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Transport de bovins

Route bloquée, montée en alpage bouleversée

La montée en alpages des vaches à la Grande-Sure, en Chartreuse, le 29 juin, fut rendue difficile par la fermeture de la route du col de la Charmette aux poids lourds. Explications.
Route bloquée, montée en alpage bouleversée

Pour les 23 éleveurs bovins qui ont monté leurs bêtes à l'alpage de la Grande-Sure samedi 29 juin, la journée fut éprouvante. Si le mauvais temps n'a pas facilité l'opération, c'est surtout parce que la route, qui va de Proveysieux au col de la Charmette, dans le massif de la Chartreuse, est interdite aux véhicules de plus de 3,5 tonnes depuis le 17 juin à cause d'un éboulement qui a eu lieu le 11 juin. Habitués des lieux, les éleveurs du groupement pastoral des gentianes ne s'attendaient pas à ce que la traditionnelle montée en alpage de leurs génisses ne soit aussi compliquée cette année. Ils ont dû renoncer aux six camions habituels qui permettaient de monter la centaine de génisses à l'alpage et les remplacer par une quinzaine de bétaillères, qui ont fait le trajet sur la route forestière des Currières, au départ de Saint-Laurent-du-Pont.

Entraide des éleveurs

Mais dans des conditions bien différentes. Davantage de temps, plus de matériels, plus de personnes, et beaucoup plus de souci. Claude Gauthier, éleveur de vaches allaitantes à La Frette, a d'ailleurs passé quelques mauvaises nuits : « Quand nous avons appris que nous ne pourrions pas passer par la route habituelle et utiliser les camions, nous n'en avons pas dormi. Et sur place, la conduite en tracteurs sur cette route, où il est impossible de se croiser, s'est révélée bien délicate ». Sans parler de l'organisation qu'il a fallu déployer, puisque, comme d'autres éleveurs, il a réalisé le trajet de son exploitation à l'alpage, en deux heures et demie, en tracteur avec la bétaillère. « Quant à conduire les bêtes à la main pour accomplir la dernière partie du chemin, il ne pouvait en être question, indique Gisèle Eldin, présidente du groupement pastoral. L'accès à l'alpage se termine forcément par quatre kilomètres à pied de montée raide sur une piste. Les vaches n'auraient pas pu faire sept kilomètres supplémentaires. Elles auraient été trop fatiguées et nous en aurions perdu la moitié ». L'opération, qui d'habitude était menée uniquement par les éleveurs concernés, a suscité l'aide de plusieurs agriculteurs du secteur, venus prêter du matériel et aider à la conduite des animaux.

Conséquences pratiques et financières

La montée en alpage n'est pas le seul problème de la fermeture de la route aux camions. Les conséquences vont au-delà et suscitent de nombreuses inquiétudes aux éleveurs. D'abord pratiques. Notamment, pour redescendre les animaux morts. Il faudra mettre en place une logistique bien plus importante et plus onéreuse, puisque le camion d'équarissage ne peut monter jusqu'au col. Et financières. Comme l'indique Gisèle Eldin, « si la route n'est pas remise en état et qu'elle reste fermée aux camions, l'alpage est condamné, puisque nous ne pourrons pas continuer d'emmener nos vaches dans ces conditions. Et sans cet alpage, nous risquons de perdre les aides pour la mise en alpage (Droits à paiement unique), mais aussi la prime à l'herbe. Cela pourrait aussi avoir des conséquences sur notre chargement, donc sur l'attribution de l'ICHN (Indemnités compensatoires de handicaps naturels). Sans compter les aides publiques, liées à l'investissement, qui sont sous condition de poursuite de l'activité de l'alpage ».

En attente d'engagement

Les éleveurs sont donc dans l'attente rapide de travaux de réfection de cette route dégradée. Mais pour Charles Bich, vice-président du conseil général de l'Isère, en charge des grandes infrastructures et des routes départementales, le problème est épineux. « Il existe de nombreuses routes qui sont classées départementales, mais qui n'en ont plus l'usage. Comme personne n'a accompli de travaux d'entretien, elles se sont dégradées au fil du temps et, aujourd'hui, aucune collectivité n'a les moyens de prendre en charge les travaux nécessaires », indique l'élu. Concernant la route du col de la Charmette, une réunion a été organisée dans l'hiver pour évoquer la situation et trouver une solution. Sans réel succès. Quelques travaux sont prévus mais il ne s'agit pas d'une réfection suffisante pour permettre le passage de camions lourds. « Il va falloir trouver une solution pérenne, mais ce ne sera possible que si l'ensemble des collectivités locales concernées, comme la commune de Proveysieux et la Métro (Communauté d'agglomération Grenoble Alpes métropole) participent. Sans cela, le conseil général ne peut s'engager à la réalisation de travaux. Nous n'en avons pas les moyens », explique-t-il, embarrassé.

Isabelle Brenguier

Légende photo montée en alpage 13 (crédit photo : N. Bernard) : Pour les 23 éleveurs bovins qui ont monté leurs bêtes à l'alpage de la Grande-Sure samedi 29 juin, la journée fut éprouvante.