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Filière bio

Rhône-Alpes toujours en tête du palmarès de la bio

Avec 2 867 fermes et 1460 opérateurs aval, la région conserve sa première place au palmarès français en nombre d'exploitations bio.
Rhône-Alpes toujours en tête du palmarès de la bio

Effet de mode ou tendance lourde, le bio continue sa progression en Rhône-Alpes. Lors de son assemblée générale, Corabio, le réseau de coordination des agriculteurs bio de Rhône-Alpes, s'est félicité de voir 200 exploitations nouvellement engagées dans cette démarche en 2013. Avec 2 867 fermes (soit 7,3 % des exploitations) et 1460 opérateurs aval (dont 1094 transformateurs), Rhône-Alpes conserve sa première place au palmarès français en nombre d'exploitations bio. La région se classe au deuxième rang pour le nombre de distributeurs, avec 319 magasins spécialisés bio et 243 grossistes. Selon l'agence Bio, les surfaces cultivées ou en conversion bio ont progressé de 5,8 %, passant de 90 728 hectares en 2012 à 96 027 en 2013, soit un peu plus de 6 % de la SAU rhônalpine.

Comme toujours, c'est dans la Drôme et en Ardèche que le nombre d'engagements est le plus élevé. Mais « les plus fortes augmentations relatives des surfaces bio de 2012 à 2013 ont été enregistrés en Savoie, dans le Rhône et dans la Loire », indique-t-on chez Corabio. Les filières les plus dynamiques sont les élevages de brebis laitières (+ 13,5 %) et de chèvres laitières (+ 6,2 %). Viennent ensuite les légumes (+ 3,6 %), les fruits (+3,4%) et les plantes à parfum aromatiques et médicinales (+ 3,2 %).

Faire évoluer les pratiques

Ludovic Desbrus, le président ardéchois du réseau, mise sur les conversions pour aller plus loin. « Si un nombre toujours plus élevé d'installations se font directement en bio, c'est essentiellement par les conversions d'agriculteurs déjà installés que l'on fera évoluer plus sensiblement la tendance », a-t-il rappelé. Un travail de longue haleine. Car si Corabio comptabilise 49 diagnostics de conversion et 11 suivis en 2013, les réticences sont encore nombreuses. Le pôle conversion bio du réseau en sait quelque chose, qui doit faire preuve de pédagogie, voire de diplomatie, pour sensibiliser les agriculteurs conventionnels et les inviter à faire évoluer leurs pratiques.

Des manifestions comme le salon Tech & Bio, la Quinzaine de la bio qui a réuni plus de 700 visiteurs autour d'une trentaine de événements dans la région, ou la deuxième édition de la journée « Enseigner la bio en Rhône-Alpes », organisée en partenariat avec l'enseignement agricole, créent de vraies occasions d'entamer un dialogue entre « bio » et « non bio ». Mais c'est surtout par l'approche métier que les barrières se lèvent. « L'entrée technique est très importante, atteste Isabelle Costa-Roch, éleveuse laitière en Gaec à Massieu (Isère), récemment converti en bio, et administratrice de la FRCuma Rhône-Alpes. C'est ce qui permet de discuter et d'aborder les questions de comportement et de pratique. Bien plus que l'approche réglementaire ! »

«La bio, c'est bien, mais chez les autres»

Le projet « Bio & Eau », animé par Corabio en lien avec Coop de France et la chambre régionale d'agriculture, illustre bien cette approche pragmatique. Outre le travail réalisé au niveau interrégional (gestion quantitative de l'eau, évaluation des expériences et des références techniques sur la fertilisation azotée en agriculture bio, création d'une « boîte à outils » pour les collectivités...), des actions pilotes ont été conduites auprès des agriculteurs conventionnels dans les territoires de Valence et du Beaujolais. « L'objectif premier de ces rencontres est mieux connaître le profil des agriculteurs « traditionnels » pour mieux concevoir les outils d'aide à la conversion », explique Antoine Couturier, chargé de mission agriculture chez Corabio. Deux animateurs du réseau sont ainsi allés à la rencontre de plus de 150 exploitants (sur 300 contactés par courrier), pour apprécier leurs réticences et/ou leurs motivations en matière de conversion bio. La plupart des freins se sont révélés être d'ordre technique. Pour 35% des agriculteurs rencontrés, « la bio, c'est bien, mais chez les autres ». Un tiers évoque également l'aspect contraignant de ce type d'agriculture. Et si 20 % du panel drômois se pose la question d'une conversion (« La bio, pourquoi pas ? »), ils sont moins de 5% dans le Beaujolais... Apprécié des agriculteurs, le travail conduit par les deux animateurs de Corabio n'a pas encore de portée vraiment concrète, mais il a permis d'accéder à un public traditionnellement difficile à appréhender. « On ne peut pas parler de résultats par rapport à la qualité de l'eau dans les zones de captage concernées, mais en termes d'animation technique et de groupes d'échange, les choses avancent », indique Maud Bouchet, de Coop de France. Pour le président de Corabio, ce projet pilote a vocation à essaimer : « Nous voulons que cette expérience soit reproductible. C'est une graine qui doit pouvoir se développer. » Une semence bio, bien sûr.

Marianne Boilève
TABLEAU

La bio en Rhône-Alpes (chiffres 2013)

Ain : 146 exploitations - 9 477 ha (surfaces en AB et en conversion)
Ardèche : 568 exploitations - 16 126 ha (surfaces en AB et en conversion)
Drôme : 1 002 - 34 579 ha
Isère : 365 - 13 038 ha
Loire : 266 - 10 600 ha
Rhône : 276 - 5 793 ha
Savoie : 114 - 2 934 ha
Haute-Savoie : 130 - 3 480 ha

 

AG de Bioconvergence : vers une fusion avec Corabio?

« La bio continue de progresser, mais le contexte n'est pas aussi favorable que dans les années 2007-2010 », constate Viviane Margerie. Et la présidente de Bioconvergence Rhône-Alpes (association des transformateurs et distributeurs de produits issus de l'AB), tout en faisant remarquer que les opérateurs présents sur le marché du bio se consolident et enregistrent de beaux résultats, indique qu'« il est plus difficile pour de nouveaux entrants d'installer une gamme bio ». Dans un tel contexte, « comment passer à la vitesse supérieure », s'interroge la présidente d'une association qui se positionne comme « l'interlocuteur technique régional des entreprises pour l'organisation de leur approvisionnement, l'identification de sourcing et la mise en œuvre de projets de structuration de leurs filières ».
Les adhérents de Bioconvergence pointent un problème crucial : la question de la visibilité. « Personne ne nous connaît », déplore l'un. « Le plan Bio ? Qui sait ce que c'est ? », lance une autre. Le débat n'est pas nouveau. Le renforcement de la collaboration avec le réseau Corabio, avec qui l'association partage les locaux d'Ineed à Valence et la mutualisation des efforts pour construire et structurer une filière bio « efficace » au niveau régional sont une première réponse. « Dans le panier de la ménagère, 90% des produits bio sont des produits transformés, rappelle Viviane Margerie. Nous avons donc un rôle important, complémentaire de celui de Corabio. Il faut décloisonner nos métiers et rapprocher nos structures. » Si le mot fait encore un peu peur, la fusion n'est plus un sujet tabou. La tenue conjointe des assemblées générales de Bioconvergence et Corabio en est sans doute le signe avant-coureur.
M.B.