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Congrès FDSEA

Pour un retour à la raison

A Châbons, le 70è congrès de la FDSEA a réuni, vendredi dernier, environ 200 agriculteurs inquiets des changements, déterminés à reprendre la main sur leur avenir et résolus à ternir ferme sur chaque dossier (environnement, droit, marchés).
Pour un retour à la raison

« C'est un congrès extrêmement important, » lançait Pascal Denolly, le président de La FDSEA Isère, en ouvrant la 70ème édition du grand rendez-vous syndical. Châbons, où ont afflué   environ 200 adhérents, s'est transformé, l'espace d'une journée, en grand laboratoire d'idées agricoles. « Car il est insupportable d'entendre d'autres nous dire comment travailler », poursuivait le président. A l'heure du changement des politiques territoriales, Pascal Denolly a souhaité « renouer un pacte constructif avec les élus locaux (...) Tout ne se fera pas directement depuis la région, mais en lien avec les intercommunalités, avec lesquelles nous passeront des conventions. Il faudra que les agriculteurs soient présents, sinon, l'économie restera celle du commerce et de l'industrie ». Restructurées, les sections locales se sont sérieusement impliquées au plus près du terrain.

Prix payés aux producteurs

Or, les motifs de mécontentement émanant des territoires sont nombreux. « Tous les secteurs d'activité, hors la nuciculture, sont concernés par la crise », rappelait Pascal Denoly. Très remonté contre la mise en œuvre de la réforme de la Pac, Claude Faivre, coordonnateur pour la Bièvre, faisait part de ses craintes. Elles portent plus particulièrement sur les MAEC « car il subsistera des zones blanches où les agriculteurs n'auront droit à rien ». Il s'est beaucoup ému des « prix payés aux producteurs, sur l'ensemble des productions », car « même les coopératives nous mènent la vie dure. » Il plaide pour « des prix rémunérateurs qui nous permettent de nous affranchir des aides ». Comme le député Jean-Pierre Barbier, présent lors du congrès, il a fait part de la lassitude des agriculteurs du territoire quant au problème de Center Parcs, dénonçant « le manque d'autorité des pouvoirs publics ».

 

Beaucoup d'agriculteurs et d'élus à Châbons.

 

Dans les Vals du Dauphiné, Didier Villard a insisté sur les inquiétudes du monde de l'élevage : prix du lait, mises aux normes, Pac. « Nous avons des grandes lignes indicatives, mais peu de monde est capable de nous dire ce que le ministère veut de nous. Quelque chose ne va pas au niveau administratif ». Un constat repris par Jean-Luc Annequin. Le lait a été payé 355 euros les 1 000 litres en 2014. Le prix de base annoncé pour 2015 est 298 euros. « Nous espérons un prix moyen entre 310 et 320 euros », annonçait-il. Si bien que les éleveurs déjà endettés par des investissements, se voient contraints de contracter des prêts à court terme en attendant le versement de leur Pac en fin d'année.

Alpages de Chartreuse

Dans le pays voironnais, Sylvie Budillon-Rabatel, comme d'autres délégués de territoire, a pointé le manque de clarté entre les instances qui représentent le monde agricole : « Quel rôle ont la FDSEA, les associaitons de territoire, la chambre d'agriculture et comment tout faire remonter à la commission agricole du Pays voironnais ? » Plus dramatique, en Chartreuse, la prime à l'herbe (PHAE) ne passera pas cette année, le PAEC n'ayant pas été retenu. A trois mois de la montée en alpages, le modèle économique est extrêmement délicat pour les éleveurs. Le dossier devrait être réétudié. La chambre d'agriculture et le conseil général ont à nouveau proposé leur expertise au Parc de Chartreuse. Enfin, pour que la profession agricole soit entendue, Didier Villard a incité les agriculteurs « à se mobiliser, y aller, être réactifs ».

 

Sylvie Budillon-Rabatel : pour plus de clarté dans la représentation agricole.

 

Groupement d'achat

Patrick Benezit, président de la FDSEA du Cantal et de la FRSEA Massif central, a donné quelques conseils pour renforcer la base syndicale. « Nous avons embauché du personnel pour aller chercher des cotisations. Nous allons voir tout le monde, avec des billes : ce que l'on obtient, ce que l'on défend ». Pascal Denolly a surtout retenu l'idée du groupement d'achats. « Il faut que ce soit une offre précise et qui fonctionne sur l'ensemble du territoire », a-t-il insisté. Pour autant, de nombreux sujets occupent l'action syndicale, à commencer par la DTA de Saint-Exupéry et ses 900 hectares perdus pour l'agriculture « alors qu'il y a des centaines de milliers de m2 de logistique vides ». Tout aussi intolérable pour les exploitants de l'Isère est l'idée que 14 nouvelles communes passeront en zone vulnérable, sur la base de références de 2010 ou 2011, avant la rénovation des stations d'épurations des secteurs concernées, clés de ces problèmes de pollution. Au terme de 14 années de vice-présidence du conseil général à l'agriculture, Christian Nucci, a soutenu avoir toujours été aux côtés des agriculteurs sur ces dossiers.

Isabelle Doucet

L'agriculture : un enjeu de société.

 

ICHN, transfert, statuts : les réponses de la FNSEA

Les indemnités compensatoires de handicap naturel ou ICHN pour les exploitations situées en zone défavorisée, dont celles en zone de montagne, ont nourri une part du débat de la matinée. La FDSEA s'est battue sur la question des critères, notamment celui de la limite d'âge. « Nous espérons une disposition qui permette d'assurer le renouvellement des générations en zone de montagne », a indiqué Patrick Benezit.
La question du transfert de ferme à ferme est aussi en discussion. « Il n'était pas prévu dans les règlements européens. Nous organisons des partenariats avec les autres pays concernés et nous espérons obtenir des données en temps réel », a insisté Patrick Bénézit. Le risque est en effet que certains exploitants se retrouvent sans Droit à paiement de base (DPB).
Enfin, concernant la transparence et le changement de statut, Patrick Bénézit a rappelé que le passage de l'EARL à un Gaec ou la constitution de Gaec « n'était pas un sujet problématique sur le plan juridique » et qu'il convenait de travailler avec les DDT et le préfet « pour faire passer les dossiers avant la prochaine déclaration Pac ».