Une progression moins forte que celle estimée en décembre

Réunie ce 5 juillet, la Commission des comptes de l'agriculture a planché sur des indicateurs moins élevés que ceux de décembre dernier. Elle évalue à 4,8% la hausse du revenu agricole par actif, selon les calculs de l'INSEE. Pour les seuls non salariés (exploitants et coexploitants) la hausse serait de 9,3% en moyenne.
Cette hausse résulte d'une situation plus favorable pour les secteurs des végétaux que pour l'élevage. La production porcine et le lait se sont trouvés dans une situation périlleuse l'an dernier. Le chiffre d'affaires de la branche laitière aurait baissé de 11% en 2015 et celui du porc de 6%. 2015 est une année où le marché semble avoir fonctionné à plein : stabilité voire baisse des productions végétales ce qui a induit des prix en hausse. Augmentation des productions animales ce qui a provoqué une baisse des prix.
D'autant que le boycott des produits européens par les Russes a frappé fort. Conséquence : les régions d'élevage ont subi un revers important en matière de valeur ajoutée par actif (les données publiées se limitent à l'évolution de la valeur ajoutée et n'indiquent pas les revenus eux-mêmes) : - 11,2% pour la Basse-Normandie, - 2,2% pour la Bretagne.
Des subventions à l'exploitation en hausse
Selon les données de la Commission, les subventions d'exploitation ont progressé d'un demi milliard d'euros passant de 8,052 Mds en 2014 à 8,55 Mds d'euros. Le paiement de base qui était de 6,3 milliards en 2014 est maintenant divisé en un paiement de base de 4 Mds et un paiement vert de 2,19 Mds.
L'ICHN a augmenté de 300 millions d'euros mais la prime herbagère de 208 M€ a été supprimée. Le plan de soutien à l'élevage s'est traduit par 175 millions d'aides supplémentaires aux éleveurs tandis que les indemnités au titre des calamités agricoles augmentent de près de 100 millions.
Les bonifications d'intérêt sont passées de 123 à 263 M€. Le CICE (crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi) poursuit sa progression : il est estimé à 330 millions contre 220 en 2014. Quant aux aides liées aux produits, elles sont passées, selon l'INSEE, de 295 millions à 308 millions pour les productions végétales et de 794,5 M€ à 872,9 M€ en 2015 pour les productions animales.
Les organisations agricoles contestent les données du revenu
Avant même la fin de la Commission des comptes de l'agriculture, la FNSEA a contesté le chiffre selon lequel le revenu de la ferme France aurait augmenté de 8% en 2015.
Le syndicat critique surtout le choix de ne plus afficher de résultat par production. Selon la FNSEA, « cet indicateur macroéconomique ne peut être assimilé à un résultat d'exploitation et donc au revenu des agriculteurs ».
De leur côté les chambres d'agriculture (APCA) évoquent l'évolution de 4,8% du revenu moyen par actif et de 9,3% par actif non salarié, données émanant de l'Insee. L'APCA parle d'une « incompréhensible hausse du revenu agricole » et considère qu'il s'agit d'une agrégation de résultats sectoriels très contrastés. Elle regrette également l'absence de résultats sectoriels.
Si les comptes provisoires de l'agriculture « font état d'une légère amélioration globale », « la globalisation des résultats masque les disparités existantes » relèvent aussi bien la Confédération paysanne que la Coordination rurale (CR) dans leurs communiqués respectifs du 5 juillet.
Depuis 1980, les volumes de production agricole ont augmenté de 30%, « et les prix ont chuté de 40% dans le même temps » souligne la Confédération paysanne. « Les paysans produisent donc toujours plus, voient leur revenu s'effondrer, continuent à disparaître (-1,9% en 2015), et l'alimentation poursuit sa dégradation », continue le syndicat.
De son côté, la CR constate qu'« il ne faut pas être sorti de Polytechnique pour comprendre que les milliards d'euros d'aides à l'agriculture et au développement rural seraient bien mieux utilisés pour réguler les productions et les marchés. Au final, avec le budget consacré aux aides actuelles, on arriverait même mieux à rémunérer les agriculteurs à ne rien faire ! ».
Elle demande donc à réformer la PAC d'urgence.