Le méteil est une culture de compromis
La Chambre d’agriculture de l’Isère et la Communauté de communes de la Matheysine ont organisé le 13 mai, une journée d'échange et de partage d'expérience sur la culture du méteil et son intégration dans l'alimentation des troupeaux.

Les évolutions auxquelles doivent faire face les systèmes d’élevage sont nombreux. Entre le changement climatique et la variabilité des coûts des intrants, la recherche d'autonomie alimentaire se révèle être un enjeu important. Combinant quantité et qualité pour l'alimentation du troupeau, l'implantation de méteil peut répondre à cet enjeu.
Pour accompagner les éleveurs dans la mise en place de cette culture, la Chambre d’agriculture de l’Isère organise régulièrement des visites de parcelles. La dernière a eu lieu le 13 mai, entre Nantes-en-Rattier et Saint-Honoré, dans le Sud-Isère.
Retard vite rattrapé
Nichée à 1 000 mètres d’altitude, l’exploitation conduite en bio de Sébastien Luyat compte 85 hectares de SAU -40 % de prairies et 60 % de terres arables-, et un troupeau de 25 à 30 vaches laitières. Sébastien Luyat avait implanté un méteil d’automne composé d’avoine, de vesce, et de pois fourrager le 22 octobre 2024. Son objectif était d’obtenir un fourrage à haute teneur en protéines, dans le cadre d’une MAEC autonomie protéique, et d’avoir un sol couvert l’hiver, avant l’implantation printanière d’une prairie.
Les agriculteurs présents à la visite ont constaté que le couvert se situait à une hauteur de 60-65 centimètres. « Cette poussée nous fait dire que même dans le cas de semis tardifs, dans un environnement froid et d’altitude, le retard est vite rattrapé au mois de mai, avance Jean-Pierre Manteaux, conseiller changement climatique et production fourragère à la Chambre d’agriculture de la Drôme. Selon le souhait de Sébastien Luyat, la vesce et le pois vont amener la protéine dans le fourrage ».
Pistes d’amélioration
Examinant le sol, le conseiller remarque une bonne porosité. Il constate aussi de belles nodosités rosées favorables à la fixation de l’azote de l’air et à sa transformation en azote minéral intermédiaire (azote ammoniacal), lui-même assimilable par les organismes vivants pour constituer les molécules organiques et notamment les protéines.
« Ainsi, chaque fois qu’une tonne de protéagineux est produite, la légumineuse fixe entre 25 et 35 unités d’azote, soit 80 à 100 kilogrammes d’ammonitrate », précise-t-il. Pour Jean-Pierre Manteaux, le méteil implanté par Sébastien Luyat se révèle intéressant pour son exploitation bio. « A la recherche de la meilleure qualité qui soit pour ses vaches laitières, il a préféré ne pas mettre une grosse densité en céréales (il n’a mis que de l’avoine) ».
Pour le conseiller, le méteil présente aussi un avantage intéressant en termes de souplesse. « On peut plus facilement aller chercher un compromis rendement-qualité en s’adaptant à la météo qu’avec un ray-gras d’Italie. » Evoquant quelques pistes d’amélioration, il préconise d’introduire dans le mélange de la féverolle, qui servira de tuteur, du seigle forestier, qui a l’avantage d’être une petite graine à l’origine d’un rendement conséquent et qui est aussi appétente que de l’avoine, et de diversifier les vesces. La vesce velue par exemple, dispose d’un potentiel de pousse plus important.
Equilibre
Les agriculteurs se sont ensuite rendus à Saint-Honoré, dans une parcelle exploitée par Joël Guillot. Dans sa ferme conduite en agriculture biologique, composée de 112 hectares de SAU -60% de prairies permanentes et 40 % de terres arables-, l’agriculteur élève un cheptel de vaches allaitantes de race charolaise.
Semé le 15 octobre, son méteil constitué d’un mélange de céréales (triticale, avoine de printemps et blé) et de pois fourrager, avait vocation à être enrubanné à la fin du mois de mai. Les agriculteurs présents ont constaté que la poussée du mélange était aussi belle que celle de la précédente parcelle.
« Il semblerait que nous soyons sur une année particulièrement favorable au pois, estime Jean-Pierre Manteaux en la regardant. Nous avons un équilibre de légumineuses et de graminées intéressant. Et encore une fois, nous constatons que le méteil est un fourrage qui pousse très vite au mois de mai. »
La discussion s’est ensuite orientée vers la nécessité qu’ont les éleveurs à trouver le meilleur compromis entre la valeur et le rendement. Pour Joël Guillaut, il pourrait être intéressant d’aller vers une évolution de la composition du méteil, avec de la vesce et de la féverole ou vers une récolte plus précoce qui permettrait d’aller chercher davantage de MAT (Matière Azotée Totale).
Isabelle Brenguier
Les MAEC forfaitaires
Pour accompagner les éleveurs dans leur démarche de transition agro-écologique, la Région Auvergne-Rhône-Alpes ouvre une nouvelle Mesure agro-environnementale et climatique (MAEC) forfaitaire. Destiné aux élevages ovins, caprins, bovins lait ou viande, le dispositif doté d’une aide de 18 000 euros, vise à aider les exploitants à améliorer le bilan carbone de leur exploitation de 15%, réduire leur indice de fréquence de traitements de 30%, et à améliorer leur autonomie protéique.
Allouée aux agriculteurs actifs et aux jeunes agriculteurs, cette aide est financée par l’Union Européenne via le Feader ainsi que par la Région.