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Zone viticole

Pestiriv démontre une sur-exposition des riverains

L’étude Pestiriv démontre une sur-exposition aux pesticides des riverains en zone viticole. Face à ce constat, l’Anses et Santé Publique France recommandent de réduire au minimum l’utilisation de phytos, en s’appuyant sur la stratégie Ecophyto 2030, et demandent l’accès aux données d’utilisation de ces substances. 

Pestiriv démontre une sur-exposition des riverains
Pestiriv décrit les différences d’exposition aux pesticides entre les résidents de zones viticoles (vivant à moins de 500 m de vignes) et les résidents éloignés de zones viticoles (à plus de 5 km).

Présentés le 15 septembre, les résultats de l’étude Pestiriv font apparaître « une surimprégnation » aux pesticides des personnes vivant en zone viticole, et « une surcontamination de leur environnement », concluent Santé Publique France et l’Anses dans un avis commun dévoilé le même jour. Menée en 2021-2022, Pestiriv décrit les différences d’exposition aux pesticides entre les résidents de zones viticoles (vivant à moins de 500 m de vignes) et les résidents éloignés de zones viticoles (à plus de 5 km), ces deux groupes étant tous à plus de 1 km d’autres cultures. Les deux agences de santé ont étudié la présence de 56 substances chez 2 000 adultes et 750 enfants, dans 265 zones viticoles et non viticoles réparties dans six régions (Auvergne-Rhône-Alpes, Bourgogne-Franche-Comté, Grand Est, Nouvelle-Aquitaine, Occitanie et Provence-Alpes-Côte d’Azur). Pour cela, elles ont analysé des échantillons d’urines, cheveux, poussières, air intérieur, air ambiant et, de manière plus « exploratoire », des aliments du jardin pour y rechercher des fongicides (folpel, cuivre…), des herbicides (glyphosate…) et des insecticides (pyréthrinoïdes). Elles ont observé « des niveaux de contamination qui pouvaient augmenter jusqu’à 45 % dans les urines, selon les pesticides » ; une augmentation de la contamination « qui pouvait atteindre plus de 1 000 % dans les poussières » ; et « des niveaux qui pouvaient être jusqu’à 12 fois plus élevés dans l’air ambiant » a exposé, en conférence de presse, Clémence Fillol, responsable de l’unité surveillance des expositions à Santé Publique France. L’étude fait aussi apparaître que les niveaux d’imprégnation et de contamination dans les zones viticoles sont plus élevés en période de traitement qu’en dehors de ces périodes. Ainsi, en période de traitement, les niveaux de contamination des urines peuvent augmenter « jusqu’à 60 % », ceux des poussières « jusqu’à plus de 700 % », et ceux de l’air ambiant peuvent être « jusqu’à 45 fois plus élevés ».

Recommandations

Face à ce constat, les agences de santé préconisent de « limiter l’utilisation des produits phytopharmaceutiques au strict nécessaire » en s’appuyant sur Ecophyto 2030, et de « prévenir les riverains au préalable des traitements ». Des recommandations qui « sont extrapolables à d’autres cultures » que la vigne, soulignent-elles. Pestiriv ne constitue pas une évaluation des risques des phytos, tiennent-elles à rappeler. « C’est une nouvelle photo qui renseigne sur la précision même des expositions et leur intensité » mais qui ne renseigne pas sur les pratiques agricoles car l’Anses et Santé Publique France n’ont pas accès aux données d’utilisation des produits phytosanitaires, a souligné Benoît Vallet, directeur général de l’Anses. « Ce que nous souhaiterions, c’est que ces données soient bancarisables, c’est-à-dire sur des supports utilisables de niveau national […] ».

L. M.