Pour la FNO, le plan loup est un échec
La Fédération nationale ovine (FNO) a organisé une rencontre avec la presse dans la Nièvre, un département frappé par plusieurs attaques de loups.

La rencontre se tient sur l’exploitation de Charlène et Mathieu Moreau, dans le bocage du Morvan au Sud de Nevers (Nièvre). Leur troupeau de brebis a été attaqué à deux reprises depuis le mois d’août dernier. Bilan 33 animaux tués (22 agnelles et 11 brebis), 9 brebis blessées dont 3 ont avorté. Mathieu Moreau est entouré d’une demi-douzaine d’éleveurs de la région qui ont tous été récemment attaqués. Le loup n’est pas officiellement établi dans la Nièvre, ce qui n’empêche pas ce département d’être, au 15 juin 2025, le cinquième département le plus prédaté en termes de constats et de victimes, après les Alpes-Maritimes, le Var, les Alpes de Haute-Provence et la Drôme. Sur la période du 1er janvier au 19 juin 2025, le département de la Nièvre recense 74 attaques de loups pour 331 victimes (+ 60 % par rapport à la même période en 2024). Le sujet est sensible dans cette paisible campagne nivernaise. L’apparition récente du loup, même si les premiers indices remontent à 2016, perturbe les éleveurs, leurs familles, et le voisinage. Le maire de Saint Parize le Chatel (commune de l’élevage) était présent pour témoigner de la pression que le loup fait subir aux populations. Les éleveurs nivernais déplorent de plus une forme d’impasse : les systèmes classiques de protection (filets de clôture électrifiés, chiens patou …) ne sont pas adaptés à l’élevage tel qu’il se pratique dans le bocage : petits lots de brebis et d’agneaux dans de petites parcelles.
Hausse des attaques et du nombre de victimes
Une situation qui conforte la FNO dans son souhait de réformer le Plan loup. Car ce Plan loup « est un échec », constate Claude Font, éleveur en Haute-Loire, référent prédation de la FNO. « La présence du loup et la prédation continuent d’augmenter d’année en année », déplore-t-il. Et d’aligner les chiffres : le loup est désormais présent dans 90 départements. Au 31 mai 2025, 59 départements ont été prédatés. Et le bilan national des attaques s’alourdit : 1 409 attaques au 15 juin (contre 1 119 en 2024), 4 482 victimes (contre 3 597). « On ne veut pas éradiquer le loup, prévient l’éleveur. On ne déclare pas la chasse au loup, mais on veut protéger les troupeaux. » Et de déplorer le dialogue parfois difficile avec l’administration, notamment sur le comptage du loup. Le nombre d’individus est estimé à 1 013 à la fin de l’année 2024. Ce chiffre est important, car il fixe le nombre d’animaux qui peuvent être tués. En effet, les tirs de prélèvement ne doivent pas dépasser 19 % de la population totale, soit 192 pour l’année 2025. Or, face à la recrudescence des attaques, les tirs ont concerné 78 loups sur les cinq premiers mois de l’année. Alors, les autorités gèrent et lèvent le pied sur les autorisations de tir afin de ne pas dépasser ce quota. « On gère le nombre de prélèvement plutôt que la protection des élevages », s’indigne Claude Font.
Un petit espoir
Dans ce contexte tendu, un petit espoir est apparu. En effet, le niveau de protection du loup a été dégradé et la Commission européenne a décidé de faire passer son statut de protection de « strictement protégé » à « protégé ». Pour la FNO, « il s’agit maintenant de traduire ce changement dans le plan loup français afin d’adapter la réglementation à la réalité du terrain et protéger durablement les élevages ». Des évolutions sont attendues et pourraient entrer en vigueur au 1er janvier 2026. Parmi les améliorations espérées, un assouplissement des règles concernant les tirs de défense (par l’éleveur) ou les tirs de régulation (par les lieutenants de louveterie). La FNO souhaite également une évolution du statut du chien de protection, notamment en ce qui concerne la responsabilité pénale ou civile de l’éleveur en cas d’incidents (morsures…). Enfin, elle demande une forte revalorisation des indemnisations avec une meilleure prise en compte des pertes indirectes (avortements, baisse de production, abandon de parcelles…). À noter que la ministre de l’Agriculture, Annie Genevard, s’est rendue dans les Alpes-de-Haute-Provence le jeudi 17 juillet. Elle a visité une exploitation à Sisteron et échangé avec des éleveurs, bergers, élus et acteurs locaux sur les défis auxquels fait face le pastoralisme ainsi que sur la menace du loup.
Actuagri
Claude Font
