Un cercle de réflexion pour la défense du monde rural
Le cercle de réflexion « Nos Campagnes » réunit cinq cents personnalités sous la houlette du lobbyiste Thierry Coste, qui jure bien de « ne surtout pas faire de politique ».

La rumeur courait depuis quelques mois en ville comme à la campagne. Après avoir été l’éminence grise des chasseurs, Thierry Coste allait lancer un cercle de réflexion ayant pour slogan « Vivre et travailler dans nos campagnes ». C’est chose faite. Ce fin connaisseur du monde rural s’est entouré de personnalités reconnues pour défendre les campagnes et réconcilier les rats des villes et les rats des champs qui, d’ailleurs, ne sont pas si éloignés si l’on en croit le sondage de l’Ifop présenté par Jérôme Fourquet.
Les urbains, ceux qui habitent dans des villes de plus de 100 000 habitants, soit 40 % de la population française, considèrent majoritairement la campagne comme un lieu de vie plus agréable que la ville. C’est un espace de liberté, où l’on se sent en sécurité. Deux tiers des urbains, chanceux, y vont plusieurs fois par an, pour voir la famille, profiter de la nature, du patrimoine touristique et de la gastronomie. Selon l’étude de l’Ifop, 40 % des urbains considèrent les ruraux comme des voisins, 26 % comme des amis ; seuls 11 % sont méfiants.
Des conflits d'usage
Des conflits d’usage peuvent surgir, car 56 % des « visiteurs » considèrent que « la nature appartient à tout le monde » et n’ont aucune notion de la propriété privée. 58 % des urbains franchiraient le pas pour s’installer à la campagne, surtout la tranche des 50-64 ans, tandis que les plus de 65 ans sont plus réticents. Principaux freins : les déserts médicaux, mais aussi la mobilité. Sans voiture, pas de campagne et isolement garanti. À côté des enseignements du sondage, ce sont les témoignages des membres du cercle qui mettent en avant les frictions qui peuvent surgir dans le monde rural. Ainsi, Christiane Lambert, ancienne présidente de la FNSEA et du Copa, aujourd’hui à la tête des industries de charcuterie traiteur, la Fict, est membre du conseil d’administration, comme Henri Bies-Péré, du cercle « Nos Campagnes ». Pour l’ancienne responsable agricole, les agriculteurs ne sont pas maîtres chez eux. « Il est toujours difficile d’implanter un poulailler, tout projet doit être porté avec le voisinage, il faut convaincre les voisins pour construire un hangar. C’est cette perception de la propriété privée qui engendre les conflits de voisinage », regrette-t-elle. « Pourtant, si la France est belle, c’est qu’elle est cultivée, et les agriculteurs apprécient les touristes, c’est synonyme d’apéro et d’échanges, même si parfois les touristes me demandent si les porcs que j’élève ne sont pas malheureux ! » Stéphane Layani, PDG du marché international de Rungis, est également au conseil d’administration du cercle « Nos Campagnes ». Lui aussi décoche ses flèches sur certains travers du monde rural. « Il y a une contradiction entre l’image merveilleuse du monde rural et l’absence de commerces de proximité. Les petites épiceries disparaissent. On a privilégié les circuits longs, la distribution se concentre dans les villes, c’est pour cette raison que j’ai rejoint le cercle », indique-t-il. Les sondages le confirment, 90 % des ruraux prennent leur voiture pour faire leurs courses.
Pas d’ambitions politiques
L’humour aura sa place au cercle « Nos campagnes » puisque l’on y retrouve les animateurs de l’émission culte « La Place du Village » animée par les frères jumeaux Philippe et Jean-Noël Deparis. On y rencontre aussi des journalistes qui mettent leur plume au service de l’agriculture et du monde rural tel Éric de la Chesnay, du Figaro, également président de l’association des journalistes agricoles (Afja). La présidence du cercle est confiée à Christian Mantéi, aujourd’hui à la tête d’Atout France, le tourisme étant un élément essentiel pour le développement du monde rural. Le cercle a-t-il des ambitions politiques ? la question fut posée, mais balayée d’un revers de main. Aucun élu national ou local n’en fait partie, et Thierry Coste a rappelé « ne pas faire de politique ». Les regards sont donc maintenant tournés vers ce cercle qui entend valoriser les campagnes, montrer leur dynamisme et leurs initiatives, « faire entendre leurs voix face à celles des métropoles et des ONG environnementales ».
Actuagri
Thierry Coste
