Rapprocher les publics dans une cour de ferme

Du théâtre à la ferme pour mélanger les publics, c’est l’idée lancée il y a cinq ans à Luzinay. Une histoire de femmes portée par Jessie Chapuis, comédienne, qui convainc la mairie de créer un événement en milieu rural et trouve un écho bienveillant au Gaec du Mas d’Illins que dirige Laurence Laval, avec son mari Jérôme.

« J’ai été séduite par cette idée de théâtre en plein air, déclare l’éleveuse de Luzinay. Pourquoi ne pas essayer ? »

Depuis, Louise a bien grandi. Pas moins de huit spectacles seront proposés cette année, et c’est une nouveauté, dans deux lieux différents puisque la Maison Morandière, à Villette-de-Vienne, ouvre le festival de 29 août, lequel se poursuivra le 30 août au Mas d’Illins.

« Dehors, dans un pré sur la terre battue ou sous un hangar, il n’y a pas d’aménagement particulier de la ferme, commente Laurence Laval. C’est une équipe de comédiens très agréables et super motivés et c’est un plaisir de leur offrir le moyen de jouer dans un lieu extérieur. »

Des ponts entre les métiers

Teddy Bogaert, comédien et metteur en scène est, aux côtés de Jessie Chapuis, le chef d’orchestre de la manifestation.

« Notre objectif, celui des artistes et de Laurence, n’est pas de transformer la ferme en théâtre, mais de permettre que se joue du théâtre dans un espace qui n’est pas destiné, afin de se faire rencontrer les gens et de créer la discussion autour des spectacles. Il est intéressant de reconnecter les gens avec le théâtre, de montrer que les artistes sont accessibles et de faire découvrir les enjeux d’une exploitation et des productions agricoles. Nous jetons des ponts entre les métiers. »

Un joyeux mélange

Depuis deux ans, pour exister officiellement et pouvoir collecter des subventions, le festival Louise est porté par une association et propose ses propres créations, « pensées pour le lieu ».

Des histoires de femmes, d’écologie, portées par des textes contemporains et pour tous les publics, du théâtre sous toutes ses formes, de la déambulation, de l’interaction, de la musique : « II y a un joyeux mélange de toutes ces aspirations », assure Teddy Bogaert.
Chaque journée accueille entre 200 et 300 personnes, qui assistent à un, deux ou tous les spectacles. « Notre objectif est que les gens reviennent. Une deuxième ferme vient de s’ouvrir, pourquoi pas une troisième à l’avenir ? », s’enthousiasme le jeune metteur en scène.

Il estime que « jouer hors les murs offre une plus grande forme d’accessibilité. La rencontre avec le public est magique », ajoute-t-il. Et cela a du sens de dialoguer dans des espaces qui font l’objet de préjugés comme une ferme. » Laurence Laval organise d’ailleurs une visite pédagogique du Mas d’Illins avec ses 100 vaches laitières aux races croisées.

« Il y a encore beaucoup de travail pour rapprocher les publics et élargir le type de spectateurs, estime l’éleveuse. Il faut encore communiquer pour faire entrer la culture dans les cours de ferme. »

Le festival Louise fait la part belle aux artistes régionaux et aux producteurs locaux : buvette, restauration, marché de producteurs, c’est plus que du théâtre qui se joue au Mas d’Illins. L’accueil, la qualité des spectacles et la convivialité participent du succès de l’événement. Il suffirait d’un peu plus de bénévoles et de subventions.

Isabelle Doucet