Accès au contenu
Carrières

Une convention exemplaire

A l'occasion de l'inauguration de ses nouvelles installations, la Société des carriers de Bévenais a signé le 16 octobre une convention avec la chambre d'agriculture, qui formalise les conditions de retour à l'agriculture des terrains exploités. Une première qui devrait faire école.
Une convention exemplaire

Ça n'a l'air de rien, mais la signature que vient d'apposer la chambre d'agriculture de l'Isère au bas de la convention qui la lie désormais à la Société des carriers de Bévenais (SCB) est une première qui devrait faire école à l'échelle régionale. Par cet accord, les deux parties ne se contentent pas d'affirmer leur compréhension mutuelle de leur utilité respective : la production de granulats pour SCB et la « production de biens nécessaire à l'alimentation humaine » pour l'organisme consulaire. La convention va bien plus loin. Elle précise « les mesures de réduction d'impact sur l'activité agricole par l'exploitation de la carrière située sur le territoire de la commune de Bévenais ». En d'autres termes, elle formalise les modalités de retour à l'agriculture des terrains exploités par le carrier. Dans les faits, cela se concrétise par une demi-douzaine de mesures, dont l'établissement d'un plan de phasage détaillant l'exploitation et le réaménagement de la carrière en terrains agricoles, un diagnostic agronomique permettant d'établir un état des lieux des parcelles agricoles initiales, une indemnisation des agriculteurs, les modalités de réaménagement et de remise en état de la carrière, l'expertise agricole finale et les modalités de retour à l'agriculture des terrains reconstitués.

Travail de titan

Sur les 60 ha actuellement exploités, auxquels vont s'adjoindre 44 ha d'extension (dossier en cours), l'impact n'est pas neutre pour les agriculteurs de Bévenais qui, pour l'occasion, se sont organisés en SCI. Au final, il est prévu qu'un tiers des terrains leur soient rendus à la cote initiale après remblaiement, le reste étant rendu au niveau du « fond de carreau », soit 20 mètres en dessous du niveau initial. Un travail de titan. Retroussées, les terres agricoles sont pour le moment stockées en andains à la périphérie du site en attendant d'être repositionnées sur les remblais, eux-mêmes constitués d'apports réguliers de matériel inerte issu du BTP (225 000 tonnes chaque année) et des boues de lavages issues du process de fabrication des granulats.
Exploitée depuis 1997, la carrière tourne actuellement à plein régime et entend même s'agrandir. De fait, aucun agriculteur n'a encore retrouvé la jouissance de ses terres. « Il faut du temps pour remettre en état les terrains agricoles, plaide Roland Fiard, directeur de l'exploitation du site de Bévenais. Les premières restitutions se feront dans deux ou trois ans. Ça va commencer par un hectare, puis un autre. A chaque fois, nous allons restituer le même complexe agronomique qu'au début : les terres doivent être aussi fertiles. » Il faut en effet remettre en place les matériaux de découverte, respecter une période de convalescence et installer un couvert végétal pour « restaurer une bonne structure du sol, étant entendu que l'épaisseur moyenne sera conforme à l'état initial ».

Signature de la convention d'engagement entre Roland Fiard (à gauche), représentant la société des carriers de Bévenais, et Jean-Claude Darlet, président de la chambre d'agriculture de l'Isère.
Bien qu'elle n'ait pas encore abouti, la démarche initiée par le carrier et la chambre d'agriculture de l'Isère est exemplaire. « Vous en connaissez des sites réhabilités dans le département ? Moi pas ! Il n'y a que des trous », fait remarquer André Coppard, fin connaisseur du dossier et responsable du Comité d'orientation Espace Territoire et Environnement au sein de l'organisme consulaire. Et l'élu de poursuivre : « Cette convention, c'est une manière de montrer l'exemple. » La chambre d'agriculture régionale aimerait d'ailleurs que cet exemple fasse des petits aileurs qu'en Isère. On n'en est pas encore là.

Marianne Boilève