Un loup de plus en plus hybride
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Le collectif d'élus, d'éleveurs, de bergers et de citoyens qui lutte pour la défense du pastoralisme et l'arrêt des attaques de loup a porté de nouveaux éléments au dossier qu'il défend. De récentes analyses génétiques effectuées à partir de prélèvements faits sur le loup tué à Bayon (04) début décembre confirment la forte hybridation du prédateur.
D'autre part le collectif est entré dans une nouvelle phase d'actions juridiques. L'objectif est de prouver, sans que cela puisse être discutable, le très fort taux d'hybridation des loups présents en France. Cette nouvelle donne serait de nature à remettre en cause la thèse défendue par le gouvernement d'une colonisation naturelle, depuis plus de 20 ans, du loup venu d'Italie.
Mais c'est aussi le statut du loup, en tant qu'animal protégé par la convention de Berne, qui n'aurait plus lieu d'être pour ces animaux hybrides. Le collectif réclame à l'administration « de déduire du quota de loups à prélever les spécimens hybridés car ils ne sont pas protégés ».
Plus chien que loup
L'épisode du loup de Bayon en dit long sur le trouble que veut dénoncer le collectif. Abattu par un berger dans le cadre d'un tir de défense légal, l'animal a été prélevé (peau, salive, poils) devant témoin afin que le laboratoire indépendant Forgen effectue des analyses génétiques. L'animal a ensuite été récupéré par l'ONCFS afin de confier les analyses au laboratoire Antangène. Dans ce cas, l'intérêt réside dans la confrontation les analyses génétiques effectuées par les deux laboratoires sur un même animal.
Mais le collectif regrette que les données n'aient pu être échangées. Pour Yann Souriau, le maire de Chichilianne très impliqué dans ce combat, l'administration « fait obstruction » et « retarde les échéances nous mettant devant le fait accompli, au moment où est fixé le Plan loup qui est une catastrophe ». Rappelons que le Plan loup 2018-2023 entrera en vigueur en février 2018.
Le loup de Bayon a fait l'objet d'analyses mitochondriales (qui apportent des informations sur la lignée maternelle) et nucléaires. Il apparaît qu'il s'apparente à 60% à un chien berger allemand et 55% à un loup (le taux dépasse 100% car il y a des gènes de loup dans le chien). Le laboratoire a également mis en évidence l'origine balte de l'animal. Il conclut : « Il s'agit d'un loup avec de grandes similitudes avec le chien ou alors il s'agit d'un vrai hybride au plus haut niveau ».
Combien de loups ?
Le collectif poursuit son travail de terrain sans relâche.« La pression nous oblige à avancer », reprend Yann Souriau. Le comptage des loups en France fait polémique : 360 pour les uns, un millier pour les autres. Les prélèvements indépendants effectués dans les territoires de nouvelle colonisation tendraient à montrer la présence beaucoup plus nombreuses d'individus (loups ou hybrides) que l'administration n'en aurait relevé. En 2017, 11 000 animaux d'élevage ont été tués par le loup et le montant des mesures de protection et des indemnisations s'élève à 26,3 millions d'euros.
Aussi le collectif a décidé de passer à l'offensive juridique. « Des demandes d'analyses seront introduites devant les tribunaux avec l'objectif d'établir ou non la nature domestique ou non du prédateur (...) », poursuit Yann Souriau. En jeu : l'accès aux 5 000 analyses détenues par l'ONCFS effectuées sur la base de poils, de crottes, d'urine et de tous les loups prélevés en France depuis les années 90. L'objectif est de réaliser des analyses contradictoires qui pourraient une fois de plus confirmer la présence de spécimens hybrides.
Par ailleurs éleveurs, bergers et élus font valoir la possibilité de déposer des plaintes pénales « pour mise en danger de la vie d'autrui » au regard du comportement menaçant du loup et de l'exposition des populations. Enfin, ils annoncent que « des arrêtés municipaux seront pris par les maires (...) aux fins de neutraliser (...) les menaces d'animaux non domestiques qui compromettraient la sécurité publique des personnes ». Le collectif souhaite ainsi renvoyer l'Etat à ses responsabilités. « Le Plan loup confond biodiversité et Jurassic Park », se désespère Yann Souriau.
Isabelle Doucet
Plan loup 2018-2023« Une confrontation ville-campagne »
La consultation publique qui s'est achevée lundi dernier 29 janvier permettait à chacun de s'exprimer sur les tirs des loups. Pas moins de 3 140 avis ont été recueillis, à majorité largement favorables à la protection du loup. En dépit des appels lancés par les OPA et les syndicats, peu de professionnels, éleveurs ou bergers, se sont prononcés, ce qui pose les limites d'une telle consultation. C'est ce que traduit la remarque de Alderv, ingénieur écologue au CNRS à la retraite : « Il faudrait cesser de brandir l'étendard de la biodiversité à tout prix et sous n'importe quel prétexte. L'on est bien là dans une confrontation ville-campagne. Il faudrait tenter de sortir de ces conflits avec une véritable consultation. Pour la présente, il suffit de regarder les réponses pour voir qu'une majorité d'urbain à répondu, évidemment contre. Ce n'est pas sérieux et sociologiquement, ça ne tient pas la route. »La FRSEA Grand Est rappelle quant à elle la position syndicale : Zéro attaque sur les troupeaux ! Ajoutant : « Le massacre de nos élevages et du pastoralisme par les loups est l’affaire de tous : éleveurs, agriculteurs, maires ; touristes, citoyens ! » Les partisans d'une approche pragmatique peuvent compter sur le soutien des fédérations de chasseurs qui demandent à « équilibrer la composition du Groupe national loup et du nouveau Conseil scientifique, pour une meilleure gouvernance du PNA Loup ». Elles poursuivent : « Les contribuables tout autant que les partenaires en charge de la gestion conservatoire de l’espèce sont en droit de savoir combien coûte la politique de conservation de cette espèce. » Et réclament la mise en place d'une « gestion différenciée du loup massif par massif ». Emmanuel Blancher, « un simple citoyen » fait aussi ce constat : « Les associations de protection de la nature ont réintroduit l’acceptation du loup dans les esprits, en usant des pires dénis tout au long des 25 années passées (depuis 1992). » Il regrette : « Le mythe du « gentil loup » a condamné le « mauvais » éleveur. C’est triste. Le pastoralisme va en faire les frais. Avec lui, l’élevage extensif en France. Et ses multiples conséquences. »