l’Australie et l’Argentine ont des climats irréguliers et trop secs. Quant au Canada, il ne peut cultiver de l’orge d’hiver car l’orge brassicole supporte mal le gel. 

Réduire les coûts énergétiques

L’énergie étant chère en Europe, la filière française a dû investir dans la réduction des coûts énergétiques. L’usine de Soufflet Malt de Nogent-sur-Seine est équipée d’une station d’épuration qui correspond à une ville de 40 000 habitants, avec méthanisation des boues. Les 10 000 tonnes de poussières produites chaque année sur le site suffisent à alimenter une chaudière à biomasse. « Pas besoin de se fournir en biomasse à l’extérieur, la chaudière et les systèmes de récupération des calories assurent l’essentiel des besoins de chaleur de l’usine », a indiqué Jean-Philippe Jelu, directeur des sites industriels de Soufflet Malt. Ainsi, quand une partie de l’usine a besoin de froid, les climatiseurs ne rejettent pas la chaleur dehors mais s’en servent pour d’autres lieux du site. Dans la malterie du groupe à Strasbourg, une partie de la chaleur est fournie par une papeterie voisine. Un autre groupe malteur, Boortmalt, détenu par la coopérative Axéréal, recourt à une centrale solaire thermique pour son site d’Issoudun. Chez Soufflet Malt, les investissements vers plus de sobriété vont se poursuivre par une réduction de la fertilisation azotée sur les orges et par des transports par péniches plus massifs, si les pouvoirs publics acceptent d’aménager la Seine pour les grands gabarits entre Nogent-sur-Seine et Rouen, selon Jean-Philippe Jelu. 

Actuagri

 

Philippe Dubief, vice-président de l’Association générale des producteurs de blé et autres céréales (AGPB).