Une vendange pour l'exemple

« C'est une année de vigneron », estime Thomas Finot, viticulteur dans le Grésivaudan, au terme d'une vendange qu'il a débutée le 10 septembre. Un été pluvieux, qui a laissé la place à un mois de septembre ensoleillé, a mis les viticulteurs devant un cas d'école. Cette année, Thomas Finot a préféré zapper les vacances du mois d'août pour rester dans ses vignes à effeuiller, ventiler et éviter que la pourriture s'installe, moyennant quoi, il « ressort de la vendange avec le sourire ». La récolte a débuté par les pinots noirs et gris, les chardonnay, qui arrivent à maturité plus tôt que les cépages locaux, verdesse, persan, ou viognier... Le vigneron, qui conduit sa vigne en bio et une partie en biodynamie, a choisi de récolter tard pour obtenir la maturité œnologique attendue, avec des tanins et des pépins murs. Il regrette cependant la faible teneur en sucres. En quantité, alors que l'année 2013 avait été plus que médiocre avec 60% de pertes, le vigneron « retombe sur quelque chose de correct, une production normale avec seulement 10 à 20% de moins ». Ce passionné fait partie des vignerons qui ont à cœur de redonner leurs lettres de noblesses aux vins isérois. Il espère pouvoir produire des vins de garde grâce à cette belle vendange et propose une gamme de huit vins différents correspondants aux cépages de l'exploitation. Sa cave est installée à Bernin, mais il cultive un parcellaire très morcelé de 5 ha entre Saint-Ismier et Crolles. Il souhaite racheter des vignes ou des parcelles à planter, de façon à réunir un vignoble « qui permette que l'activité trouve son équilibre ».
Vinification délicate
Dans les Balmes dauphinoises aussi, on déplore un été pluvieux. Stéphanie Loup, du Domaine du Loup des vignes à Saint-Savin, a terminé de vendanger fin septembre. Elle constate également que les volumes se sont bien améliorés comparés à 2013. « Nous avons eu des maladies, de la pourriture, mais moins de pertes que l'an dernier. Avec la fin de saison ensoleillée, nous sommes parvenus à obtenir des raisins murs. En revanche le taux d'alcool est moins élevé ». Les 7 ha ont été vendangés en quelques jours et le vin achève déjà sa fermentation. « Ce seront des vins fruités, un peu plus légers que les autres, pas forcément des vins de garde. La vinification est plus délicate car la vendange est plus fragile en raison de la pluie et de la pourriture », explique la vigneronne qui vend ses vins en direct et peine à satisfaire la demande.
A l'autre bout du département, dans le Trièves, où l'association Vignes et vignerons du Trièves redonne vie au vignoble local, la vendange 2014 sera limitée. Samuel Delus, un des jeunes vignerons de Prébois, a commencé à ramasser les quelques ares entrées en production à la mi-octobre pour finir 15 jours plus tard, au gré de la maturité des cépages. « Nous n'avons pas eu beaucoup de pluie depuis début septembre et des grains commençaient à flétrir. Ce sera une petite production, environ moins 20% par rapport à l'an passé. Mais du coup, cela donnera un très bon vin avec des rouges à 13° ». Samuel Delus se réjouit d'une jeune vigne de cépage rayon d'or, dont le rendement est à la hauteur des soins qu'il confére à ce vignoble conduit en bio. En revanche, la parcelle conservatoire de cépage onchette, qui entrait pour la première fois en production, présentait une pourriture importante, obligeant les vendangeurs à beaucoup trier. « Je m'attendais à de plus beaux volumes, car la floraison était belle », ajoute le vigneron. Il compte surtout sur les vendanges 2015 et 2016, avec l'entrée en production de toutes les parcelles restaurées ou plantée dans le Trièves pour faire la preuve d'un vin qui « va bien se démarquer ».
Isabelle Doucet
Voir aussi Le Trièves renoue avec l'onchette