Une fan-zone aux couleurs de l’agriculture
Un village agricole sur le thème de l’emploi, une fresque géante symbolisant la jeunesse, l’eau et l’agriculture : les agriculteurs de la FDSEA de l’Isère ont conquis par leur dynamisme et leur bonne humeur le bourg d’Allemond lors du passage de la 18e étape du Tour de France.

Avec force clarines et cris de joie : la caravane et les coureurs du Tour de France ont été accueillis lors de leur passage à Allemond par une délégation agricole venue en nombre et dans la bonne humeur. Le 24 juillet, pour cette 18e étape de la Grande boucle, c’est sur la place du village que la FDSEA de l’Isère avait choisi d’installer une fan-zone agricole. À quelques jets de peinture, l’esplanade de la fresque géante créée pour l’événement portait haut (très haut) les couleurs de l’agriculture du département. Lors de son passage au-dessus d’Allemond, l’hélicoptère de France télévision s’est longuement attardé au-dessus du champ où était peint le visage de cette petite fille entourée de fleurs (et d’abeilles butinant autour soulignera le commentateur) au-dessus d’un message déclarant : « Cultiver l’eau, faire pousser la vie ».
L'eau et son utilisation
Pour Jérôme Crozat, le président de la FDSEA de l’Isère, l’opération est une réussite, tant sur la place du village que pour la fresque. « Nous honorons le contrat passé entre la FNSEA et l’organisateur du Tour de France ASO (1) de communication sur l’agriculture et l’emploi. » En effet, dans le cadre de l’opération « Ma nature, mon futur, l’agriculture », la centrale syndicale déploie des actions pour sensibiliser le grand public à l’attractivité des métiers agricoles. « Chaque département se mobilise », souligne Jérôme Crozat qui n’a pas ménagé ses efforts, avec son équipe de salariés et les bénévoles de la FDSEA38, des Jeunes agriculteurs Isère et de la section des anciens exploitants agricoles (SDAE) pour faire de ce village éphémère un lieu festif et de rencontre. Il insiste sur le message délivré autour de la fresque de l’artiste de land art Anthony Sailly. « Au-delà de la promotion de nos produits locaux, nous souhaitions mettre en avant la question du stockage et de l’utilisation de l’eau », souligne-t-il. En sorte que le village d’Allemond, au pied du barrage de du Vernay qui, associé au barrage de Grand Maison en amont de l’Eau d’Olle, représente la centrale hydroélectrique la plus puissante de France, avait été judicieusement choisi. « Dans les Alpes, nos parents et grands-parents ont eu raison avant tout le monde et l’ont fait pour les générations futures », insiste le syndicaliste pour qui « stocker l’eau, c’est l’avenir ».
La fête du vélo et de l’agriculture
Sur la place du village ou dans la montée du barrage, les nombreux touristes présents, Français et étrangers, ont déployé des efforts propres à la ferveur que génère le Tour de France pour se gorger de goodies fournis par les agriculteurs. Rares sont ceux qui s’aventuraient à parler de la loi Duplomb ou de la dermatose nodulaire contagieuse, les deux sujets sensibles du moment. Tout compte fait, c’était surtout la fête du vélo associée à l’agriculture qui primait ce jour-là. Tee-shirts, drapeaux et bobs verts de part et d’autre de la chaussée témoignaient surtout d’une démonstration de sympathie à l’égard du monde agricole, à l’opposé des clivages générés par certains canaux.
Comme dans quatre autres fan-zones agricoles choisies sur les étapes du Tour de France, la FNSEA a profité de la manifestation pour faire la promotion de la Carte campagne à destination des salariés des productions agricoles. L’objectif était de toucher les exploitants pour qu’ils sensibilisent à leur tour leurs salariés. Cette carte est distribuée par la MSA à tous les salariés concernés. Elle permet de compenser l’absence de comité d’entreprise dans les petites structures. La Carte campagne offre des réductions sur un certain nombre d’attractions et de loisirs : hébergements, Salon de l’agriculture, spectacles, cinémas, parcs, équipements de la maison et de l’automobile etc. La visibilité du Tour de France, associée à un concours paru dans la presse agricole, offre davantage de visibilité à ce petit plus en direction du salariat agricole. Car le Tour de France demeure un événement « qui parle à la ruralité ». En traversant les villages de l’Hexagone, il soulève la ferveur autant dans les villes que dans les champs. Et puis, la France rurale et agricole n’a-t-elle pas vu naître ses plus grands champions du cyclisme ? Car de la fourche de la ferme à celle du vélo, il n’y a souvent qu’un petit rayon, celui d’un vélo qui sert à parcourir les chemins des campagnes.
Enfin, la promotion des métiers de l’agriculture était aussi mise en scène par le Youtuber et champion de Farming simulator Marlonn, qui est parti à la rencontre des agriculteurs sur les étapes du Tour de France. En Isère, il a visité l’exploitation de Julien Picca, éleveur d’ovins et de vaches laitières à Bourg-d’Oisans.
Une fois la caravane et les coureurs passés, comme chez les Gaulois, la fête s’est achevée à Allemond autour d’un grand banquet et d’une paella concoctée par les agriculteurs.
Isabelle Doucet
(1) Amaury Sport Organisation
Le visage de l'avenir
C’est la deuxième fois que l’artiste Anthony Sailly réalise une fresque géante sur le passage du Tour de France pour la FDSEA de l’Isère.

« Une enfant, c’est la vie, l’espoir, la pureté ». Pour réaliser la fresque géante (1) d’Allemond commandée par la FDSEA de l’Isère, l’artiste de land art Anthony Sailly, a proposé de faire un pas de côté. Pas de vaches cette année. Mais une enfant entourée de fleurs, de tournesols, de blés, de verdure et de gouttes d’eau. « Ce sont des métaphores et cela attire plus l’œil de l’hélicoptère de France télévision qu’une vache », assure l’artiste. Pas moins de 20 fresques étaient réalisées par les agriculteurs cette année sur le parcours du Tour de France hommes et cinq sur celui du Tour de France femmes. Le thème de l’éditions 2025 était « Notre terroir ». Or dans les Alpes, l’eau et l’agriculture sont intimement liées.
La collaboration entre Anthony Sailly et la FDSEA de l’Isère remonte à 2022 lorsque le Tour de France était passé à Izeaux. « J’ai beaucoup de travail dans les Alpes, explique l’artiste itinérant originaire du Nord-Pas-de-Calais. Je viens faire des fresques en Matheysine et c’est comme ça que j’ai été en contact avec Jérôme Crozat, le président de la FDSEA de l’Isère.
J’aime bien les défis. » Il suffit que l’artiste s’installe dans un secteur pour que les commandes affluent, celles de collectivités ou de privés. Son coup de pinceau et son sens du contact dictent sa vie entre rencontres et réalisations en grandes dimensions comme la fresque de Saint-Jean-de-Vaux.
Des dessins plutôt que des bombes
Pour réaliser les œuvres géantes et éphémères comme celle d’Allemond qui mesure 60m x 40m, Anthony Sailly travaille avec un gabarit, un drone pour vérifier son travail « et du courage », ajoute-t-il. « C’est des maths et de la peinture. Un dessin, c’est de la géométrie, une accumulation de points et de la peinture, plus une expression instinctive. » Il apprécie le côté éphémère des fresques du Tour de France. « Cela fait connaître le village et les gens d’ici. La montagne est mise en valeur. Beaucoup de gens ne voyagent pas et n’ont jamais visité la France. Ils la découvrent grâce au Tour de France. » A Allemond, la réalisation de la fresque a attiré beaucoup de visiteurs. « Ils viennent me parler avec le sourire. Cela met de la couleur dans leur vie. Et puis c’est un message de paix : c’est mieux d’utiliser un drone pour faire des dessins plutôt que pour lancer des bombes ! »
150 litres de peinture
Pour réaliser son dessin, Anthony Sailly a utilisé 150 litres de peinture acrylique fournie gracieusement par la société Sodemap à Echirolles. L’avantage de cette peinture est de rester en surface. Elle est retirée avec la première fauche de l’herbe. La pluie, qui s’est invitée la veille du passage des coureurs, n’a fait que sublimer le dessin de la petite fille en adoucissant les couleurs. Le groupe coopératif Oxyane avait cependant prêté des bâches pour protéger le dessin durant sa réalisation. Enfin, la société Tritech a fourni à l’artiste l’Airless qui lui a permis de réaliser la fresque. « Sans Gilles Galland, le fournisseur de peinture et Hervé Deporte, le responsable Europe de Tritech, rien n’aurait été possible », insiste Anthgony Sailly qui remercie également les services techniques d’Allemond « pour leur coup de main et leur soutien ». Place maintenant au vote des téléspectateurs !
ID
(1) Initiative est portée par la FNSEA en partenariat avec Amaury Sport Organisation et France Télévisions.
Les images du Tour de France à Allemond











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