« Pas question d’exposer au risque des animaux venus de loin »
L’association des éleveurs Charolais Sud-est a pris la décision d’annuler le concours régional de la Foire de Beaucroissant qui se déroule du 12 au 14 septembre. Son président, Raphaël Loveno, évoque une décision difficile mais sage.

Comment avez-vous pris la décision d’annuler le concours Charolais Sud-est de la Foire de Beaucroisssant ?
Raphaël Loveno : « C’est une décision qui s’est prise au fil des choses. Durant l’été, la crise sanitaire de la dermatose nodulaire contagieuse a pris une ampleur dramatique. Et même si le site du concours n’est pas dans le périmètre de la zone de surveillance, il y avait trop de risques à le maintenir. Le déplacement était interdit aux éleveurs de la zone de surveillance et pas question d’exposer au risque des animaux venus de loin en les rapprochant du foyer de la maladie. Nous sommes voisins, nous sommes proches et maîtriser les visiteurs aurait été ingérable. On ne peut pas prendre de risques de faire la fête à côté des éleveurs qui ont abattu leurs troupeaux. Nous avons du respect pour des gars qui à 60 km ont vu leurs bêtes tuées la veille.
Est-ce une décision difficile à prendre ?
C’est une sage décision d’annuler. D’autant que tous les concours départementaux sont annulés. Mais c’est une décision dure à prendre moralement. Nous avions sauvé le concours l’an passé en dépit de la FCO. 115 animaux avaient participé et s’il y avait des risques, le concours s’est tenu. Nous avions augmenté la barre à 150 animaux en rajoutant 15 places supplémentaires, qui n’ont jamais servi. Pourtant les éleveurs sont prêts et il y a une sacrée volonté de leur part de présenter leurs animaux.
Qu’allez-vous proposer pendant la foire ?
Nous allons mettre le paquet sur la restauration. Tous les éleveurs participeront et viendront servir les clients, un jour sur deux et même ceux qui viennent des autres départements. Les deux tiers des adhérents de Charolais Sud-Est ne sont pas Isérois. Il y a un esprit de famille et nous retirons des bénéfices grâce à cette mobilisation et cette volonté de travailler ensemble. Quatre génisses seront tuées et l’on servira des produits du terroir.
Y aura-t-il des animations ?
Nous allons installer des chapiteaux où nos partenaires auront des stands. La nouveauté est de proposer un pôle éleveurs Charolais Sud-Est pour expliquer pendant trois jours notre métier d’agriculteurs, le rôle des syndicats, celui du département, comment fonctionnent les concours, ce qu’est la race charolaise. Nous allons prendre le temps car ce sont des choses que nous ne faisons pas d’habitude. Ce temps va nous permettre d’être plus ouverts à la discussion.
Où en est le bâtiment qui devrait voir le jour sur le champ de foire ?
Il n’est pas encore sorti de terre, mais le permis de construire est encore valable un an. Nous avons obtenu le feu vert de la Région et nous attendons le retour de l’étude de faisabilité de la communauté de communes de Bièvre-est. L’objectif est que le bâtiment puisse être utilisé le plus possible. Après nous pourrons lancer les travaux. Il faut avancer ! Tout le monde est pressé. Mais il faut six mois pour faire un bâtiment et deux ans de réflexion. C’est la France administrative.
Comment se profile le Sommet de l’élevage, du 7 au 10 octobre, à Cournon ?
Nous espérons que ça tiendra. C’est l’année des charolais. Il y aura 400 animaux en concours. Pour que ce soit annulé, il faudrait qu’un cas se déclare à proximité. Mais nous n’en parlons pas pour le moment.
Quel est le moral des éleveurs ?
Il est meilleur que lors de la FCO. Nous avons vacciné nos bêtes car nous sommes dans la zone de surveillance (1). Nous redoutions que les bêtes soient malades après la vaccination, mais ça n’a pas été le cas. C’est une vaccination obligatoire et gratuite. Nous l’avons faite. Vu la gravité, il y avait un risque. Nous nous sommes organisés et en deux jours c’était fait, même les bêtes au pré. Si on peut sauver un troupeau avec juste un vaccin, alors on le fait.
Quels sont les autres activités de Charolais Sud-Est ?
Nous avons acheté en commun, avec 30 actionnaires, un taureau dont le père et la mère ont été champions à Paris. Nous allons prélever des doses pour la mise en reproduction cet hiver. Cet élan de groupe permet à des éleveurs d’accéder à des doses de champion. C’est le groupe qui permet de financer ce bel achat. Pour l’heure le taureau, qui s’appelle Vaudeur, est dans l’exploitation d’Alexandre Riche, dans le Rhône, au plus près de l’établissement de prélèvement. Il aurait dû être présent à Beaucroissant. Mais ça sera pour l’année prochaine. C’est un taureau que nous allons faire sortir en concours. »
Propos recueillis par Isabelle Doucet
(1) L’exploitation de Raphaël Loveno est située à Saint-Savin en Nord-Isère.