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Rétrospective

Une année 2015 sous tension

La crise de l'élevage a fortement marqué l'année 2015. De nombreux changements sont intervenus ces derniers mois dans la vie du monde agricole et rural : nouvelle donne sur les marchés, innovations, règlementation, agro-écologie, nouveaux acteurs politiques. Le monde bouge et l'agriculture est au cœur de ces évolutions.
Une année 2015 sous tension

Janvier

Le prix du lait en danger

 

Dès le mois de janvier, la Fédération des producteurs de lait du Sud-Est tire la sonnette d'alarme. Soumis aux fluctuations du marché mondial, le prix du lait est fragilisé. Les pays européens et la France en particulier sont confrontés à une crise de surproduction. L'ensemble des continents a produit plus en 2014 qu'en 2013, alors que le prix du beurre et de la poudre n'a cessé de baisser et que l'Asie observait le plus grand attentisme. Tout au long de l'année 2015, la situation a continué à se dégrader. Le prix de base du lait est en effet passé d'environ 360 euros les 1 000 litres en 2014 à 300 euros les 1 000 litres en 2015, aboutissant à la grande crise de l'élevage de l'été.

 

Février

Les vins de l'Isère au Salon de l'agriculture

 

La ferme Isère démérite rarement en se rendant au Salon de l'agriculture de Paris. Côté élevage comme produits agricoles, la diversité des productions est un gage d'occuper les podiums comme ce fut une nouvelle fois le cas lors de la dernière édition du Concours général agricole qui s'est déroulé du 21 février au 1er mars 2015. Viticulteur à Chapareillan, Julien René a décroché la médaille d'argent pour son vin blanc abymes, dans la catégorie vins de Savoie. Pour sa troisième participation au concours, il porte haut les couleurs d'un terroir unique, façonné par les éboulis du mont Granier.

Mars

Feu la légumerie

 

Consternation après l'incendie qui a ravagé la légumerie implantée à Moirans. Une semaine après son inauguration, moins de trois mois après son ouverture, cette unité de production de légumes prêts à l'emploi, qui avait mis une dizaine d'années à sortir de terre, a été réduite en fumée. L'équipement, porté par la société ABepluche, avait nécessité un investissement de 1,245 million d'euros, subventionné à hauteur de 38%. Il avait reçu un soutien fort des collectivités, Pays voironnais et Grenoble Alpes métropole, désireuses de mettre le marché de la restauration collective à la portée de producteurs isérois. L'objectif était de servir 25 000 repas quotidiens. La légumerie ne fait pas l'objet de projet de reconstruction. Elle est hébergée pour l'heure aux abattoirs du Fontanil.

Avril

Virage sanitaire à la Beaucroissant

 

La foire d'avril a été le théâtre d'événements qui ont entraîné des modifications profondes quant à la participation des animaux d'élevage et plus particulièrement des bovins. La réglementation s'applique désormais strictement en termes de contrôle sanitaire, qui impose que dans une manifestation où se côtoient bêtes à concours et bétail, ce dernier soit exempt d'IBR. De plus le foirail et le ring doivent être suffisamment éloignés afin que les animaux n'aient jamais à se croiser. La filière équine a aussi fait l'objet des rubriques faits-divers, puisqu'un vaste coup de filet a été piloté à l'échelle européenne pour démanteler un trafic de viande de cheval, dans lequel étaient impliqués les principaux négociants présents à Beaucroissant. Ils ont été interpelés alors qu'ils se rendaient à la foire.

Mai

Rhône-Alpes à l'exposition universelle de Milan

 

La Région Rhône-Alpes était à l'honneur du pavillon de la France du 1er mai au 25 juin. Elle a ainsi ouvert le ban de l'exposition universelle de Milan, qui s'est achevée le 1er octobre dernier. Sous la voute de sapin de ce bâtiment de 3 600 m2, la thématique « Nourrir la planète » a été déclinée autour d'une scénographie mêlant vidéos et présentation de productions qui tapissaient la structure de ce paysage inversé. Le 13 mai, les JA Rhône-Alpes ont participé à une journée d'échanges autour du métier d'agriculteur, tandis que du 1er au 26 mai, l'opération « la clé des champs » menée par Passion Céréale, a embarqué dans le TGV Paris-Milan pour « expliquer l'agriculture, comprendre les paysages, parler et échanger », comme l'en a fait l'expérience Catherine Fabre, céréalière à Lumbin.

Juin

Un ballon pour la fête de la forêt de montagne

 

Lans-en-Vercors accueillait la 14ème fête de la forêt de montagne placée sous le signe de l'innovation. Invité de marque, le ballon captif de débardage devait être présenté pour la première fois au public. Mais les conditions météorologiques ont cloué l'Aérolifter au sol. Il faudra donc guetter les airs et les chantiers forestiers pour voir à nouveau évoluer ce concentré de technologie mis au point par un consortium autour de l'entrepreneur de travaux forestiers Jean-Charles Mogenet, le laboratoire FCBA, EchoForêt, Airstar et le CEA. Ce ballon gonflé à l'hélium a pour objectif de faciliter le travail dans les secteurs difficiles d'accès.

Juillet

Manifestations paysannes

 

La tension est montée dès le premier juillet : rencontre musclée avec les représentants de l'Etat et les élus à La Tour-du-Pin, déversement de fumier devant les supermarchés puis manifestation nationale le 2 juillet, ont émaillé les premiers jours de l'été. Car décidément, en élevage, le compte n'y est pas. La chute du prix du lait annoncée n'a fait que se confirmer et les éleveurs ont fait savoir leur colère et leur détresse. A l'appel de la FDSEA et de JA Isère, ils ont rencontré les députés et sénateur de l'Isère dénonçant les contraintes règlementaires, la pression des grandes enseignes et le manque de reconnaissance.

Le 23 juillet, réunis dans une grande manifestation régionale les agriculteurs ont investi le site Sodiaal puis l'Hypermarché Leclerc de Vienne avant de bloquer l'autoroute A7 avec 300 tracteurs. Xavier Beulin, le président de la FNSEA les a rencontrés à Lyon. Présents sur le départ d'une étape du Tour de France qu'ils menaçaient de bloquer, les agriculteurs isérois, par la voix de Françoise Soullier, présidente des JA et Jérôme Crozat, vice-président de la FDSEA, ont bénéficié d'une vitrine médiatique pour faire prendre conscience des difficultés de la filière. Pendant ce temps, le ministre de l'Agriculture annonçait un accord à 340 euros les 1 000 litres.(photo TD 3150 du 9 juillet)

Août

Mobilisation générale

 

Le point d'orgue de la colère iséroise a été atteint le 5 août. A l'appel de la FDSEA et de JA, la manifestation a réuni une centaine d'agriculteurs et une trentaine de tracteurs qui ont mené une opération escargot entre le péage de Voreppe et la DDT, à Grenoble. Les revendications étaient toujours les mêmes : des prix à la baisse et des contraintes à la hausse. En début d'après-midi, le mouvement s'est échauffé et des dégradations ont eu lieu sur le parvis de l'administration.

Percevant l'exaspération des éleveurs isérois, Xavier Beulin, président de la FNSEA et Dominique Barrau secrétaire général, avaient fait le déplacement en Isère. Ils avaient mené la veille un grand meeting à Colombe devant 200 agriculteurs pour faire le point sur les avancées syndicales. Ils ont pris rendez-vous pour les prochaines grandes manifestations, le 3 septembre à Paris et le 7 septembre à Bruxelles.

 

Le 5 août 2015 à Grenoble.

Septembre

L'agro-écologie fait sa rentrée

 

Dans les établissements d'enseignement agricole, la rentrée a été placée sous le signe de la généralisation de l'enseignement de l'agro-écologie dans les programmes, conformément aux engagements du ministère de l'Agriculture pris en 2014. Le plus souvent, l'agro-écologie n'est pas dispensée en tant que matière, mais fait partie des pratiques transversales.
Parallèlement, sous l'impulsion de la FDSEA, des JA et de la chambre d'agriculture de l'Isère, une vaste réflexion est menée dans le département pour adapter les pratiques de l'agriculture écologiquement intensive (ou AEI), que l'on peut aussi nommer agro-écologie, au modèle agricole isérois. Un état des lieux a été dressé montrant la diversité des initiatives individuelles et l'intérêt de construire des passerelles entre les différents acteurs, agriculteurs, OP, coopératives ou entreprises.

Octobre

Bleu-Blanc-Blond les trois couleurs de l'Isère

 

Pour booster la promotion de leurs produits, les comités du bleu du Vercors-Sassenage, du saint-marcellin et de la noix de Grenoble ont fait cause commune à l'occasion de la semaine du goût. Ils se sont affichés pour la première fois sous les mêmes couleurs, Bleu-Blanc-Blond, sur le stand partagé du marché du goût au Grand séchoir de Vinay, le 18 octobre dernier. Cette communication commune, que les comités souhaitent reproductible, gagne ainsi en professionnalisme. D'autant que les produits sous label de qualité isérois sont très complémentaires. La mutualisation des moyens leur offrira une plus grande vitrine, voire une meilleure valorisation.

Novembre

Les « speed meeting » de l'alimentation

 

Le 16 novembre 2015, le Marché d'intérêt national (Min) de Grenoble a fait preuve d'originalité en testant une nouvelle méthode mise en œuvre par la chambre d'agriculture de l'Isère, en partenariat avec les chambres départementales des métiers, de l'artisanat et de commerce et d'industrie de Grenoble. Les professionnels de l'alimentation se sont rencontrés pendant trois heures au sein de huit petits rendez-vous arrangés de quinze minutes autour d'une table. Les objectifs étant de discuter et de trouver de nouveaux producteurs locaux afin d'y établir une relation commerciale et, dans le meilleur des cas, d'augmenter le chiffre d'affaires du restaurant en question. Les enquêtes de satisfaction réalisées auprès des participants laissent à penser que ces rencontres ont été un succès.

Camille Binson

Décembre

Une collecte de lait bio en vue

 

Le projet faisait l'objet d'une réflexion depuis plusieurs années et va se concrétiser début 2016. Le ramasseur Biolait a l'intention de mettre en place une collecte de lait bio dans le Sud Isère et les Hautes-Alpes. La coopérative souhaite se rapprocher des bassins de consommation et conforter son maillage local. La collecte démarrera sans litrage minimum, laissant le temps aux éleveurs de rejoindre la démarche ultérieurement.
Parallèlement, Sodiaal a aussi des objectifs de collecte de lait bio en Rhône-Alpes pour honorer un marché export de lait infantile bio.

Rubrique réalisée par Isabelle Doucet, sauf mention