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Décryptage

Pour mieux comprendre l'agriculture

Un livre et une conférence : Jonathan Dubrulle, étudiant à AgroParisTech décrypte les liens avec le monde agricole en Nord-Isère.
Pour mieux comprendre l'agriculture

« Je n'ai pas de légitimité à donner des réponses, je suis encore étudiant. Mais cela peut inciter les gens à se poser des questions », déclare Jonathan Dubrulle, élève ingénieur à AgroParisTech originaire du Nord-Isère et auteur du livre « Le soleil se lève à l'Est, agrictulture(s) et agriculteurs autour du Nord-Isère et de l'est-lyonnnais ».

Le jeune homme n'en est pas à son coup d'essai en matière d'écrits. Il a déjà publié à compte d'auteur plusieurs récits sur la vie en milieu rural, s'intéressant aux villages de Courtenay, d'Annoisin-Châtelans et au plateau de l'Isle-Crémieu.

Passeur de mémoire, témoin du temps qui passe, gardien des souvenirs, Jonathan Dubrulle inscrit sa démarche dans le temps long. Celui de la rencontre et de l'échange.

Son dernier ouvrage n'est « pas un écrit à valeur d'expert ». Mais il part de l'observation d'un « décalage entre une partie de la population et son agriculture ».

Il précise : « Certains citoyens se font leur propre culture agricole par les médias, mais parfois, les propos manquent de nuance et il est dommage que des personnes entrent dans la question agricole par ce type d'information. De plus, on observe un déséquilibre de la parole car on entend peu les agriculteurs. »

Comprendre l'agriculture par la base

Pour aborder cette question de la diversité des agricultures et de leurs enjeux, il propose une contextualisation à l'aide de repères historiques, environnementaux et socio-économiques.

Puis il a brossé une série de portraits d'agriculteurs et d'acteurs de l'écosystème qui les entoure. « Souvent, on voit l'agriculteur seul, et l'on ne tient pas compte de l'ensemble du système sociotechnique qui l'entoure. Pourtant, il est tenu pour seul décisionnaire et responsable de ses actions. »

L'étudiant-écrivain, formé en alternance à Cerfrance et qui s'oriente vers une spécialisation en développement agricole et agriculture comparée, rappelle « qu'il n'y a pas un seul modèle agricole qui marche » et qu'il existe « de nombreuses façons de définir l'agriculture ». La solution clé en main n'existe pas. Encore faut-il expliquer cela.

 

Une plongée au cœur de l'agriculture du Nord-Isère.

 

Agréablement surpris, ce petit-fils et neveu d'agriculteur, titulaire d'un BTS Acse avant d'entrer en école d'ingénieur, qui s'est toujours intéressé à la chose agricole, a découvert un état d'esprit des plus optimistes dans le milieu agricole. « Tous les agriculteurs que j'ai rencontrés mettent en avant leur cadre de vie, la flexibilité, la passion de leur métier. »

Autre tendance : celle de la force des réseaux et des enseignements par d'autres canaux que ceux traditionnellement employés, comme les échanges dans les groupes informels ou les Ceta numériques. « Il y a une vraie demande de réseaux et de comparaison de résultats », constate Jonathan Dubrulle.

« Du champ au labo », l'étudiant a fait sienne la méthode de « comprendre l'agriculture par la base ». Il insiste d'ailleurs sur la dimension collective du projet. « Si les agriculteurs ne m'avaient pas ouvert leurs portes, cela n'aurait pas été possible ». 

Conférence-débat

Et depuis qu'il s'est emparé de ces problématiques agricoles, Jonathan Dubrulle veut aller plus loin pour « une reconnexion et une diffusion des savoirs agricoles » en réunissant agronomes, agriculteurs et citoyens.

A un mois du concours départemental d'élevage et du comice agricole qui se dérouleront à Saint-Chef, il organise une conférence-débat, le 26 juillet, « pour recréer des liens ». 

Après une présentation des enjeux qui touchent l'agriculteur, qu'ils soient environnementaux, sociaux, sociétaux ou économiques, se situent à l'échelle mondiale, européenne, nationale ou locale, l'objectif est de suciter l'échange autour de sujets qui concernent tous le monde et de favoriser « une diffusion horizontale » de la connaissance en agriculture « pour trouver des solutions qui conviennent au plus grand nombre ».

Isabelle Doucet
- Le soleil se lève à l'Est - agricultures(s) et agriculteurs autour du Nord-Isère et de l'Est-lyonnais, édition des Lauzes, juin 2019, 20 euros.
- « Agronomes, agriculteurs et citoyens : pour une reconnexion et une diffusion des savoirs agricoles », conférence débat à l'école du Bourg, à Saint-Chef, vendredi 26 juillet à 20 heures.