Première maison de naissance à Bourgoin-Jallieu

Accoucher comme à la maison, de nombreuses femmes en rêvent. Mais de là à passer à l'acte... La majorité se dirige donc vers la maternité. Cependant, l'ouverture des maisons de naissance permise par la loi du 6 décembre 2013 et son décret d'application du 30 juillet 2015, offre une nouvelle alternative pour les femmes préférant un accouchement moins médicalisé et plus physiologique. La maison de naissance « Premières heures au monde », portée par huit sages-femmes libérales installées en différents lieux du département, fait partie des neuf premières ouvertes en France, la seule de tout le quart sud-est. Fin prête, elle a accueilli son premier nouveau-né le 13 juin, un petit garçon prénommé Simon.
Accompagnement global
Implantée dans les locaux du centre hospitalier Pierre Oudat à Bourgoin-Jallieu, mais bénéficiant d'une entrée indépendante, la maison de naissance est composée de trois pièces (deux chambres et une pièce de vie) à la décoration chaleureuse et accueillante, et de l'ensemble du matériel nécessaire (1). Un lit double et du mobilier en bois font oublier aux futurs parents la proximité de l'hôpital et de ses salles d'accouchement, pourtant accessibles en trois minutes 30 chrono, si un quelconque problème devait survenir. Car, l'encadrement des maisons de naissance est très précis. Pas question de faire prendre le moindre risque à la maman ou au bébé. Seules sont admises dans ces établissements les grossesses sans pathologie particulière. « Les femmes enceintes ne doivent pas attendre de jumeaux, être en bonne santé, ne jamais avoir eu de césarienne et le bébé doit être en position céphalique », précise Nathalie Munsch, sage-femme à Chamagnieu. Le couple désireux de vivre cette aventure doit s'inscrire avant le septième mois de grossesse et participer à l'accompagnement global. C'est-à-dire qu'il est pris en charge par une sage-femme référente qui assure le suivi de grossesse, l'accouchement et ses suites. Le moment venu, la femme enceinte est, systématiquement, accueillie dans la maison de naissance par sa sage-femme référente, avec laquelle elle aura noué un lien étroit, et une sage-femme aidante. Elle y reste le temps de l'accouchement, réalisé sans péridurale, et retourne chez elle, après deux heures de surveillance.
Expérimentation nationale
Bien que toutes les femmes ne soient pas prêtes à faire ce choix (certaines préfèrent un environnement médicalisé pour être rassurée), l'initiative répond à un réel besoin, estimé à 20% des 800 000 naissances annuelles de France. « De nombreuses maisons de naissance existent dans d'autres pays, notamment aux Etats-Unis et au Canada, depuis les années 1970. Mais en France, la route a été longue. L'accouchement a été particulièrement médicalisé, alors que huit grossesses sur dix se déroulent sans complications majeures », rappelle Nathalie Munsch. « C'est une avancée qui ressemble à un retour en arrière », souligne Laurine Perenon, également sage-femme à Chamagnieu. « Ainsi, l'accouchement redevient naturel et libre ».
Pour mener le projet à son terme, les sages-femmes à l'origine de la maison de naissance « Premières heures au monde », se sont réunis au sein d'une association du même nom. Elles ont œuvré pour que leur initiative soit retenue dans le cadre de l'expérimentation nationale mise en place pour cinq ans. La création de la maison s'est faite avec peu de moyens (des dons et une contribution via une plateforme de financement participatif). Le fonctionnement (et notamment le paiement du loyer à l'hôpital et de l'astreinte de la seconde sage-femme (2)) devrait être assuré par une subvention d'environ 150 000 euros du ministère de la Santé. Toutes les sages-femmes sont assurées pour leur activité libérale et, c'est une nouveauté, leur pratique en maison de naissance.
(1) tapis et matelas, piscine d'accouchement, suspensions, ballons, mais aussi monitoring, matériel d'accouchement et de réanimation du nouveau-né, oxygène
(2) La sage-femme en charge de l'accouchement est rémunérée sur la cotation de l'accouchement.
Isabelle Brenguier
Témoignage / Ils ne sont pas riverains de la maison de naissance « Premières heures au monde », mais ils sont prêts à faire la route et même à installer leur quartiers d'été au moment de l'accouchement dans les environs. Geneviève et Hugues Bernard, de Saint-Martin-d'Hères ont choisi de faire naître leur second enfant à la maison de naissance de Bourgoin-Jallieu.