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Coopération agricole

Coopération agricole : Un fonds d’investissement de 300 M€ lancés

Dominique Chargé, président de la Coopération agricole, a donné une conférence de presse le 3 septembre à Paris. Il a annoncé la création d’un fonds d’investissement, CoopAgri pour que ses coopératives adhérentes puissent développer des projets stratégiques. 

Coopération agricole : Un fonds d’investissement de 300 M€ lancés
Au cours des trois prochaines années, ce sont un peu plus de 10 Md€ qui seront débloqués dont la moitié pour assurer les transitions (décarbonation), mais aussi « gagner en compétitivité, en innovant et en répondant aux demandes des consommateurs ».

« Nous voulons investir dans la transition écologique et dans la transition économique », a justifié Dominique Chargé, président de La Coopération agricole (LCA) le 3 septembre, en présentant son « dispositif financier inédit en faveur de l’investissement ». Un fonds d’investissement de 300 millions d’euros (M€), nommé CoopAgri, vient d’être lancé. Le président de LCA établit un double constat : d’un côté les marges des coopératives sont faibles, les outils de production vieillissants et les coopératives sont souvent exclues des outils financiers classiques. De l’autre, la pérennité du système passe par la croissance économique, l’adaptation aux marchés, à la compétition nationale et internationale, aux évolutions de la consommation et à d’autres contingences matérielles et impactantes comme le réchauffement climatique. Pour consolider le chiffre d’affaires (118 milliards d’euros) et les 220 000 emplois qui sont associés aux 1 200 coopératives, la maison mère a lancé un appel à projets l’an dernier. L’opérateur chargé de collecter les 300 millions d’euros de CoopAgri que LCA espère « réunir rapidement » est une filiale du Crédit Agricole, Idia, capital investissement. Cette somme permettra aux coopératives et unions de coopératives de « faire face à l’indispensable choc d’investissement » qui est demandé au secteur coopératif agricole.

« Bouclier économique et social »

Les coopératives n’en peuvent plus de crouler sous les charges qui ont explosé depuis cinq ans : + 100 % pour le prix de l’énergie ; + 25 % pour l’Ipampa* ; + 20 % pour le coût de la main-d’œuvre et jusqu’à + 35 % pour celui de l’emballage. Si l’on ajoute une augmentation moyenne de la redevance de l’eau de + 115 % sur un an et un niveau d’impôt de production à 3,8 % (contre 0,7 % en Allemagne, 2 % en Espagne) , « ça devient difficilement supportable et nos marges de manœuvre sont limitées », a expliqué Dominique Chargé. Malgré ces chausse-trapes, les coopératives poursuivent à investir, bon an mal an, 3,5 milliards d’euros. (Md€) « Nous sommes les premiers investisseurs privés de territoires ruraux, malgré les crises qui frappent le secteur agricole et agroalimentaire. Nous sommes le bouclier économique, écologique et social des territoires ruraux » , a insisté le président de LCA. Au cours des trois prochaines années, ce sont un peu plus de 10 Md€ qui seront débloqués dont la moitié pour assurer les transitions (décarbonation), mais aussi « gagner en compétitivité, en innovant et en répondant aux demandes des consommateurs ».

« Responsabilité et stabilité »

L’objectif de Dominique Chargé est de pouvoir reconquérir l’entrée de gamme et la moyenne gamme que la France a abandonnées en s’engouffrant dans la ‘‘prémiumisation’’ de ses produits. « Il nous faut reconquérir l’assiette des Français en redonnant une vraie valeur à notre alimentation, sans obérer le revenu des agriculteurs », a-t-il indiqué, regrettant la présence des importations alimentaires dans les plats quotidiens « Elles ont été multipliées par 2,2 en vingt-cinq ans et les dépenses alimentaires sont passées de 30 % à 16 % du budget des ménages depuis 1960 », a-t-il précisé proposant ses solutions pour un juste équilibre dans la chaîne alimentaire (lire encadré).

Favorable à une réforme du droit de la concurrence, Dominique Chargé s’est également fait le relais et l’écho des chefs d’entreprise quels qu’ils soient : « J’appelle les députés à la responsabilité et à la stabilité […] Nous avons besoin de stabilité politique, car l’instabilité politique crée le ralentissement économique […] », a-t-il dit évoquant la motion de censure.

Christophe Soulard