Sica Noix, « l'autre groupement de producteurs »

Discrète, mais efficace. Avec près de 3 000 tonnes de noix récoltées et commercialisées en 2016, la Sica de producteurs & négociants de noix de Chatte s'affiche comme « l'autre groupement de producteurs » de la région. Ce joli « paquebot » iséro-drômois, qui navigue sur un océan de 1 412 hectares de noyers, dont 80 % sous appellation AOP noix de Grenoble, vient de changer de capitaine. Lors de l'assemblée générale de la Sica Noix, le 5 septembre, le drômois Bruno Rey a en effet cédé la barre à Bernard Gaillard, producteur à Cras (Isère). Fier d'avoir pu pérenniser l'outil, l'ancien président laisse un « navire marchand » peut-être modeste mais de bonne facture : « C'est un lieu où les producteurs et le négoce se rencontrent, confie-t-il. Il y a un vrai dialogue et c'est bon pour la filière. Les gens se parlent, ce qui évite que chacun tire dans le sens de ses intérêts propres. »
Très investi dans le monde nucicole (1), le nouveau responsable a déclaré vouloir s'inscrire dans la droite ligne de son prédécesseur. Saluant le travail de Bruno Rey, Bernard Gaillard s'est présenté comme un « passionné » soucieux de faire perdurer les bons résultats de la Sica, et même de les voir progresser en recrutant de nouveaux adhérents. « C'est le plus compliqué, car il y a beaucoup de producteurs qui veulent être indépendants », reconnaît-il. Surtout dans le contexte actuel : la noix marche bien et attire pas mal de monde, notamment des jeunes, qui ne voient pas forcément l'intérêt de s'intégrer dans une démarche collective. « La Sica peut apporter une aide aux producteurs, en termes de service technique, d'assurance-récolte ou même de plantation, mais cela nécessite un certain formalisme, et de nombreux producteurs préfèrent s'en passer », explique le responsable.
Surfaces stables
Pour le moment, il n'y a pas péril en la demeure. Certes les effectifs ont fondu de 25 % depuis la création de la société en 1994 : avec les départs en retraite successifs, Sica Noix ne regroupe plus aujourd'hui que 76 adhérents (70 producteurs et 6 négociants). Mais les surfaces comptabilisées restent stables, les exploitations ayant tendance à devenir plus importantes (20 hectares en moyenne). En outre, la dynamique du verger ne faiblit pas : 75 % est en production, 25 % a moins de dix ans (16 % moins de 5 ans) et, durant l'hiver 2016-2017, 21 hectares ont été plantés par onze adhérents (48% en fernor, 42 % en franquette et 10% en lara).
Le nouveau président n'entend pas se reposer se reposer sur ces lauriers, si beaux soient-ils. S'appuyant sur le comité technique et le comité de gestion, il va continuer le travail engagé auprès des producteurs, notamment par le biais du Programme opérationnel 2017. La feuille de route comprend différents trains de mesures liées à l'appui technique, aux investissements (aide pour l'achat d'atomiseur, de palox ou de matériel de préconditionnement), à la qualité (achat de plants de noyers, certification Global Gap, analyses de sol ou de résidus sur noix sèches…), à la préservation de l'environnement (certification PFI, outils de pilotage de l'irrigation, sécurisation des traitements phytosainitaires, achat de matériel pour piéger le carpocapse et la mouche du brou...) et à la recherche (essais collectifs, participation aux travaux de la Senura...). Bernard Gaillard a également annoncé son intention de rendre visite aux producteurs qu'il ne connaît pas et qui « jouent le jeu de la structure ». Une visite de terrain programmée à l'issue de la récolte qui s'annonce, de l'aveu de tous, « plutôt bonne ».
Marianne Boilève
(1) Bernard Gaillard est membre du conseil d'administration du CING et de la Senura.