Stabilité des prix consommateurs, instabilité des prix agricoles

A l'occasion de la présentation du rapport 2016 de l'Observatoire des prix et des marges, Philippe Chalmin son président, a insisté sur la grande stabilité des prix alimentaires à la consommation qui contraste avec l'instabilité des prix agricoles. « Une instabilité qui devient la règle et dont le consommateur final n'est pas conscient », selon ce dernier.
Consommateur gagnant
Philippe Chalmin estime que la principale conclusion à tirer de ce 6ème rapport et « qu'au moins depuis 2013, le seul véritable "gagnant" est tout simplement le consommateur, isolé de toutes variations de prix de l'amont ».
Résultats négatifs
A l'inverse, il apparaît que beaucoup de producteurs ne couvrent pas leurs coûts de productions. Et si certaines filières peuvent espérer retour à meilleure fortune, pour d'autres, qu'il s'agisse de bonnes ou de mauvaises années, les résultats sont négatifs. Et le rapport de pointer du doigt la filière bovine, toujours en grande difficulté. Il note que la baisse moyenne, tous produits confondus, s'établit à -2,4%, moins accentuée toutefois qu'en 2014 (-5,3%).
Ce recul annuel des prix agricoles n'épargne que peu de produits (fruits et légumes, œufs). Il affecte très fortement l'élevage bovin laitier, avec un recul de plus de 15% par rapport à une année 2014 exceptionnellement favorable, et de 6% par rapport à la moyenne des cinq dernières années.
Avec Agrafil
Télécharger le rapport 2016 de l'Observatoire des prix et des marges
Réactions
Préjudice insoutenable pour l'APCA
Réagissant à la présentation du rapport de l'observatoire des prix et des marges, l'assemblée permanente des chambres d'agriculture (APCA) a constaté que « les relations conflictuelles perdurent entre les agriculteurs, le secteur industriel et la distribution et continuent de causer un préjudice insoutenable pour les agriculteurs ». L'APCA note notamment « que la baisse des prix agricoles n'est toujours pas proportionnellement répercutée dans les prix que payent les consommateurs ». De surcroît, « les maillons de l'industrie et la distribution parviennent même à améliorer leurs marges brutes tout en diminuant leur prix de vente (en particulier sur le lait) ».Valeur ajoutéeD'une manière générale, l'APCA constate avec amertume qu'en 2016, « pour 100 Euros de dépenses alimentaires, seulement 6,2 Euros de valeur ajoutée reviennent à l'agriculteur ! » Enfin, selon les chambres consulaires, le rapport de l'observatoire confirme que « les coûts de production des agriculteurs, lorsqu'on y inclut la rémunération de la main d'œuvre familiale, ne sont pas couverts par les prix, ni même par les aides dans certaines filières ».Les JA prônent l'organisation des producteurs et la contractualisation
« Se regrouper pour peser davantage dans les négociations commerciales et défendre un prix juste est la seule issue pour survivre à cette guerre des prix », a réagi le syndicat des Jeunes agriculteurs (JA), le 11 avril. Il a également prôné la mise en place « d'outils de contractualisation efficaces ». Il prend notamment pour exemple l'inégale répartition des marges dans la filière laitière : « Sur un litre de lait UHT demi-écrémé vendu en GMS : 1 cts de plus à la consommation se traduit par 5 cts de moins pour l'agriculteur (payé à 24 cts), 3 de plus pour l'industriel, 3 de plus pour la GMS ». JA dénonce donc le comportement des industriels et de la grande distribution « responsables » des difficultés économiques dans lesquelles se trouvent les jeunes agriculteurs d'aujourd'hui.Source Agrafil