Un charcutier à la retraite reprend du service pour aider et former une jeune agricultrice

« Le boulot parfait ». C'est ainsi que qualifie Pierre Ruibet, charcutier de métier, retraité, qui a repris du service via Agri emploi, pour former et aider une jeune agricultrice qui élève et transforme des porcelets.
Pierre Ruibet a exercé ce métier toute sa vie.
Il l'a appris avec ses parents, propriétaire d'un établissement depuis trois générations à Voiron, dans les années 1972-1973, alors qu'il était leur apprenti et a continué dans leurs pas, en reprenant le commerce avec sa sœur en 1987.
C'est un métier qui lui plaisait.
L'exercer était pour lui une évidence.
Les 36 années pendant lesquelles il a officié, dont 20 en étant à son compte, lui ont permis d'en connaître toutes les ficelles.
« Nous préparions de la charcuterie traditionnelle, ce qu'on appelle les spécialités lyonnaises », détaille Pierre Ruibet.
La nouvelle orientation vers le traiteur avec davantage de cuisine, pour répondre aux attentes de la clientèle lui plaisait un peu moins.
Sa passion est vraiment la charcuterie traditionnelle.
Une heureuse rencontre
Pierre Ruibet a fait valoir ses droits à la retraite en 2015, sept ans après avoir cédé l'établissement familial de Voiron.
Mais une fois à la retraite, il souhaitait retrouver une petite activité de charcuterie, « pour augmenter mes revenus et parce que c'est un travail que j'aime », souligne-t-il.
Le hasard a bien fait les choses, quand sa fille a rencontré, sur un marché, Avril Desplanches, jeune éleveuse installée à Tullins, qui cherchait quelqu'un pour l'aider et la former à la transformation des cochons.
Pierre Ruibet a attendu un an que le laboratoire de la jeune femme soit opérationnel.
Il a commencé en janvier 2017, embauché, non pas par l'agricultrice, en direct, mais par Agri emploi, le groupement d'employeur départemental, pour un contrat de 16 heures par mois, en CDD au début, mais en CDI depuis le 1er mai.
« Ce recrutement est atypique, reconnaît Sariah Donzel-Gargand, responsable d'Agri emploi, mais il est intéressant. Au-delà du travail de transformation qu'il accomplit deux fois par mois, il permet une réelle transmission de savoir-faire inter-générationnelle ».
Pour Avril Desplanches, l'embauche de son salarié par Agri emploi a relevé de la simplicité.
« Comme Pierre Ruibet était retraité, il n'avait pas de statut. La meilleure alternative était le salariat même si c'est le salarié qui forme son employeur. Mais cette dernière a préféré avoir recours au groupement d'employeurs pour se faciliter la tâche », explique Sariah Donzel-Gargand.
Aujourd'hui, les deux parties sont satisfaites.
« On ne peut pas faire plus simple et plus pratique », soulignent-ils d'une même voix.
La jeune femme apprécie l'expérience du retraité et celui-ci se félicite d'avoir trouvé ces quelques heures de travail à proximité de son domicile d'Izeaux.
« Pour moi, c'est parfait. C'est une heureuse rencontre. J'aime ce que je fais. Je m'entends bien avec elle. Et le nombre d'heures me convient bien, car j'ai beaucoup à faire chez moi », se réjouit Pierre Ruibet.
Des automatismes
La collaboration se poursuivra jusqu'à ce que l’agricultrice ait, à son tour, acquis les ficelles du métier.
Cela risque de prendre quelques temps, car le salarié n'intervient que quelques heures par mois.
« On peut en parler, mais ce qui fait progresser, c'est la pratique, la répétition des mêmes gestes, jusqu'à ce qu'ils deviennent des automatismes », insiste Pierre Ruibet.
Il faut travailler la découpe, la transformation, l'élaboration des recettes... Autant d'actes qui ne s'improvisent pas.
Isabelle Brenguier
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