Accès au contenu
Montbéliardes

Petit moral et grands projets

Le syndicat des éleveurs montbéliards a tenu son assemblée générale fin janvier à Saint-Jean-de-Bournay. Si la situation des exploitations reste compliquée, l'organisation compte sur le bon niveau de l'élevage isérois
Petit moral et grands projets

Une année en demi-teinte. Telle est le sentiment des éleveurs montbéliards, réunis fin janvier en assemblée générale à Saint-Jean-de-Bournay. Les résultats ne sont pas mauvais, mais le moral est en berne. Et la météo n'est pas seule en cause. « On se sent un peu seul..., confie Stéphane Richard, le président du syndicat de la race. Nous n'avons aucune visibilité. Il y a deux ans, les banquiers nous disaient de faire des céréales plutôt que du lait : c'était plus rentable. Aujourd'hui, c'est le contraire... » La réalité du terrain ne le contredira pas. Le syndicat comptabilise 56 adhérents, contre 80 en 2009. Des chiffres corroborés par ceux du contrôle laitier : on note une augmentation de la taille des troupeaux de montbéliardes dans le département, mais une baisse du nombre d'exploitations, ainsi qu'une diminution de la quantité de lait produit en 2013. En cause : un ensilage de piètre valeur alimentaire et un fourrage de qualité moyenne. Phénomène conjoncturel sans doute, mais qui plombe un peu plus des esprits déjà affectés par une série d'années difficiles. « Un ras-le-bol s'est installé, témoigne un éleveur. Il y a une morosité ambiante, même si aujourd'hui le lait est un peu mieux valorisé. »

Travail des souches

Le bon niveau d'élevage du cheptel isérois aurait cependant de quoi remonter le moral des troupes. Willy Quiron-Blondin, le technicien d'Eliacoop, qui, le matin même, commentait le rôle du Gaec de la combe Rasat dans le schéma de sélection, rappelle l'importance de la génomique et du « travail des souches » pour la conduite d'un cheptel. Il en profite pour évoquer la station de testage de Ceyzériat, dans l'Ain, où 130 génisses doivent, à terme, fournir 4 000 embryons par an. Le technicien invite les professionnels à rejoindre le club des éleveurs-donneurs, comme l'ont déjà fait le Gaec de Bellevue ou celui du Dauphiné. Sélectionnées sur ISU, les génisses donneuses d'embryons seront génotypées, transplantées, bichonnées par Umotest et rendues pleines à l'éleveur. « Les résultats sont meilleurs que si nous en occupons nous-mêmes », reconnaît Stéphane Richard.

La génomique et le travail des souches sont importants pour la conduite d?un cheptel.

Dans un tout autre registre, les éleveurs montbéliards ont également fait le point sur les concours. Cette année, pour la première fois, la motivation des éleveurs a été moindre, hormis pour le concours départemental de Saint-Laurent-du-Pont qui a suscité « un gros engouement ». Certains éleveurs se sont même désengagés à la dernière minute, notamment pour le « Prestige » : « C'est un peu rageant, maugrée le président. On s'est battu pendant 10 ans pour avoir des quotas de places, on paie des inscriptions, et les gens se désengagent... » Les éleveurs sont pourtant unanimes pour dire que l'ambiance des concours est conviviale et que c'est plus « l'occasion de passer un bon moment ensemble que de se mettre la pression ». Mais Stéphane Richard l'admet lui-même : le concours, c'est du temps, du travail en plus et un certain engagement financier, ce qui fait que « parfois, au niveau familial, ça ne suit pas forcément... »

Vente aux enchères

Le syndicat explore donc de nouvelles pistes pour mobiliser ses adhérents. Visites d'élevage, découverte de nouveaux types de valorisation, soirées festives, organisations d'événements : toutes les idées sont bonnes. Les éleveurs réfléchissent notamment à l'organisation d'une vente aux enchères courant 2014. Il s'agirait de mettre en vente des génisses pour attirer un maximum d'éleveurs de la région et d'ailleurs. Le syndicat a également arrêté la date et le lieu du prochain concours départemental : ce sera les 22 et 23 août 2015 à Biol.

Marianne Boilève